Chapitre 19 - La fête ne fait que commencer

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Nous avons repris place à l'arrière de la voiture de Jaya, en direction de nos domiciles.

Marla est intenable et je ne peux me retenir de sauter avec elle sur nos sièges, déchargeant l'intensité de cette soirée irréelle. J'ai conscience que la voiture doit tanguer, mais Jaya ne laisse rien paraître dans sa conduite, ayant monté le son de l'autoradio à fond pour prolonger quelque peu la fête. Je le vois sourire dans le rétroviseur, pivotant la tête plusieurs fois de désolation devant nos comportements immatures.

Il est gai lui aussi, je le sais. Je le sens.

- Kevin Johnson était présent Saori ! me crie Marla, pour que je l'entende par-dessus la musique.

- Génial ! Qui est-ce ? je crie en retour.

- Le meilleur réalisateur de clips musicaux des USA ! s'extasie Marla, alors que d'ordinaire elle s'indignerait de mon manque de culture musicale.

Je la prends dans mes bras, lorsque je comprends que des VIP ont été invités à la fête. Le savait-elle depuis le départ ou Philippa lui a-t-elle révélé l'information juste après l'évènement ? Quoi qu'il en soit, ce soir, elle a géré. J'ai pu constater que la pression n'avait pas de prise sur elle. Lui conférant même ce charisme impressionnant de warrior. On continue de danser, de chanter et de se prendre dans les bras, tout cela dans la voiture de Jaya. Nous sommes désinhibées, mais point ivres. Et pourtant, on pourrait aisément le croire à nous voir aussi euphoriques.

- J'irai à Juilliard, plus rien ne pourra m'arrêter ! reprend Marla.

- Tu as raison ! Et moi, personne ne me forcera à y mettre les pieds ! je scande, plus sûre de moi ce soir que je ne l'ai jamais été.

Au lieu de me réprimander comme elle l'aurait fait il y a encore quelques semaines, Marla éclate de rire.

- Mais bon sang, tu ne parlais que de cette école ! Que veux-tu faire dans ce cas ? crie-t-elle, les larmes au bord des yeux.

- Du droit ! je lui assène gravement.

Elle rit de plus belle, à gorge déployée. Un rire sonore que même la musique ne saurait atténuer.

- Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! Depuis quand veux-tu ressembler à ta mère ?

- Je veux être meilleure que ma mère et condamner ses clients !

D'où ça sort, ça ? Ma mère et moi, face-à-face dans une salle d'audience ? Hilarant ! ou pas...

Marla n'en peut plus. Elle pose sa tête en arrière sur l'appui-tête du dossier et se tient les côtes. Ses yeux ruissellent de larmes. Elle les essuie avec la manche de son gilet, mais en vain. Je ne vois plus vraiment clair non plus et m'allonge sur le dos, faisant reposer ma nuque sur les cuisses de mon amie. L'hilarité de Marla entretient la mienne et lorsque l'une s'arrête, c'est l'autre qui redémarre.

Nous sentons la voiture ralentir au même rythme que nos sanglots de joie. Nous sommes essoufflées par cette crise de rire bien venue et par des confessions gênantes qui n'auraient pas été livrées dans un autre contexte. Et même si l'intervention de Jaya sonne la fin de la soirée, je sais que j'aime cette nouvelle version de ma meilleure amie.

Et j'emmerde son côté asocial !

- La reine de la nuit est arrivée.

Jaya a baissé le son de la musique et sa voix est aussi mélodieuse et douce que l'ambiance sonore désormais.

Marla observe notre chauffeur et moi j'examine mon amie. Ou plutôt celle qui lui ressemble, mais qui n'est plus tout à fait elle-même ce soir. Mon cœur déborde d'amour pour les deux personnes qui sont avec moi dans ce véhicule et il se noie, ce cœur. Amitié, amour, affection, tension, manque... ça s'emmêle... ça s'embrouille... ça s'embrase.

BLOWER SOULOù les histoires vivent. Découvrez maintenant