Quatre Siècles et une Croix - II - Revenir Vers Toi

Chapitre 3

          La nounou la réveilla en sursaut quelques heures plus tard. Il faisait jour et le soleil avait remplacé la pluie, un soleil froid et blafard. D'ailleurs, elle ne se souvenait plus si on était en automne ou au printemps.

— Avez-vous passé une bonne nuit ? s'enquit l'androïde.

Skye la fixa, médusée.

— Sérieux ? s'exclama-t-elle. T'as pas plus con comme question ?

— Votre petit déjeuner est prêt, je vous l'apporte dans votre chambre ? continua l'idiote sans se troubler.

— Et bien si ! soupira Skye. "Quand on enverra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner", disait Audiard !

— Je ne suis pas programmée pour aller dans l'espace, répondit la nounou.

Skye passa une main lasse sur son visage.

— Et on appelle ça une intelligence artificielle ! gémit-elle.

— Votre petit-déjeuner...

— Est prêt, je sais !

— Dois-je vous l'apporter dans votre chambre ? demanda de nouveau la nounou.

Skye la fixa, perdue, avant de lâcher prise. Elle se sentait trop mal pour se battre avec cette imbécile artificielle. Elle désigna la petite table basse posée sous la fenêtre

— Ici, grommela-t-elle.

L'androïde fit demi-tour et disparut dans la cuisine pour revenir un instant plus tard avec un plateau qu'elle posa sur la petite table basse. Tournée vers la fenêtre, l'esprit perturbé par ses découvertes nocturnes, Skye n'y prêta aucune attention. Elle devait demander une audience au Conseil le plus rapidement possible, elle n'avait plus de temps à perdre.

— Hélène ?

Elle sursauta, se tourna vers la caméra. Si Dumbie se souvenait d'elle, c'est qu'Ils étaient au courant...

— Manqué plus que toi ! Qu'est-ce qu'il y a ?

— Le capitaine Horst annonce son arrivée. Elle sort de l'ascenseur.

Elle se redressa vivement, mais un étourdissement l'empêcha de se lever.

— Ouvre, grommela-t-elle en maudissant sa faiblesse.

La porte s'ouvrit dans un chuintement d'air comprimé. Valériane était la seule personne, en dehors de Gab, qui lui rendait visite régulièrement et par pure amitié. Du moins jusqu'à aujourd'hui.

— Valériane, gronda-t-elle, tu tombes bien, j'ai deux mot à...

Elle s'interrompit devant la tête de son amie. Pâle et les traits tirés, elle se demanda comment elle faisait pour tenir debout.

— Euh... tu sais que tu n'as pas besoin de t'annoncer, fit-elle, soudain calmée. Les ectoplasmes n'ont pas besoin qu'on leur ouvre la porte !

Valériane éclata de rire.

— J'ai l'air si mal en point ?

Skye se redressa avec précaution pour aller à sa rencontre, un rictus ironique sur les lèvres.

— Nooon.... Tu es venue me donner la date de tes funérailles personnellement ? C'est très attentionné de ta part ! Si je ne suis pas morte d'ici là, promis, j'irai !

Elle prit la main de Valériane et l'entraîna vers le canapé.

— Viens t'asseoir. Tu veux un café ? proposa-t-elle.