30 - Il est 15h et nous sommes en été

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Aaron - 16 ans

C'est drôle comme la vie peut paraître facile alors qu'elle ne l'est pas du tout. C'est une menteuse. La vérité, c'est qu'elle est presque aussi insurmontable que l'Everest. Peu on réussi à aller jusqu'au sommet sans mourir en cour de route. Aujourd'hui, je vais faire un nouveau pas vers mon ascension : me fiancé.

Quel idée de se fiancer à 16 ans. Mais bon... Pas le choix. 

Aurora Beracci. Ma fiancée. C'est bizarre non ? De pouvoir s'approprier une personne grâce au pouvoir des mots. Moi j'aime ça. J'aime posséder. C'est peut-être une mauvaise habitude que mes parents m'ont transmis, le besoin de "posséder" des objets, des personnes. Mais bon, je m'en fiche. Si les gens me trouvent toxic, ils ont cas s'éloigner. Sinon, c'est leur problème, pas le miens.

Aurora. Elle porte le nom de la déesse de l'aube... C'est drôle.

Cette fille... On dirait qu'elle se réveille à peine. Comme si l'aube venait de la réveiller à travers ses rideaux en soie -sûrement d'un rose bonbon -comme toutes les filles de notre âge.  Pourtant, il est 15h et nous sommes en été. Ses yeux sont rongés par des cernes mal dissimulé sous du maquillage à peine estompé. Comme si personne ne s'était correctement occupé d'elle.

- Voici le futur des machere bianche, me présente un homme au teint froid et aux yeux tout aussi froids.

Cette fille ? Le futur de la plus puissante mafia d'Europe ? Laissez moi rire.

Après cette présentation rapide, Aurora me tend sa main pour que je vienne alors la porter à mes lèvres comme le veut la tradition.

- Je suis ravi de faire votre connaissance.

- De même.

Mentir c'est difficile seulement pour les personnes honnête et bonnes.

Spoiler alert : je ne suis ni honnête, ni bon.

Nos parents sont derrière nous, à inspecter tous nos faits et gestes pourtant ce n'est pas eux qui me dérange c'est ma future fiancée. Elle n'est pas belle mais pas laide non plus, elle est basique. Comme si une des trois fées avait hésité au dessus de son berceau. Elle est d'une beauté simple. Ses yeux sont bouffis, comme si elle avait pleuré; ils me crient de l'aider et de refuser de l'épouser mais c'est trop tard : J'y est trouvé avantages. Ses lèvres sont gersées, comme si nous étions en hiver pourtant, il est 15h et nous sommes en été. Ses cheveux gras montrent l'indifférence dont ils ont été victimes.

Une rébellion peut-être ?

- Allez dans le petit salon. Nous devons encore régler quelques affaires d'adultes, nous ordonne à nouveau le-dit Alfonzo.

Sans chaperon ?

- Bien monsieur, répond alors ma future femme.

- Et fais lui visiter la villa.

- Bien.

Nous montâmes alors de beaux escaliers en pierres, dans le style de la maison : provençale. Il me semble avoir entendu de mes parents que l'architecte de la demeure etait Français. Cette villa se trouve dans le fin fond du Val d'aoste -la région la moins peuplé d'Italie-, à l'abris des regards.

La planque parfaite pour du trafic d'armes.

***

- Alfonzo est ton père ? Je demande à mon hôte qui s'interrompt dans sa visite pour me faire face.

- Non. Mes parents adoptifs sont en Amérique.

- Adoptifs ?

- Oui, j'ai été adopté.

- Et tes parents biologiques alors ?

Une ombre passe sur son visage. Pendant une seconde, sa robe semble moins rose. Les tableaux accroché dans le couloir semblèraient fades et l'éclat dans les yeux d'Aurora -déjà faible avant notre conversation- disparu. Je pensais qu'elle allait me tourner le dos et faire comme si de rien n'était, mais je fus surpris de voir qu'elle me parla à cœur presque ouvert.

- Ma mère est morte.

Une pointe de culpabilité m'envahit pour disparaître presque immédiatement après avoir fait surface.

- Désolé.

- Ce n'est rien. C'est la vie. On nait pour mourir après tout.

- C'est cruel.

- N'est-ce pas ?

Pendant bien 5 minutes, nous regardons dans le vide. Le soleil est entrain de laisser place à des nuages.

Drôle de coïncidence.

- Tu as des amis, je demande avec légèreté, pressé de faire disparaître le malaise et de reprendre la visite.

- Non.

- Tu n'en a jamais eu ? Je suis si étonné que je manque de ne pas remarquer qu'elle a continué d'avancer sans moi.

- Si. Un.

- Vous n'êtes plus ami ?

- Non.

Pourquoi elle se renferme autant ? Elle est tellement asocial que ça m'énerve.

- Pourquoi ?

Silence.

- Si tu ne veux pas en parler ce n'est pas grave.

- Merci. Bon, continue-t-elle sur un ton antousiaste, on continue la visite.

Ça me fait de la peine. Elle est si pathétique. Comme si je ne pouvais pas voir que son sourire est enfaite un faux. C'est drôle, elle ressemble à l'héroïne d'un mauvais roman dramatique. La fille qui a perdu sa mère jeune, pour ensuite être adopté par un couple de l'autre côté de l'atlantique, qu'on oblige de se marier. Ça pourrait presque me faire pleurer. Au final c'est juste une fille au cœur brisé par la vie. Un peu comme moi. Sauf que moi je choisis de m'en remettre et d'avancer. Si elle veut rester à la case départ, c'est son choix, mais elle n'a pas intérêt à me barrer la route.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 12 ⏰

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𝐒𝐢𝐦𝐢𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 || 𝐓𝟏 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant