Chapitre 28 - Tirade macabre ~partie II~

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" Y'a de l'amour partout pour qui sait voir,

Y'a de la haine aussi,

On voit ce qu'on veut, on veut ce qu'on voit."

- "Energie sombre", Nekfeu-



-Daisy, si tu ne veux pas finir, tu n-, commence Bakugo.

-Tu m'as dit de tout de dire, et de toute façon je n'ai pas terminé, je le coupe.

Je laisse un long silence s'étirer. Je reprends, si bas que je ne m'entends moi-même presque pas:

-En CM2, j'avais commencé un carnet où je comptabilisais toutes mes erreurs, sous formes de petits traits, marqués de la même façon que les prisonniers comptent leurs jours en prison sur les murs de leur cellule. "Pour me motiver", je m'étais innocemment dit. Le simple et unique but de ce carnet était de compter mes fautes. Pas de les comprendre pour ne plus les faire, pas pour les retravailler, non, juste pour savoir combien de fois j'ai raté quelque chose. Et je m'étais convaincue que c'était pour me motiver. Une idée bien tordue, tellement tordue qu'elle s'est retournée contre moi, je ricane. J'étais vraiment déplorable, à cette époque. Enfin, je n'ai pas l'impression d'avoir changé plus que ça depuis, donc je suis sûrement toujours aussi pitoyable.

Nous y voilà. Aux portes du vif du sujet.

-Puis une pensée a commencé à me travailler. Chaque jour, je me demandais s'ils avaient raison, ceux le faisaient. Si ça leur permettait de contrôler leur peine, si ça faisait mal, si ça fonctionnait si quelqu'un le remarquerait et probablement que non parce que personne n'en a rien à foutre de moi même pas celle qui me sert de mère vu qu'elle me déteste probablement plus que ceux qui m'ont cassé le tibia en me faisant tomber "sans faire exprès" dans les escaliers du collège  et plus les jours passaient plus mon esprit ressemblait aux enfers plus ces pensées précises s'installaient confortablement dans ma tête et je c-

Mon ton monte et déraille, je vomis les mots jusqu'à m'en étouffer sans reprendre ma respiration une seule fois. En croisant un regard écarlate, j'y lis l'incompréhension et l'intrigue.

-Daisy, prends ton temps, personne n'aimerais que tu t'étouffes avec tes propres mots, s'inquiète Bakugo.

Je prends quelques grandes inspirations. Sa main qui n'est pas emmêlée avec la mienne vient se caler sur ma taille. Je lève les yeux et croisent les siens, qui s'éclairent brusquement de réalisation.

-Daisy ne me dis pas que tu parlais d'autom-

Je ne le laisse pas finir son mot et plaque ma main sur sa bouche pour l'en empêcher. Et de toute manière, "ça ne peut pas être de l'automutilation puisque je le mérite. Ce sont juste des marques, comme un souvenir et un rappel. C'est... c'est pas la même chose. Non ?"

-Les jours ont continué de passer, mes pensées à ce sujet commençaient à creuser des ornières dans mon cerveau, à mon bureau, mon regard faisait toujours plus d'allers-retours entre mes devoirs et... et... et mes ciseaux, je souffle, de plus en plus hésitante.

Plus le temps passe, plus ma main se fait écraser par celle de Bakugo.

-J'ai un peu mal à la main, là, je murmure.

Bakugo baisse les yeux vers nos mains et lâche la mienne pour dessiner de petits cercles dans le creux de ma paume. Une sensation étrange m'envahit, comme si ce minuscule geste venait de lacérer la nuit qui m'emplit et nous entoure en ce moment pour laisser passer un timide rayon de soleil. Je laisse même un fantôme de sourire apparaître en continuant de regarder nos mains, et son pouce dans ma paume.

𝕋𝕖𝕒𝕣𝕪 𝔼𝕪𝕖𝕤 B. Katsuki x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant