Chapitre 32 - Fais-moi valser, mon amour

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Je parcours de mes doigts le cuir blanc piqué du siège, ainsi que celui qui recouvre la portière passagère. La poignée chromée qui sert à descendre la vitre m'obsède. Dès que Jaya roulera moins vite, je l'actionne direct !

Alors que la plupart des lycéens arriveront au bal en limousine, je me réjouis d'être dans cette Volkswagen coccinelle de collection appartenant aux parents de Jaya. Elle est incroyable avec sa peinture métallisée vert canard.

Je joue avec les boutons blancs disséminés un peu partout sur le tableau de bord. Je peux me pencher et les observer de près, car ce type de voiture n'est pas pourvu de ceintures de sécurité. L'un des boutons ressemble à une tirette. À quoi peut servir ce machin...

- Boum ! dit Jaya près de mon oreille.

Je sursaute en criant, sans avoir pu tester le fameux bouton. La main sur mon cœur qui bat à tout rompre, je ris en découvrant Jaya faire comme si de rien n'était. Une main sur l'énorme volant chromé aux lignes fines et élégantes et le coude posé sur la portière, il feint particulièrement bien l'innocence.

- Si c'est comme ça, lui dis-je en un avertissement.

Je tourne la moulinette et la vitre située de mon côté descend de façon saccadée avec un bruit de succion trop louche. Je ris encore plus, jusqu'à ce que mes cheveux s'envolent dans tous les sens et que la voiture elle-même se mette à trembler.

- Mais t'es malade ! crie Jaya pour couvrir le bruit que fait le vent qui s'engouffre dans l'habitacle. Cette boîte d'aluminium va s'envoler !

Je n'en peux plus et mes éclats de rire redoublent. Je cherche la poignée à tâtons, mais le vent me fouette le visage. Une fois trouvée, impossible de l'actionner dans l'autre sens.

- Saori, tourne en sens inverse ! s'égosille Jaya dont le regard alterne entre la route et moi.

C'est vrai, Einstein ?

Je me saisis cette fois-ci de la poignée à deux mains et pose ma chaussure à talon sur le tableau de bord pour faire appui. J'arrive enfin à remonter cette foutue vitre. Un tour, deux tours, trois tours... Oh mon dieu, c'est pas possible... comment la fermeture d'une simple fenêtre de voiture peut épuiser à ce point ?

Je glisse sur mon siège, vidée par l'effort et le souffle court. Mon visage pivote vers Jaya qui est hilare de mon expérience. Mais ce dernier se fige, observant mon pied toujours posé sur le tableau de bord. Puis ses yeux remontent le long de ma cheville, mon mollet, mon genou, ma cuisse... Ma chair de poule suit le chemin pris par son regard. La tension me gagne alors que la température dans l'habitacle augmente de plusieurs degrés. Je me rassieds correctement et recouvre mes jambes du tissu duveteux de ma robe. Jaya détourne le regard, humidifiant nerveusement ses lèvres. Les yeux rivés sur la route, il se saisit de ma main à tâtons et la porte à ses lèvres pour l'embrasser.

- On est bientôt arrivé, dit-il d'un ton doux.

Un gardien filtre l'entrée du parking menant au gymnase. Il nous donne un ticket et nous pouvons enfin nous garer. Une forme de nervosité a remplacé nos éclats de rire, mais cela n'en est pas moins agréable. Le bras de Jaya qui entoure mes épaules nues en est un doux rappel. Nous nous dirigeons lentement vers l'entrée du gymnase d'où s'échappent des sons électros rythmés. Nous prenons notre temps, de nombreux autres couples nous dépassent sur le chemin.

À peine sommes-nous entrés dans le complexe qu'un spectacle saisissant se dévoile. Marla se déhanche sur la piste de danse et à voir son énergie, elle rendrait jaloux n'importe quel addict à l'ecstasy. De nombreux lycéens l'encouragent en frappant dans leurs mains, mais la foule reste tout à fait gérable.

BLOWER SOULOù les histoires vivent. Découvrez maintenant