𝕋𝕖𝕒𝕣𝕪 𝔼𝕪𝕖𝕤 B. Katsuki x OC

Schopenhauer, situation et larmes {·° BONUS III, Pt. II °~}

La porte d'entrée claque subitement.

Mon corps entier se tend. Je ne parle pas, je ne bouge pas, je ne sais même pas si je respire. Je sens simplement mes larmes affluer à l'instant où la porte claque, à l'instant où mes émotions explose en moi en sentant le test de grossesse dans la poche de mon jogging.

-Daaaisy ! Eh, Daisy ! C'est la quinzième fois que je t'appelle...

Je sursaute en entendant la voix je Katsuki et me force à l'écouter. Sous mon nez, les casseroles à l'eau bouillante continuent de cuire, des gens dehors sûrement parlent, rient, ne se préoccupent de rien. Le monde continue de tourner. Le mien s'est arrêté il y a un quart d'heure.

Lentement, je me retourne. Katsuki aperçoit mon visage baigné de larmes et aussitôt me rejoint à grands pas pour me prendre dans ses bras. Plus il s'approche, plus je le vois inquiet, si attentionné pour moi depuis si longtemps, plus mes pleurs se transforment en vrais sanglots. Je renifle et bégaie, ne commençant et finissant jamais une seule phrase.

Quand était la dernière fois que j'étais dans cet état ? Aucune idée. Je suis trop désespérée pour réfléchir. Mais je dois lui dire. Il faut que je le fasse.

-Tu vas pas partir, hein ?, je renifle contre lui.

-Qu-... Mais, qu'est-ce qu'il se passe, en fait ?

Je l'entraîne à petits pas vers le canapé, le fait s'assoir.

-Ferme les yeux, j'ordonne doucement.

J'ai arrêté de pleurer, mais je suis plus nerveuse qu'un jour d'examen. Il obéit sans poser de questions, à mon plus grand bonheur.

Je m'oblige à prendre quelques respirations normales. Je pose le test sur la table basse juste en face de lui, le résultat visible. Et je m'assois à mon tour en tailleur. Je ferme les yeux un instant aussi, puis murmure:

-Désolée, je vais encore t'inquiéter quelques temps, il semblerait. Ouvre les yeux.

Il me regarde dès qu'il ouvre ses yeux.

-Daisy, qu'est-ce que tu racontes depuis tout à l'heure ?

Je reste sans aucune expression, trop nerveuse pour esquisser un seul mouvement.

-Regarde autour.

Il observe rapidement les murs, repasse son regard sur moi, continue de chercher ce qui est pourtant juste sous ses yeux. Et il finit par le trouver. Je le fixe fixer le test que j'ai moi-même longuement fixé. Il ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais finalement ne dit rien.

Je me pince les lèvres, attendant une réaction qui ne vient pas. Katsuki reste simplement immobile, la bouche entrouverte et le regard rivé sur le test. Il ne bouge pas d'un millimètre, j'en profite pour planter mes yeux dans ses iris même s'il ne me regarde pas.

Il s'inquiète. Pourtant l'inquiétude se fait discrète, ensevelie sous de la joie. De la joie. Pure, simple, l'allégresse la plus immaculée et véritable que j'ai jamais vue. Je suis si captivée par son regard que j'oublie de penser. Juste lui, juste ses yeux, et j'oublie d'avoir peur, pour un instant.

Au bout d'un moment interminable il passe un main dans ses cheveux, se redresse afin de me dévisager longuement.

Il lâche, et c'est comme s'il larguait une bombe:

-Qu'est-ce que tu veux faire ?

Je papillonne des yeux. Moi ? Je suis trop perdue pour penser à quoi que ce soit sur le long terme, voire quoi que ce soit tout court. Je coince mes cheveux entre mes doigts, me recroqueville en position fœtale, incapable de réfléchir. Mauvaise idée de m'installer dans cette position, pourtant. Je sens mon souffle dérailler bien trop vite, mes mains tremblent dangereusement, mon cœur veut s'enfuir de ma poitrine. Voilà qui n'annonce rien de bon. Mon esprit s'embourbe dans ses propres méandres, m'entraîne dans leur valse infernale, des centaines de questions sans réponses, des voix déjà apitoyées.