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Il y a un point en particulier qui m'intrigue plus que les autres : les substances et cerveaux entreposés dans le frigo de la cuisine. D'où proviennent-ils exactement ? Est-ce en lien avec les expériences que mènent les laboratoires Cheng ici ?

– Ah, ça..., répond Elliot en entreprenant de retirer son casque.

Il tire sur un petit loquet au niveau du cou puis tourne le casque rectangulaire. Un léger bruit de pression d'air accompagne l'ouverture alors que le visage de mon interlocuteur se dévoile enfin. Ses traits enfantins, ses cheveux blonds tirés en arrière et ses yeux encore rouges de pleurs le brisent le cœur. Ce n'est vraiment qu'un gamin qui voulait faire de son mieux. 

Il essuie du revers de la main son front en sueur, ses yeux d'un bleu clair refusant de me confronter

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Il essuie du revers de la main son front en sueur, ses yeux d'un bleu clair refusant de me confronter.

– Comme vous l'avez sans doute remarqué, continue-t-il d'une voix légèrement nasillarde, les laboratoires Cheng ont mis au point une toxine un peu particulière qui déforme la réalité perçue par quiconque l'inhale. Elle se crée via un procédé chimique dont les ingrédients sont entreposés dans le frigo. Il y a également quelques produits somnifères qui peuvent s'avérer utiles lors des expériences.

– Les expériences ?

Il s'arrête au niveau des deux cabines, toquant sur une des parois métalliques avec une certaine fierté.

– Eh bien, je ne connais pas toute l'étendue du projet mais je suis notamment chargé d'accueillir les sujets et, à l'aide de ces machines, analyser et télécharger leur profil dans la simulation. Après quoi, leur mémoire des dernières 24h est altérée et ils n'ont plus qu'à se réveiller dans une chambre d'hôtel, les poches bien remplies.

Je tourne mon regard vers Camille, désormais complètement lovée dans mes bras, qui m'observe avec de grands yeux pleins d'admiration. Le malaise me gratte au niveau de la nuque et je décide de me concentrer sur ma conversation avec Elliot à la place.

– Comment sont choisis ces cobayes ?

– Je n'en ai aucune idée. Mais beaucoup étaient en piteux état, je me demande même s'ils n'étaient pas SDF.

– Ok, mais si tous les cobayes sont relâchés ensuite, d'où viennent les cerveaux en bocal ?

– Je... Je ne suis pas certain. Tous étaient déjà là quand j'ai pris poste il y a deux mois. Enfin, tous sauf un...

Elliot détourne le regard et se racle la gorge, gêné. J'attends patiemment pour ne pas le brusquer.

– Une nuit, reprend-il finalement, une employée des labos a débarqué avec un cobaye pas comme les autres. Elle n'a pas voulu me dire ce qu'il s'était passé mais le pauvre homme était clairement à l'article de la mort. Au lieu de l'emmener aux urgences, elle a insisté pour qu'on le connecte à la simulation. Il a fini par mourir mais, étonnement, la simulation a continué pendant quelques minutes. L'employée avait l'air ravie de cette découverte et s'est chargée d'extraire le cerveau du pauvre homme avant de me laisser pour tâche de me débarrasser du corps. En rentrant chez moi, je n'ai pas cessé de vomir.

Il frissonne, le nez retroussé en signe de dégoût. Je n'ose imaginer l'horreur que d'assister à une mort en direct à un si jeune âge. Quand mon attention se tourne à nouveau vers la journaliste, elle me dévisage toujours mais avec un air confus cette fois. Elle regarde autour d'elle, s'arrête un instant sur Elliot, fronce les sourcils puis remarque la position dans laquelle elle se tient et rougit avant d'avoir un mouvement de recul. Je la lâche aussitôt, la laissant se redresser et faire face au jeune homme.

– C'était toi la créature blanche ?

Elliot acquiesce en silence et je me redresse à mon tour tandis que Camille se met à faire les cent pas, clairement perturbée. Un petit bip retentit et le stagiaire se tourne vers un des moniteurs de la pièce.

– Oh non, il est déjà six heures ! s'alarme-t-il. Prenez quelques photos si besoin mais il faut que vous partiez vite. Ma relève va bientôt arriver et il faut encore que j'efface les traces de votre passage.

Le regard de Camille est encore un peu nuageux mais cela suffit tout de même à activer son professionnalisme. Elle dégaine son appareil presque automatiquement tandis qu'Elliot s'attèle à sortir des documents confidentiels pour qu'elle les immortalise. Il n'oublie pas de tout bien ranger au fur et à mesure puis finit par nous presser vers la sortie, clairement inquiet.

– Si vous voulez vraiment aller au bout de cette démarche, nous chuchote-t-il sur le pas de la porte, restez discrètes et soyez certaines de votre coup. Vous n'aurez qu'une chance de frapper alors frappez fort ou nous serons tous condamnés. Ne cherchez pas à me joindre non plus. S'ils apprennent que j'ai fait quoi que ce soit pour vous aider...

– Entendu. Nous ferons tout pour mettre un terme à cette folie, c'est promis.


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Il semblerait que votre séjour arrive bientôt à sa fin.

Mais avez-vous été honnête avec votre coéquipière ?

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{VOUS AVEZ DIT TOUTE LA VÉRITÉ}

Uniquement si vous avez déjà dit toute la vérité à Camille au sujet de Maël, allez en 165.


OU


{VOUS AVEZ MENTI OU PAS TOUT DIT}

Allez en 166.

HÔTEL PARADIS | Livre interactifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant