Andromède

Chapitre 37

∼Aimée∼

Nos fesses posées sur le sable frais, Aurora me raconte sa journée et moi je l'écoute, des étoiles dans les yeux.

-"Ma mère m'a écrit" dit-elle

-"Pourquoi faire?"

Elle joue avec des grains de sables, mes doigts sur le filtre de ma cigarette, j'enlève la cendre avant de l'attirer à mes lèvres.

-"Pour me dire qu'elle quittait mon père" rigole-t-elle "Et qu'elle a besoin d'aide"

-"Mais..." dis-je, prise au dépourvue

-"Ah oui t'as vu, elle est culotté hein" pouffe-t-elle "Mais bref, parlons d'autre chose, je ne veux pas gâcher le diner"

-« Non, parle-moi, je veux tout savoir de toi"

Ses yeux verts me fixent, comme si je lui avais hurler une déclaration, alors que mes mots ne sont que la vérité, je veux tout savoir.

-"Elle ne nous a jamais fait de mal, physiquement, j'entends" me regarde-t-elle "Mais quand mon père nous enfermait, nous frapper, elle nous regardait, fièrement, comme si elle se retenait de faire la même chose" souffle-t-elle "Alors je ne sais pas, si elle mérite que je l'aide"

-"Et si tu as une conversation avec elle, si tu lui demandes pourquoi elle ne faisait rien?" soufflais-je ma fumée

-"Tu penses qu'elle cache quelque chose?"

-"Je ne sais pas, je veux dire, beaucoup de femme battue n'ose pas défendre leurs enfants de peur qu'il fasse bien pire"

-"Je... je n'ai jamais vu ça comme ça" baisse-t-elle la tête

-"Je ne la défend pas, c'est impardonnable de faire endurer ça à ses enfants mais je pense que ça pourrait te faire du bien, de discuter avec elle" dis-je

-"Tu as raison oui"

La bouteille de champagne que je nous ai acheté toute à l'heure arrive dans ses mains, elle la regarde en haussant les sourcils

-"Du champagne madame? Avons-nos quelque chose à fêter?" sourit-elle

-"Non, juste nous"

-"Tu m'intéresse"

Je secoue la tête, écrasant mon mégot, je grignote en sentant son regard sur moi, alors qu'elle remplit les deux coupes.

-"Je peux te demander quelque chose?"

-"À part si c'est pour me demander si je me touche, oui"

Elle rigole dans sa main, avant d'attraper sa coupe et de me tendre la mienne.

Je la réceptionne et retire mon amusement en voyant qu'elle me regarde sérieusement.

-"Je t'écoute" fais-je signe du menton.

-"Qu'est ce qui t'empêche d'être vraiment toi?" je fronce les sourcils "Je te vois, être toi-même, mais tu te forces à te cacher, je voulais savoir s'il y avait un problème"

-"Il n'y en n'a pas" baissais-je les yeux

Un blanc s'installe, pas un de ceux qui est apaisant lorsque nous sommes ensemble, non, un silence lourd qui cache plein de non-dits.

-"Écoute" la regardais-je "J'ai besoin de temps et je crois qu'il nous reste encore beaucoup d'étape. Je ne cache pas seulement une relation toxique, un père mort, une adolescence compliquée." énumérais-je

Elle ne me coupe pas, elle m'observe parler le cœur ouvert, avouant que je comprends ce qu'elle me dit mais que ces jours-ci, je ne peux pas être moi.