Chapitre 10 - Brûlants

108 5 19
                                    



"I want you by my side

So that I never feel alone again"

-" Stolen Dance", Milky Chance-





J'arrive en bas des escaliers les yeux rivés au sol. Le plat est déjà prêt et fumant, au milieu de la table, lorsque des vêtements flottants crient brusquement:

- C'EST PRÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊT !

Je sursaute, comme la plupart des gens présents, tout le monde prend une place puis se sert. Je prends soin d'éviter le regard insistant de Bakugo sur moi, je sais qu'il va bien assez se moquer de moi quand le repas sera fini. Entre Sero et Ochaco dans une ambiance à la rigolade, je devrais sûrement passer un bon moment mais le cœur n'y est pas. Je soupire toutes les deux bouchées, recroquevillée sur ma chaise et très silencieuse. Mes camarades de classe un peu trop attentionnés selon moi ne tardent d'ailleurs pas à s'en rendre compte. Il est vrai que d'habitude, je suis bien plus bavarde et joyeuse que ça. Tandis qu'Ochaco me demande si je veux encore du riz (cela doit faire trois fois qu'elle m'en propose, sous prétexte que le riz réchauffe le cœur...), Toru me dit affectueusement :

- C'est vrai que t'as une petite mine ! Tu ne voudrais pas aller dormir ?

Excellent timing, je bâille à m'en décrocher la mâchoire.

- Je pense que je vais aller dormir, tu as raison, je murmure avant de me lever.

Je m'apprête à faire quelques pas vers l'évier pour y laver mon bol et mes couverts, mais je manque de tomber tant mes pas sont vacillants. Oula, ce genre de fatigue n'était pas prévu. Je continue tout de même vaillamment jusqu'à destination et y nettoie rapidement ma vaisselle. Je lance un "Bonne nuit !" à la cantonade, j'ai en retour un cri désordonné venant de la table, ce qui me fait sourire. Ils sont sacrément soudés, dans cette classe.

Cinq minutes plus tard, me voilà blottie dans un coin de mon lit, un livre à la main, refusant de toucher à mon plaid douteux. Cette romance est vraiment douteuse, et en plus c'est le dernier livre en français que j'ai. Je vais sûrement demander à mes parents de m'en ramener. Je suis tellement perdue dans mes pensées que je ne vois même pas la porte de la chambre s'ouvrir et se refermer silencieusement. C'est donc sans surprise que je tressaille lorsque mon livre disparaît de mes mains pour atterrir dans celles de Bakugo. Enervée mais épuisée par la journée, je me contente de lever les yeux au ciel en attendant son discours grandiloquent pour me prouver qu'il a raison et que j'ai toujours tort et-

- Alors, tu vois que tu as quand même mangé.

Je m'arrête net dans mes pensées dès que cette phrase atteint mes oreilles. Aucune réplique ne me vient à l'esprit, donc je m'en tiens à l'ignorer splendidement en observant mes ongles. Ce qui a visiblement le don de l'énerver. Il se jette brusquement sur mes poignets et les tire vers lui, ce qui m'attire bien malgré moi à moins d'une vingtaine de centimètres de lui, à la hauteur de ses abdominaux. Cela m'oblige d'ailleurs à lever la tête pour pouvoir lui parler en le regardant dans les yeux, ce que je déteste, mais je n'ai vraiment pas le courage d'argumenter ce soir. Il m'ordonne alors:

- Ne saute plus de repas, sinon tu auras des bleus partout à force de te faire traîner dans les escaliers.

- Bien sûr, je grogne en lorgnant mon livre avec insistance.

- Si j'étais toi, je ferais bien attention, me conseille-t-il.

- Je peux récupérer mon livre, maintenant ?, je soupire.

𝕋𝕖𝕒𝕣𝕪 𝔼𝕪𝕖𝕤 B. Katsuki x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant