Chapitre 25

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  Le retour en calèche se révèle nettement plus animé qu'à l'aller. Certains ont largement abusé de la bière qui coulait à flots pendant le bal. J'entends déjà les jérémiades désespérées de nos fêtards à leur réveil demain. Les bonnes résolutions ont la dent dure. 

Mina et Vic se sont improvisées DJ, reprenant en cœur tous les succès des années quatre-vingt-dix et malheur à ceux qui ne participent pas. Les ados essaient de prendre le dessus en changeant de registre pour un plus récent. Ils sont vite arrêtés par la voix tonitruante de Vic bien décidée à garder la main. Charles n'est décidément plus dans le contrôle. À plusieurs reprises, nous avons maitrisé son envie de chevaucher ces pauvres chevaux. Il nous affirmait qu'il avait été un excellent cavalier de l'infanterie dans une autre vie. Évidemment, mon portable en mode vidéo n'a rien loupé. Demain, les félicitations s'imposeront pour son lâcher-prise. Mon frère n'est pas en reste. Il s'improvise danseur chorégraphe en entraînant notre mère dans la foulée. Marc essaie, tant bien que mal, de maintenir la calèche sur ses quatre roues. Comme à l'aller, je suis assise à ses côtés et le soutien avec mes maigres encouragements.

Nous arrivons enfin. Notre moyen de transport se vide en un temps record, certainement au grand soulagement de Laurel et Hardy. Tony accompagne Marc chez le propriétaire de nos deux fidèles destriers. Une grande partie décide alors d'un bain de minuit sans s'embarrasser de leur maillot de bain. En quelques secondes, la piscine ressemble à une énorme marmite en ébullition. Tony ne tarde pas à revenir.

— Marc n'est pas avec toi ?

— Non. Il voulait brosser un peu les chevaux avant de nous rejoindre. Moi, ce n'est pas mon truc les canassons.

— Moi non plus.

Il fonce vers les joyeux batraciens. Je pars dans la direction opposée pour rejoindre Marc que je retrouve en chemin.

— Laurel et Hardy vont bien ? je lui demande.

— Je suis prêt à parier qu'ils s'enfuiraient s'ils nous croisaient à nouveau, s'exclame-t-il en riant.

— Je ne savais pas que tu t'y connaissais en chevaux !

— Très peu en fait. C'était lors d'un voyage au Mexique... Un vieux qui tenait un ranch a insisté pour m'apprendre deux ou trois bricoles.

— OK je vois ! Est-ce qu'il t'a aussi donné des cours de séduction ?

Je sens Marc se raidir d'un coup.

— Je suis très flatté Kris... mais ça risque de faire désordre dans la famille.

— Idiot ! je lui souffle en lui dégottant un coup de coude dans les côtes. Cependant, je connais une jolie rousse qui...

— Attends là ! Tu me fais quoi ?

— OK je reformule. Vic n'est pas indifférente à ton charme irrésistible, cousin ! Tu as dû t'en apercevoir, j'imagine !

— Ah non Kris ! Je te vois venir ! Pas ça !

— Ah bien ! On avance. Donc tu vois venir quelque chose !

Il soupire et accélère le pas.

— Tu sais quoi ? On va arrêter de suite cette conversation. Et depuis quand tu nous joues la marieuse ? Ça ne te ressemble pas.

Il marque un point. Je devais calmer mes ardeurs. Je commençais à éveiller les soupçons. Je le suis malgré tout. Difficilement, mais je ne lâche pas.

— Et tu crois t'en tirer comme ça ? Marc !

Il ne s'arrête pas pour autant continuant à grande enjambée.

Une année...le reste d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant