Chapitre 18

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Aujourd'hui je me sens d'attaque ; je me suis reposée tout le week-end.

Je file à mon nouveau lieu de travail que je fais rénover.

Fini les hautes étagères à perte de vue, les armoires gigantesques dignes de médecin et les microscopes. Plus de murs verts kakis et orange vif.

Quand j'arrive, je vois les garçons s'activer grandement. Le vice-président a mis les prospects et quelques autres membres sur le coup. Parmi eux, je distingue Sébastien.

Je l'aime bien. Il est gentil avec moi.

En tenue de travail moi aussi, je pose avec de l'aide les couches de peinture blanche sur les murs et le plafond.

En attendant que ça sèche, on prend un café. La musique qu'a mis Sébastien nous fait sourire et nous ambiance.

Les bikers se relaient à la pause déjeuner.

- Nous avons bien avancé avec l'autre équipe. Ma voix perce malgré le bruit des discussions. Nous avons posé la peinture et monté quelques meubles. Il faut finir de les assembler puis mettre les lits médicalisés dans la pièce attenante.

J'ai fait les plans toute seule, chez moi. J'ai créé un espace qui me correspond et dans lequel je peux agir vite.

La pièce est munie d'un bureau avec chaise et ordinateur contre la fenêtre, sur le mur de droite. À gauche et en face, des étagères à ma taille sont fixées au mur pour entreposer les différents médicaments et bandages. Enfin, un matelas est posé à même le sol, non loin de mon bureau. Une cloison a été construite pour créer une deuxième pièce où sont installés des lits médicalisés si jamais une hospitalisation est faite. Pas question d'aller à l'hôpital.

La fin d'après-midi sonne lorsque nous terminons le chantier.

- Hi hip hip ..... hourra ! Les garçons fêtent leur travail avec enthousiasme.

De mon côté, je souris, un peu fatiguée par la longue journée.

- Allez viens je te ramène, m'ordonne Élio qui vient de surgir de derrière moi.

- Ah parce que la pute à le droit de monter sur sa moto ?

- Je... Je le vois fermer les yeux et reprendre sa respiration. Il se contient. Un blanc s'établit alors entre nous. Désolé, marmonne t-il finalement après un long silence.

- Comment ça désolé ? Tu es juste désolé ? Tu me traites de pute et tu es juste désolé ? Pas honteux, pas coupable, juste désolé ! Tu couches avec moi, tu me baises dans la réserve, à côté de tes frères, et tu es désolé ? Je ne mérite pas plus qu'un pauvre petit désolé ?

Je finis ma tirade essoufflée. Je crois que j'ai crié trop fort parce que tous les regards sont tournés vers nous.

Il me toise du regard et me dévisage.

- Je n'aurais pas dû dire ça, je te l'accorde. Mais tu étais obligée de crier sur tous les toits ta vie sexuelle ?

- Majeure et vaccinée. Rien à foutre de ton avis. Je lui balance ses mots à la figure sans me soucier des conséquences. Il n'avait qu'à pas m'insulter.

- Rancunière en plus. Encore un défaut qui s'ajoute à la liste, me murmure-t-il en souriant.

Il s'approche doucement vers moi, comme si j'étais une proie. Nous nous fixons des yeux un petit moment. Il approche sa bouche de mon visage. Je retiens mon souffle. Pourquoi faut-il que mon corps réagisse ainsi à son contact ?

Je sens ses doigts frôler mon oreille. Un frisson dévale de mon dos.

- Tu avais une mèche devant les yeux ómorfi mou, me souffle-t-il à l'oreille.

Mes oreilles prennent une teinte de rouge au contact de son expiration. Je frémis.

- Et tu rougis. J'adore ça moró.

Et il me mordille sensuellement l'oreille. Je retiens un gémissement.

- Pas ici. Il y a du monde, j'exhale. Ma voiture, un peu plus loin...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il m'embrasse à pleine bouche. Ses lèvres s'écrasent contre les miennes. Il m'impose un rythme soutenu. Il dévore mes lèvres, les lèche, les mordille. Je gémis contre la bouche.

Soudain il rompt le contact de nos deux corps et m'entraine au parking. Je m'empresse de déverrouiller ma voiture et nous grimpons sur la banquette arrière.



Nous jouissons ensemble après un dernier effort.

Les yeux dans les yeux, je m'interroge.

- Pourquoi couches-tu avec moi ? Qu'attends-tu ? De moi de notre relation de..

- Je ne sais pas. Il me coupe froidement.

- On ne peut pas baiser comme ça et ne rien être. Je refuse d'être un nom de plus sur ta liste de chasse. Si tu ne sais pas ce que nous sommes, ne m'approche plus.

Je claque la porte derrière moi et je sors. Le froid m'assaille mais je m'en moque. Ça me rafraîchira les idées.

J'entends des bruits de pas derrière moi.

Élio me dépasse sans m'adresser un regard et monte sur sa moto.

Je le regarde la chevaucher et s'élancer dans la nuit noire.

Il est temps que je rentre moi aussi.


Angel of darkness | Solveig x ElioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant