Chapitre 8 - Trapèzes

86 7 2
                                    


"My life is okay

Just when you're not around me."

-"I Feel Like I'm Drowning", Two Feet-




Sous le choc, je m'avachis sur place et fixe le sol. Il a lu mon dossier. Tout mon dossier. Je ne peux pas y croire, je ne veux pas y croire. S'il a lu mon dossier, il a forcément lu la partie "Renseignements particuliers". Que ma mère a rempli en racontant la totalité de mes antécédents scolaires, sans oublier le fait que je souffre de troubles d'anxiété et de panique. "Regarde ses yeux. Tu sauras ce qu'il pense de toi, maintenant..."

Plus que timidement, je lève les yeux vers lui. Il a lui aussi arrêté de bouger pour me fixer. Il sait cacher toutes ses émotions à la perfection, je ne pourrais rien savoir sans ce dérivé de mon Alter. De la pitié, de l'empathie, et pire, de la culpabilité. Soit il se sent coupable de ce matin, soit parce qu'il s'est reconnu dans le rôle du ""ils" l'ont harcelée". Dans les deux cas, j'aimerais pouvoir fuir loin, très loin de lui. 

Ses sourcils se froncent lorsque ma poitrine commence à palpiter de manière saccadée et irrégulière, de mon côté je sens la panique arriver en fanfare dans tout mon corps. Une partie démentielle de mon esprit me persifle, se moquant de ma tentative pour dissimuler tout ce que j'aimerais enterrer sur mon passé: "Il sait tout, il sait vraiment tout ! Tout ce que tu voulais cacher, il l'a eu sur un plateau ! Tu as bien trouvé ton ennemi, haha ! Quelle sarcastique ironie !".

J'ai l'impression que l'air ambiant a disparu, de m'étouffer comme un mourant. "Il sait tout !". Bakugo fait un pas incertain vers moi, ne sachant pas s'il doit choisir entre son inquiétude ou sa nonchalance. "Il sait vraiment tout !". Mes genoux ploient sous moi comme des roseaux, je m'effondre contre ma porte. "Il sait tout ! Tout !". Ayant fait son choix, Bakugo se précipite vers moi, puis s'agenouille en ouvrant les bras pour exprimer son impuissance face à la situation. Mon cœur tape un sprint tandis que je tremble à l'extrême. Je sais qu'il n'y aura pas d'aide ici, il faut que je me calme. Si je me laisse dériver, je suis partie pour trente minutes. Et je ne peux pas me le permettre, pas ici et maintenant, pas avec lui. Je tente maladroitement de suivre les conseils de la psychologue hors de prix que ma mère m'a forcé à aller voir plusieurs fois. Je compte mentalement puis à voix haute:

"- Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit... Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit..."

Je continue ce mantra de longues minutes, inspirant et expirant toutes les huit secondes. Pendant ce temps, Bakugo est resté agenouillé à mes côtés, m'observant en silence. Une fois un peu plus calme, je remonte mes jambes contre moi pour adopter ma position préférée. Hésitant, Bakugo me prend doucement les poignets et écarte mes bras croisés sur mes genoux pour essayer de planter ses yeux dans les miens. Je me résigne à le laisser faire, mais garde la tête baissée pour éviter ses yeux. Je hais ses yeux. Et pourtant ses iris rouges... Je pourrais me noyer dedans, émerveillée pendant des heures. Quelle ironie que le possesseur de ces rubis soit terrifiant. Je sursaute lorsque sa voix légèrement éraillée souffle:

"Je peux savoir ce qu'il vient de se passer ? Qu'est-ce que tu viens de me faire, là ? Tu vas pas recommencer ?"

Pour la seconde fois de la soirée, je lève lentement les yeux vers lui. Il est beaucoup trop proche, je veux reculer. Je dois m'être raidie car il lâche aussitôt mes poignets. Je frissonne lorsqu'il passe ses pouces sur le dos parcouru d'égratignures de ma mains gauche en retirant ses mains. Toujours roulée en boule contre la porte, je ne réponds rien, laisse un silence s'installer quelques secondes. J'inspire avant de demander:

𝕋𝕖𝕒𝕣𝕪 𝔼𝕪𝕖𝕤 B. Katsuki x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant