Je monte sur la balance. 50 kg. Les chiffres dansent devant mes yeux, autant quelques fois. Un cinq et un zéro. Un putain de cinq sont inscrits devant le zéro.
Je soulève mon tee-shirt et abaisse mon pantalon, de façon à ne voir que mon ventre et ma culotte. Un ballon. Non. Une femme enceinte. Voilà la taille de mon ventre. Voilà à quoi je ressemble. À une putain de femme enceinte de 8 mois.
Des larmes coulent le long de mes jouent. De tristesse ou de colère.
Je me rhabille. Vide. Peut-être triste. Ou énervée. Je ne sais pas. Je ne ressens plus rien.
Un trait. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Du sang. Le long des coupures, des gouttes de sang s'échappent, traçant une ligne de sang. Imparfaites, comme moi. Moches, comme mon ventre. Douloureuses, comme mes émotions.
Je ressens enfin. La douleur, la culpabilité, la tristesse, la peine, la colère, la peur. Tout se mélange pour finir par créer un cercle parfait d'émotions trop vives, trop fortes pour moi. Trop intenses pour que je les supporte.
Alors je dessine une sixième ligne sur mon avant bras. De travers, discontinue comme ce que j'éprouve. Informe, défectueux, médiocre. Comme moi.
Mon ventre me pèse. Il me semble lourd, écrasant. Ma soupe devient pierre, mon yaourt brique. Il gonfle sous mes mains comme un ballon de baudruche. Il enfle, gonfle, déborde.
Il est trop. Je n'ai pas respecté ma promesse d'hier. Rien manger. Non, j'avais été obligée de prendre une soupe et un yaourt dans la journée. Sans compter ma crise alimentaire de ce soir.
À cette pensée, d'autres larmes me coulent des yeux. Du dégôut. Voilà ce que je ressens. Du dégôut envers moi, envers mon ventre, envers Nelly qui ne m'a pas arrêté plus tôt, du dégôut envers le monde.
Une septième ligne rejoignit les autres. Des gouttes de sang en plus.
Je les admire, les regarde, les observe. Elles me paraissent libératrices. Je me vide.
Penchée au dessus des toilettes, je mes mon index dans ma gorge et me fais vomir.
Une fois.
Deux fois.
Trois fois.
Je n'y arrive plus. Plus rien ne sort.
Des larmes coulent de mes joues. Joie d'avoir vomi, tristesse de ne pas avoir assez évacuer, honte de moi, culpabilité d'avoir mangé.
Les émotions se mélangent et se brouillent. Je me couche en essayant d'oublier cette journée.
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Angel of darkness | Solveig x Elio
AçãoUne infirmière et un biker Le feu et la glace L'ombre et la lumière Deux opposés. Ne dit-on pas que les opposés s'attirent ?