Andromède

Chapitre 22

∼Aimée∼

Mes talons me font un mal de pieds horrible, c'est ça de vouloir faire sa femme d'affaire.

Mon bureau prend enfin forme, mon ordinateur hors de prix devant mes yeux, ça doit faire plus de 9h que je suis sur ce dossier.

En vérité il n'est pas compliqué, pourtant je sais pertinemment que le client que je défends est dans tous les cas, coupable.

Seulement si je veux faire connaître mon nom, il faut que je fasse tout mon possible pour qu'il gagne du temps.

Il y a un an, en sortant de mes études je n'aurai jamais pu le défendre, trop d'éthique, pas celle qui faut pour être avocate restaient dans ma tête.

Aujourd'hui, je suis prête, je le sais parce que je ne pense plus au fait que je défends des personnes qui en ont tués d'autre.

Pas au sens figuré du terme, les mots tues des milliers de personnes sans même qu'on ne soit au courant.

Mais je suis prête, et je me ferai connaître pour avoir le plus de client possible.

Maitre Mendoza ne sera plus un pion,

Elle sera celle qui gagne tous les combats.

J'ai cette détermination dans la tête qui ne part pas, celle qui me dit de fouiller chaque recoin de son dossier pour ne pas passer à côté de quelque chose.

Mon premier procès en tant qu'avocate sera concluant, j'en ai aucun doute.

***

Mes pieds nus passent sous la table, ma mère se balade dans sa maison, comme si je n'étais pas là.

-"Ça se passe bien le boulot?"

-"Parfait, j'ai un dossier facile pour le moment" dis-je

Ce soir, elle m'a invitée, pour un samedi soir ça ne m'étonne pas, mais j'aurai aimé retrouvé Aurora, passer la soirée avec elle.

Maman m'a dit qu'elle avait quelque chose à m'annoncer, je m'attends au pire à vrai dire, la dernière fois remonte à des années, là où papa était encore autour de la table.

-"Qu'as-tu à me dire?"

Ses yeux me fuient, je crois que je ne vais pas sortir indemne de ce fameux repas. Avant de dire quoi que ce soit, elle me sert mon assiette et je mange doucement en attendant qu'elle ouvre la bouche.

-"J'ai rencontré quelqu'un"

Ma bouche cesse tout mouvement, je relève mes yeux dans les siens et je crois que ma fureur se voit plus que ce que je pense.

Mais j'essaie de cacher à quel point ça me blesse.

J'attendais ce jour, en vérité je m'y suis préparé, il est temps qu'elle se reconstruise elle aussi. Mais ça me blesse plus que ce que je le pensais.

-"Je n'oublierai jamais ton père Aimée"

-"Hum, depuis quand?"

-"6 mois"

Moi qui avais de la peine de la laisser seule au travail, enfaite elle ne l'était pas vraiment et j'ai été assez aveugle pour ne pas le voir.

-"C'est cool" dis-je en jouant avec ma fourchette

-"J'aimerai que tu le rencontre"

Mes yeux se relèvent dans les siens, fronçant les sourcils, je ne pensais pas que tout allait aller si vite.

-"Euh déjà?"

-"Écoute, je n'ai pas tout mon temps"

Ma fourchette joue avec mes haricots, je me retiens de faire une quelquonque remarque et attend simplement qu'elle me parle un peu plus.