Courant dans la rue menant à l'hôpital, je manque de trébucher à cause de ces fichus nu-pieds que Nelly, ma meilleure amie, m'a fait enfiler.
- Mais pourquoi mettre des nu-pieds au travail ? Je demande à mon amie suspicieuse.
- Je ne sais pas, tiens. Peut-être pour draguer un collègue ou deux, me répond-t-elle d'un ton taquin avec un clin d'œil. Dis moi, qui a une vie amoureuse et sexuelle aussi garnie qu'un chauve a de cheveux sur la tête ? Et puis je ne t'ai pas fait cette pédicure pour rien !
Une vraie bataille cette pédicure. Je souris en y repensant. Entre la forme des ongles et la couleur du verni à appliquer, nous n'étions pas sorties d'affaires. Je voulais quelque chose de simple tandis qu'elle, au contraire, voulait du flashy. Au final nous avons fait un mixte des deux.
Je sors de mes souvenirs et prend conscience de sa phrase.
- Comment ça talon dit draguer ? Et puis, je ne veux pas sortir avec le premier venu ni baiser tous les soirs !
- Pourtant ça te décoincerait pas mal ! Dit en souriant Nelly. Elle n'a pas le temps de s'échapper que je la frappe gentiment avec un coussin de canapé. Aussitôt elle cours et je la poursuis toujours avec dans mes mains le coussin. Toutes deux sommes mortes de rire et affalées sur notre canapé après cette course poursuite digne d'un film hollywoodien. Nous sommes soudainement réveillées par l'alarme de mon téléphone, relançant mon rythme cardiaque. Je perds mon sourire en me rappelant de la situation.
- Lily ! Je suis encore en retard à cause de toi !
Je l'appelle par son surnom pour me venger de tout à l'heure car je sais qu'elle déteste ça. Elle me tire la langue pour réponse.
Sautillant en essayant de mettre mes nu-pieds, je mets son manteau et attrape mes clés lorsque Nelly se redresse, les cheveux tout ébouriffés.
- Tiens moi au courant si jamais tu rencontres....
Claquant la porte au milieu de la phrase de mon amie pour lui montrer son exaspération, je retint quand même un sourire et pense " ah, elle n'est pas ma meilleure amie
pour rien ".
Huit heures trente ! Les aiguilles de ma montre pointent déjà huit heures trente !
J'angoisse. Je suis en retard de trente minutes cette fois-ci. Mon coeur s'emballe. Les infirmiers ont beau manqué, j'ai peur qu'on me renvoie. C'est déjà mon cinquième travail depuis que l'année à commencée, je ne veux pas en changer de sitôt.
Je passe devant le secrétariat en coup de vent, enfile rapidement ma blouse blanche et monte quatre à quatre les escaliers menant au second étage. Je n'en peux plus. Mon cœur se soulève et s'abaisse rapidement et j'ai du mal à reprendre mon souffle.
Je ne m'arrête dans ma course folle que lorsque je vois enfin sur le linteau de la porte
« unité de soins intensifs ». Je retiens un sourire de soulagement. À bout de souffle, je salue mes collègues avant de rejoindre Mélanie.
- Encore en retard Solveig ! Me réprimande gentiment ma collègue
- Pas ma faute, bougonne ai-je. C'est Lily, tu la connais..
Mélanie, Nelly et moi nous sommes rencontrées lors de nos études. Mélanie et moi d'infirmerie et Nelly de psychologie. Nous nous sommes rapidement attachées et nous sortions assez souvent après les cours pour décompresser.
- Chambre numéro 8, un patient t'attend. J'espère qu'il n'est pas mort à force de patienter, faute d'infirmiers, me charrie-t-elle
Je ne prends pas mal sa réprimande car je sais que je suis en faute. Mais ça ne m'empêche pas de lever les yeux au ciel.
- Oh c'est bon arrête de me charrier. Bon, repris-je plus attentive, depuis combien de temps est-il là ? Les médecins l'ont-ils déjà examiné ? Où se trouve sa fiche médicale ?
- Il vient d'arriver, je plaisantais répondit Mélanie en me tendant la fiche du blessé.
Courant presque dans le couloir pour essayer de grapiller la moindre seconde, je parcours des yeux la feuille. Blessures par balle, hématomes aux côtes, genou fracturé... Je n'ai pas le temps de lire la suite que me cogne contre quelqu'un.
- Excusez-moi ! lançai-je au vol sans me retourner, tout en entrant dans la
chambre de réveil 8.
Quand je relève enfin les yeux du papier pour les porter sur le patient, je ne m'attends pas à voir six personnes autour du lit.
- Bonjour, je suis l'infirmière qui va prendre en charge votre hum ... ami ? Me présent ai-je tout en essayant de ne pas perdre la face. Comment faire quand six hommes dardent sur moi un regard menaçant ?
- Je m'appelle Meeks, enchanté, se présente l'un d'eux. Le sourire qui se dessine sur ses lèvres n'annonce rien de bon. « On écoutait les dernières volontés de mon frère avant que la morgue n'arrive. » L'ironie qui pointe dans sa voix m'irrite au plus profondément et je rétorque sèchement :
- Eh bien vous qui êtes si intelligent, vous pourriez éventuellement soigner votre frère. Vraiment, il ne fallait pas prendre la peine de m'attendre, ni mon autorisation d'ailleurs.
Voyant la crispation que provoque ma réponse sur la mâchoire du dénommé Meeks, je repris plus professionnellement :
- Je vais m'occuper du blessé. En attendant sortez, laissez moi faire mon boulot. Mais toujours piquée par sa remarque je ne pus m'empêcher de rajouter avec un faux sourire plaqué sur les lèvres :
- Ou à moins que vous ne connaissiez mieux mon métier. Après tout, tout le monde peut jardiner, donc pourquoi ne pas soigner ? Vous devriez peut-être essayer. Qui sait, vous pourriez vous révéler très bon dans ce domaine."
Un blanc suivit ma tirade. Je commence à flipper. Ai-je été trop loin ? Qu'allait-il se passer ? Six contre un, un combat réellement équitable surtout au vu de la musculature des hommes qui me faisaient face. Non, tout va bien, il vont calmement sortir de cette pièce et tout va rentrer dans l'ordre...
Un rire grave me sortit de mes pensées.
- Tu as de la répartie petite. J'aime ça.
- Laisse-la Meeks. Vient soigner notre ami l'infirmière, m'interpelle un autre homme.
Il était plus à l'écart et paraissait plus musclé que les autres. Sous ses ordres, tous sortirent de la pièce, me laissant seule avec le patient.
VOUS LISEZ
Angel of darkness | Solveig x Elio
AcciónUne infirmière et un biker Le feu et la glace L'ombre et la lumière Deux opposés. Ne dit-on pas que les opposés s'attirent ?