Chapitre 12 (2)

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Ses pas s'étaient estompés depuis longtemps quand elle leva la main pour essuyer ses joues.

— Saloperies d'hormones, murmura-t-elle.

"Culpabilité" la corrigea une petite voix.

— Une culpabilité due à mes foutues hormones, insista-t-elle.

Elle chassa ses dernières larmes, décida d'explorer le logement où elle allait vivre désormais, parce qu'Aramis avait raison, elle n'avait pas le choix. Elle avait remarqué que la maison des Louvain était dans un quartier relativement bourgeois, et si elle ne se trompait pas, elle était à cinq minutes de chez Constance, à dix de la garnison.

Le volet, qui s'ouvrait de l'intérieur, était ouvert sur l'unique fenêtre à meneau étonnamment propre, et la lumière pâle éclairait une petite cuisine parfaitement équipée.

Une table carrée au centre, avec un banc d'un côté et deux chaises de l'autre. Appuyé contre le mur du fond, à côté de la cheminée où brulait ce feu réconfortant, l'ancêtre de la cuisinière, qu'elle considérait déjà comme une antiquité, un "potager". Elle s'en approcha et laissa ses doigts courir sur la pierre. La pièce était petite, et le potager était à son image, loin de l'imposante maçonnerie qui occupait les cuisines de la garnison. Juste trois creusets sur le dessus, et trois trous sur le devant pour mettre les braises. Constance se ferait un plaisir de lui apprendre à l'utiliser correctement. De lourdes casseroles étaient empilées dessus. Un seau en bois rempli d'eau était posé à côté et une énorme marmite était accrochée à un crochet devant la cheminée.

Elle délaissa le potager pour s'approcher des deux solides étagères qui supportaient divers ustensiles : assiettes, verres, bols, couverts, et pots. Elle en saisit un et l'ouvrit. Du laurier. Elle le reposa et se tourna vers la lourde armoire à côté de la fenêtre. C'était un garde-manger et visiblement, les courses avaient été faites. Fromage, pain, vin, légumes. Il ne manquait rien.

Elle se dirigea vers l'unique porte grande ouverte. La chambre, là aussi avec une fenêtre et une cheminée flanquée d'un tas de bûches. Un lit, plus grand que celui de la garnison, occupait la majorité de l'espace. Devant l'âtre, une chemise séchait, posée sur le dossier d'un fauteuil qui avait connu des jours meilleurs.

Les cadets ne s'étaient pas contentés de ramener sa malle, posée sous la fenêtre, ils avaient également ramené son paravent. Une armoire et une coiffeuse, où était posé un broc et une cuvette en faïence, complétaient l'ameublement.

C'était beaucoup moins spartiate que sa chambre à la garnison. Plus confortable, chauffé, et bien plus intime.

Elle soupira. Sa fille serait bien mieux ici.

Elle s'approcha de la coiffeuse. À côté de la cuvette, elle caressa du bout des doigts la serviette et prit le savon qu'elle porta à son nez. Il sentait la lavande. Elle le reposa en soupirant, se retourna vers le lit. Ses yeux tombèrent sur un paquet enveloppé dans un mouchoir. Elle s'approcha, le prit et s'assit sur le lit. Elle défit le nœud qui retenait le tissu. Un petit flacon apparu et le parfum qu'elle avait senti sur Aramis flotta jusqu'à ses narines. Elle ferma les yeux en soupirant. Quelle conne...

Et puis c'était sa faute à cet abruti ! Pourquoi est-ce qu'il n'avait rien dit ? Elle se releva, alla poser le flacon sur la coiffeuse et décida qu'elle devait ranger ses affaires. Elle s'apprêtait à ouvrir la malle lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir. Aramis ? Elle aurait pourtant parié qu'elle ne le reverrait pas avant le soir, mais qui d'autre rentrerait ici sans frapper.

Elle quitta la chambre et se retrouva nez-à-nez avec une femme brune d'âge mûr, le visage marqué, mais encore séduisant. Les deux femmes se figèrent, aussi surprises l'une que l'autre.

Quatre Siècles et une Croix - II - Revenir Vers ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant