Le visage de Constance se décomposa. Son regard s'écarquilla de stupeur et elle retira sa main de celles de Skye.
— Tu oses te moquer de moi sous mon toit ? gronda-t-elle. Moi qui...
— Elle dit la vérité, l'interrompit d'Artagnan.
Constance se tourna vers son mari, muette de stupeur.
— Raconte-lui, fit Skye. Elle acceptera mieux si ça vient de toi.
Le jeune mousquetaire hocha gravement la tête et prit la main de son épouse.
— Écoute-moi sans m'interrompre, fit-il. Tu pourras poser tes questions ensuite.
Constance écouta comment ils avaient trouvé Skye, les objets étranges qu'ils avaient détruits. Il n'entra pas dans les détails, lui donnant ceux qui étaient nécessaires pour qu'il la croie. Le reste, il laissait à Skye le soin de les lui dire.
À la fin de son récit, Constance resta un long moment silencieuse, le regard perdu, et tout le monde respecta son silence, même Charles, qui semblait s'être enfin endormi.
Elle se tourna enfin vers Skye.
— Ton stéthoscope ne vient pas du Moyen-Orient, murmura-t-elle. Tes vêtements quand ils t'ont ramenée, et tes chaussures étranges, tes bastet...
— Basket.
Constance hocha la tête.
Peu à peu, tout s'expliquait ; le comportement de Skye, sa manière de s'exprimer, les mots parfois étranges qu'elle employait, son écriture. Cette liberté qui la caractérisait et qui la mettait en danger. Elle n'avait pas de code, du moins, pas les codes d'ici, de cette époque, alors que même la Reine en avait.
Et son accouchement. Rien que la naissance de Charlie aurait dû éveiller ses soupçons.
— Tu n'es pas guérisseuse, marmonna-t-elle. Tu en sais plus sur la médecine que nos médecins. Les femmes ont le droit d'être médecin à ton époque ?
Skye fronça les sourcils, puis sourit, à demi rassurée.
— À mon époque, les femmes sont médecins, avocates, banquières, forgeron, boulangère, agricultrice ou présidente. Elles ont le droit d'aller à la Sorbonne. Elles ont le pouvoir sur leur vie, en font ce qu'elles veulent. Elles ne sont pas obligées de choisir entre le couvent ou le mariage. Elles sont indépendantes et l'argent qu'elles gagnent en travaillant est le leur, pas celui de leur père ou de leur mari.
Constance écarquilla les yeux. Féministe bien avant l'heure, cette idée du futur lui plaisait énormément, même si elle ne regrettait rien de sa vie. Après tout, elle était mariée à un homme qu'elle aimait et elle avait un fils en pleine forme.
Néanmoins, l'idée que son amie venait du futur allait la perturber encore un long moment. Surtout, si la vie était bien meilleure dans ce futur...
— Pourquoi être revenue ? s'étonna-t-elle.
Skye se mordit les lèvres. Elle avait déjà éludé la question une fois.
— C'est... compliqué, répondit-elle enfin. Je te promets de tout t'expliquer plus tard.
— Ce qui compte maintenant, intervint Athos. C'est que faire ?
Skye soupira profondément, secoua la tête.
— Eh bien... dès que ça commencera à se voir, reprit-elle. J'expliquerai la situation à Tréville, et je quitterai la garnison.
— Quelle courageuse décision, ironisa Aramis, revenant subitement à la vie. Et tu feras quoi ensuite ?
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Quatre Siècles et une Croix - II - Revenir Vers Toi
FanfictionQuelque chose ne tourne pas rond dans le monde de Skye. En dehors du fait qu'elle ne se sent plus chez elle au 21ᵉ siècle, en dehors du fait qu'Aramis lui manque, il y a autre chose de plus pernicieux. Quand elle comprend enfin ce qui se passe, sa d...