Chapitre 21

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Les jours s'égrainèrent, devenant des semaines.

Athos et d'Artagnan revinrent, épuisés, avec la certitude qu'Aramis n'était pas arrivé à Lyon. Skye ne digéra pas l'information et son moral en prit un sérieux coup.

Tréville ne lâchait pas, et une semaine après son retour, Athos repartit, avec Porthos cette fois-ci. Il avait envoyé des courriers à toutes ses connaissances, sans plus se soucier que Richelieu l'apprenne. Aramis avait purement disparu, et même le Cardinal ignorait où ! S'il l'avait su, les gardes rouges n'auraient pas continué, semaine après semaine, à poser la question à Skye, toujours au marché, toujours avec l'envie irrépressible de la tuer.

Mars s'annonça, avec ses giboulées entre-coupées de ciel bleu, et la douceur du printemps effaça la rudesse de l'hiver.

Skye avait oublié qu'il y avait des saisons. La France était un pays tempéré avec quatre saisons et elle découvrait la beauté du printemps, le réveil en douceur de la nature, même à Paris.

À l'inquiétude succéda la lassitude et elle cessa, par manque de force, de faire bonne figure. Plus personne, pas même les roquets de Richelieu qui le rejoignaient sur le marché, n'ignoraient qu'elle était désespérée.

Trois mois, c'était une éternité. Trois mois, deux semaines et cinq jours, très exactement.

Elle s'arrêta un instant devant le porche de la garnison, suivant des yeux le vol gracieux d'une hirondelle. La première. Elle posa la main sur son ventre.

— Tu vas avoir la chance de connaitre ce bel oiseau, ma chérie, murmura-t-elle.

Elle soupira avant de passer le porche d'un pas lourd, une main sur les reins. Les hommes de garde la saluèrent avec déférence et elle leur adressa un sourire fatigué. Si une contraction ne l'avait pas réveillé, elle serait encore échouée sur son lit comme un cachalot sur un banc de sable !

— Si tu pouvais me laisser dormir, marmonna-t-elle.

Encore une fois, elle était en retard. Elle sentit une présence à ses côtés. Comme chaque fois qu'elle entrait dans la garnison, d'Artagnan apparu comme par magie. Il lui adressa un regard amusé.

— Tu ressembles à un cheval de trait somnambule, sourit-il.

Elle le frappa du dos de la main.

— Sale morveux ! Tu disais la même chose à Constance ?

Il ouvrit un regard horrifié.

— Elle m'aurait tué !

— Fait gaffe que je n'essaie pas d'en faire autant !

Il éclata de rire.

— Tu veux t'asseoir une minute ? demanda-t-il en redevenant sérieux.

Elle fut tentée d'accepter, mais finit par secouer la tête.

— Non, même si Philippe a l'habitude de mes retards, il doit m'attendre. À ce sujet...

Il secoua la tête.

— Rien. Il ne sort pas beaucoup et je suis de plus en plus d'accord avec toi. Nous devons chercher ailleurs.

Elle ne cacha pas son sourire de satisfaction.

— Qu'est-ce que j'avais dit !

Ils longèrent le mur qui menait à l'infirmerie, évitant les hommes qui s'entrainaient.

— Tréville a des nouvelles ? demanda-t-elle. Ces courriers ont donné quelque chose ?

— Tu aurais été la première informée.

Quatre Siècles et une Croix - II - Revenir Vers ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant