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Si le jeune homme qui me fait face est bien le stagiaire dont j'ai fouillé la chambre au troisième étage, j'ai en ma possession plusieurs informations qui pourraient bien m'aider à faire pencher la balance. D'après le rapport de stage trouvé dans la mallette, je sais qu'il se nomme Elliot Mandrin et qu'il travaille actuellement pour les laboratoires Cheng sur un projet confidentiel. Je n'ai réussi à lire le document qu'en diagonale mais il me semble qu'Elliot lui-même se questionnait dans son rapport de stage sur l'éthique et la nature inhumaine de son travail. Il parlait même de démissionner.

– Elliot, c'est bien ça ?

Le jeune homme se raidit à l'entente de son prénom, confirmant sans le vouloir mes dires. Il est clair que le stagiaire a fini par découvrir quelque chose sur ce projet qui a remis en question son envie d'être impliqué avec ce laboratoire. Même son petit ami paraissait inquiet pour lui dans les messages que j'ai aperçus sur sa tablette. Alors pourquoi refuse-t-il de coopérer avec moi ?

– Écoute, je sais que tu n'as fait qu'appliquer les directives qu'on t'a données en tant que stagiaire et que rien de tout ça n'est de ta faute. Nous ne sommes pas là pour te blesser ou te blâmer, crois-moi. Je pense même que tu sais très bien quel genre d'horreur les laboratoires Cheng manigancent. As-tu réellement envie d'être associé à ce genre de scientifiques ? Est-ce pour ce genre d'expérience immorale et inhumaine que tu t'es donné tant de mal à dégoter ce stage ?

– N-non, je... Je ne pensais pas...

Mes paroles l'ont clairement troublé. C'est le moment d'enfoncer le clou.

– Alors il ne tient qu'à toi d'y mettre un terme. Elliot, laisse-nous partir et je te promets qu'avec les preuves que nous avons récoltées, nous mettrons un terme à tout ça.

– Vous ne comprenez pas ! clame-t-il aussitôt avec virulence, me forçant à reculer d'un pas. J'ai essayé... J'ai essayé de vous aider mais...

Son énergie retombe soudain et il soupire longuement. Je prends sur moi pour ne pas le brusquer et attendre patiemment qu'il s'explique. Cela doit prendre une bonne minute avant qu'il n'ouvre la bouche à nouveau :

– Je pensais que l'ascenseur suffirait mais vous êtes restée, annonce-t-il sombrement. J'ai vraiment tout essayé pour vous faire fuir. Pourquoi vous n'êtes pas partie ?

Le choc me fait perdre mon sang-froid et ma voix s'élève avant que je ne m'en rende compte.

– Attends, c'est toi qui as trafiqué l'ascenseur ?

Le jeune vient aussitôt se coller à la machine qui contrôle les deux cabines, s'y raccrochant comme à une bouée de sauvetage.

– C'était juste un étage, rien de mortel ! se défend-il. Je ne pensais que vous chercheriez à sauter. Je voulais juste... mais vous en savez trop maintenant...

Son attention se tourne vers le panneau de contrôle et j'imagine déjà le pire. Je dois l'arrêter coûte que coûte ou Camille en paiera les frais !

– Non attends ! On n'est pas obligés d'en arriver là, hm ? Nous voulons la même chose, que personne ne soit blessé, pas vrai ?

Il acquiesce et je crois apercevoir sous son casque la lueur de ses yeux clairs qui me dévisagent avec gravité, attendant la suite. Vu la situation, je décide que l'objectif principal n'est plus d'enquêter mais plutôt de s'assurer que nous sortions de cette affaire indemne. Camille et moi avons déjà récolté de nombreuses preuves à nous deux mais celles-ci ne risquent pas d'être dévoilées au grand jour si nos vies se terminent ici.

HÔTEL PARADIS | Livre interactifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant