Chapitre 27

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C'est aujourd'hui le grand jour. C'est aujourd'hui que je passe à l'action. Place aux révélations... aux aveux. Plus le choix. Ça ne peut plus durer. J'ai un plan bien rodé que j'ai méticuleusement travaillé. Aucune erreur n'est acceptée. Il faut que je sois directe et sûre de moi. Ça va être émotionnellement très dur. Ne pas craquer. J'ai de la chance, « la grosse Bertha » semble me fiche la paix. Elle a certainement compris l'enjeu de cette mission. Je lui suis tellement reconnaissante qu'une ébauche de réconciliation se faufile dans mon esprit. Heureusement, je ne tombe pas dans son piège et retrouve vite la raison. Il s'en est manqué de peu.

Je vais devoir déployer une tonne d'énergie. OK... je l'avoue... la réaction de ma famille m'effraie. Comment vont-ils le prendre ? Vont-ils me reprocher de leur avoir menti ? Pourtant, je suis plus que jamais déterminée. Prête à toute éventualité. « Tout obstacle renforce la détermination. Celui qui s'est fixé un but n'en change pas ». Celle-là n'est pas de mon grand-père mais du boucher en bas de chez moi. Ces deux-là se seraient bien entendus.

Quatorze heures. Nous sortons de table. C'est l'instant idéal. Tout le monde est repu et détendu. Je sais que le temps est compté. Je dois faire vite. Très vite. J'observe dans un premier temps les occupations de chacun. Vic papillonne auprès de Marc. Il faut vraiment que je m'occupe de ces deux énergumènes. Leur tour viendra. Mon père et mes oncles ont entrepris de se lancer dans une partie de pétanque. Les cousins, en pleine séance de bronzette. Dans le salon, mon frère et Julie regardent une série sur le net.

Ma première victime feuillette un magazine. La deuxième est dans la cuisine. Je m'occuperai de cette dernière dans quelques minutes, si tout se passe comme prévu.

— Sidonie ? Excuse-moi de te déranger... Ça t'embêterait de descendre à la cave avec moi pour choisir le vin de ce soir ?

— Bien sûr que non ! Mais ce n'est pas ton père et ton oncle qui s'en occupent habituellement ?

Je me suis préparée à cette question. Je réponds donc sans détour.

— Nous sommes tout aussi capables qu'eux. Tu ne crois pas ? Et il fait si frais en bas...

Elle se lève. Je jubile. Je savais qu'en me servant subtilement de l'éternelle discorde de l'égalité des sexes, j'obtiendrais un résultat. La première étape de mon plan fonctionne à merveille.

l'accès à la cave se fait par l'extérieur. Il y a une trentaine de marches à descendre. Pas étonnant qu'elle soit aussi fraîche. Elle se situe exactement sous la partie dortoir de la villa. J'adore cette pièce. Elle représente la moitié de la villa. Elle est superbe. Voûte en pierre... une magnifique table en chêne pouvant accueillir une quinzaine de personnes et l'éclairage tamisé lui donne un aspect chaleureux. Il y a une collection impressionnante de grands crus à faire rougir un œnologue.

— Tu as raison. Qu'il fait bon ici !

Je me dirige vers les étagères pour choisir une bouteille en veillant que ma proie me suive. Après une minute ou deux, je passe à l'étape suivante de ma mission.

— Quelle idiote ! Papa m'a parlée d'un vin qu'il fallait absolument que l'on goûte pendant les vacances. J'ai oublié son nom.

Je prends un air navré.

— Je remonte lui demander. Je reviens.

Elle acquiesce en silence et continue sa chasse au trésor.

Je grimpe les escaliers aussi vite que je le peux. Essoufflée, j'interpelle ma mère.

— Maman j'ai besoin de toi dans la cave.

Elle me fait face et me regarde comme si je venais de sortir une énormité.

Une année...le reste d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant