Chapitre 21

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   La petite fête improvisée d'hier soir entraîne des incidents cataclysmiques pour certains ce matin. Une chaîne de solidarité s'est installée pour les plus atteints en distribuant les tubes d'antidouleur et les verres d'eau. En plein tournage d'un film d'horreur qui aurait pour titre « la villa des déchets humains », je déambule évaluant les dégâts. Comme de coutume dans ces moments-là, il revient toujours la même bonne résolution : « c'était la dernière fois ! Je ne touche plus un verre d'alcool ! ». Mon frère était sans aucun doute le plus touché. Je m'empresse d'aller aux nouvelles.

— Ça va ? Tu tiens le choc ?

— Oh Kris ! Je t'en supplie ! Ne parle pas aussi fort ! me dit-il en réajustant ses lunettes de soleil. J'ai tellement la gueule de bois que je pourrais ouvrir une menuiserie.

Mina et Tony, bien résolus à combattre leur excès d'alcool, se décident à descendre dans la vallée pour visiter la ville de Cauterets. Je les accompagne espérant une opportunité pour peut-être obtenir des explications sur cette histoire avec tata Fabienne et Sidonie.

La ville de Cauterets est juste incroyable avec un charme fou. Situé à 950 mètres, Cauterets est l'alliance parfaite d'une petite ville de montagne et d'un village aux allures citadines. Le patrimoine et les activités complètent les atouts parfaits pour passer d'agréables vacances. L'histoire et le développement de Cauterets sont étroitement liés à la richesse des sources d'eau thermale qui en font sa renommée. C'est un réel plaisir de s'y balader et de découvrir.

Après deux bonnes heures de marche, nos corps nous crient de les oublier. Une petite terrasse ombragée d'un café nous fait les yeux doux.

Mina ne nous laisse pas une minute de repos. Son débit de paroles frôle l'overdose. Elle a visiblement compris la raison de ma présence et met tout en œuvre pour ne pas revenir sur le sujet d'hier. Si elle croit me décourager, c'est justement l'inverse qui se produit. Je suis bien déterminée à découvrir ce qu'on me cache. Qui est réellement Sidonie ? Je ne me souviens pas l'avoir fréquentée auprès de l'entourage de ma tante. Nous nous réunissons toujours pour les repas de famille. Nous connaissons très peu les amis de chacun. Ils nous arrivaient d'en évoquer certains mais le prénom Sidonie ne me disait absolument rien. Pourtant, aucun doute, ma mère semblait la connaître. Même en me remémorant les obsèques de sa sœur, je n'avais aucun souvenir de Sidonie.

— Oh ! Regardez en face ! s'enthousiasme exagérément Mina. Une charcuterie ! Et si nous prenions quelques spécialités pour ce soir ?

Sans même attendre une réponse de notre part, nous la voyons filer comme un lapin prit en chasse par une meute de loups.

— Je pense qu'elle avait besoin d'une pause, soufflé-je à son mari.

Il n'ose même pas relever la tête. Un malaise pesant s'installe entre nous.

— Tony ! Je veux juste comprendre.

Il s'obstine à faire le mort.

— Tu ne peux pas faire comme si je n'existais pas !

— Non c'est vrai ! Surtout avec toi Kris. Et je te promets que ça me torture, mais ce n'est pas à moi de t'en parler.

— Alors, dis-moi comment je dois m'y prendre avec « madame montée sur trois mille volts » ?

— Si elle ramène un saucisson, enfonce-lui dans la bouche. Ou alors menace-là de kidnapper sa pâte à tartiner ! Ça marche à tous les coups.

— Mais tu es un vrai tyran ma parole ! je m'écrie espérant adoucir l'atmosphère.

— Kris ! J'aimerais pouvoir t'aider. Je t'assure. Mais là ! Vraiment ! Je préfère que tu voies ça avec Mina.

Je n'insiste pas. Je connais Tony depuis notre adolescence. C'est un chic type. Quand Mina me l'a présentée, il m'a tout de suite plu. Il est tendre, attachant, toujours d'humeur égale et doté d'un talent incontestable en humour. Mais surtout, il aime profondément sa femme. Quand elle l'a rencontré, ma cousine était empêtrée dans les ennuis jusqu'au cou. Ses fréquentations se révélaient douteuses voir dangereuses. Elle rendait dingues ses parents. Une vraie rebelle. Il avait réussi là où nous avions tous échoué. Une bénédiction ce gars-là. Si aujourd'hui il m'affirmait qu'il ne pouvait pas m'aider, c'est qu'il était réellement dans l'incapacité de le faire. Et je devais respecter ça.

Une année...le reste d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant