Chapitre 19

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   Mon frère semble en pleine forme aujourd'hui. Cette rando n'était pour lui qu'une simple formalité. C'est loin d'être le cas pour moi. Bon OK... je partais vaincue d'avance. Il est bâti comme un catcheur, avec la dextérité d'une ballerine et surtout aucune Bertha pour le ralentir.

— J'ai une grande proposition à vous faire ! s'exclame-t-il, les yeux pétillants comme un gosse de cinq ans. Je vous promets un grand moment.

Quand il est comme ça, j'ai juste envie de m'enfuir en courant. Néanmoins, j'ai une compassion toute particulière pour mes jambes qui se remettent difficilement de l'effort fourni la veille. Je choisis donc de me planquer derrière mon roman en espérant disparaître complètement. Certains ont, semble-t-il, la même opinion et jouent la carte de l'indifférence en plongeant, à leur tour, la tête dans leurs occupations. Seule Vic applaudit des deux mains et lui crie.

— Dis-nous, dis-nous... !

Traîtresse ! Je lui envoie aussitôt mon petit trente-huit dans les mollets. Elle pousse un râle et me regarde surprise.

— Ne l'encourage pas.

Elle me tire la langue et reprend de plus belle.

— La visite d'une chèvrerie bio ?

Je pouffe de rire imaginant mon frère, de presque deux mètres de haut, s'extasier devant un chevreau en train de téter les pies de sa mère. À moins que cette dernière accomplisse sa tâche en exécutant, simultanément, des pompes.

— C'est un peu plus excitant, lui dit mon frère en la gratifiant d'un clin d'œil complice.

Tony prend la relève.

— La visite d'une chèvrerie bio avec des call-girls.

Avec la dextérité d'un félin, Mina lui envoie sa tongue en plein visage pour ensuite lever le majeur de sa main droite qu'elle dresse vers le ciel.

Les jumeaux suggèrent une journée dans un parc d'attractions.

— Encore mieux que ça ! leur répond mon frère. Attention vous êtes prêts ?

Nous entendions le verdict.

— Du « rafting » ! fanfaronne-t-il.

Les réactions sont partagées. Véro utilise son joker « je suis une bonne mère » et nous explique qu'elle voudrait passer un peu de temps avec son bébé. Nous savons parfaitement qu'elle a une trouille incontrôlable de l'eau. Ma mère prétexte une vieille douleur à la hanche. Louis, qui n'a jamais été un grand sportif et encore moins de sport extrême, vient juste de se rappeler une conférence sur le net, aujourd'hui même, sur la découverte de l'expansion cosmique. Mon père et mes oncles adhèrent complètement ce qui m'inquiète un peu. Je ne suis pas sûre qu'ils réalisent vraiment dans quelle aventure ils s'engagent.

— Papa ? Tu sais ce qu'est le rafting ?

— Oui ma grande, me répond-il tout sourire.

— Donc tu sais que c'est très physique !

Il donne un coup de coude à son frère.

— Écoute ma progéniture qui me prend pour un vieux croulant.

Je préfère m'abstenir et ne pas blesser son ego. C'est vrai que les hommes de la famille ont toujours su s'entretenir et garder la forme. Je dois avouer que mon père est en excellente condition pour son âge. Pour ma part, éviter cette activité me semble plus judicieux. Je décide donc de laisser mon corps se remettre de notre journée d'hier.

— Il vous faut quelqu'un pour immortaliser vos exploits. Je serai votre homme ! À moi l'appareil photo et le caméscope !

Sidonie se propose pour être mon assistante. Ma mère se raidit dans son fauteuil. Je comprends très vite qu'elle le prend comme un affront. Je n'ai toujours pas d'idées pour ces deux-là, mais il faut que je m'y attaque rapidement avant un dérapage malheureux. Je connais une personne qui pourrait m'aider.

Une année...le reste d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant