Rafaella Belucci sourit. Le bras passé sous celui de son père très élégant dans son smoking ; vêtue d’une somptueuse robe d’un bleu nuit entièrement dénudée dans le dos, une parure de saphirs ornant son cou, ses oreilles et ses poignets, un chignon haut dressé sur sa tête, ses beaux yeux ombrés de poudre à paupières du même bleu que sa robe et ses lèvres teintées d’un gloss rose pâle, Rafaella Sierra Molliegca Belucci sourit aux paparazzis et journalistes rassemblés en cette chaude soirée d’été pour assister à l’inauguration de la galerie d’art de son copain, Christopher Jewell.
Celui-ci l’accueillit avec un grand sourire et se pencha pour effleurer ses lèvres d’un baiser.
- Tu es ravissante Molly, la complimenta-t-il. C’est un honneur pour moi d’être vu en ta compagnie.
Rafaella lui sourit alors qu’il saisissait son bras libre pour le passer sous le sien.
Au bras de ces deux hommes grands, beaux, et forts, la jeune femme se sentit rassurée et protégée. La salle était pleine de monde. Des gens riches, élégants, et connus, faisaient de cette soirée un succès. Des serveurs passaient de groupe en groupe avec leurs plateaux ; offrant aux invités des amuse-gueules et du champagne. Des tableaux étaient accrochés aux murs, suscitant l’admiration et la curiosité de tous.
Une coupe de champagne à la main, la jeune femme regarda son amoureux faire l’éloge d’un tableau superbe réalisé par un nouvel artiste très talentueux. Elle poussa un soupir agacé. Lorsque Christopher l’avait délaissée, elle n’avait pas pensé qu’il le ferait pour discuter sur Picasso, De Vinci, et autres grands peintres !
Elle avait rencontré Christopher Jewell à une exposition où'une amie à elle l’avait accompagnée. Elle était debout face à un tableau auquel elle ne comprenait rien lorsqu’il s’était approché d’elle. Il avait alors défini le mélange de couleurs qu’elle jugeait sans intérêt. Décrivant des émotions et des sensations qu’elle n’éprouvait nullement en contemplant cette toile. Mais son éloquence, sa classe, sa beauté, et ses bonnes manières l’avaient immédiatement charmée.
Cela faisait maintenant 14 mois qu’ils se fréquentaient. Il était drôle des fois, jovial, amical et de bonne famille. Mais parler peinture matin, midi et soir était un art que Rafaella ne maitrisait pas. En fait, elle n’était pas une grande fan de peintres. Mais pour ne pas décevoir Christopher, elle faisait un effort pour dissimuler son ennui. Son domaine à elle, c’était la mode. A 26 ans, elle était l’heureuse propriétaire d’une chaine de magasins qui vendaient ses créations comme des petits pains. Elle préférait donc les croquis aux peintures. Elle faisait la fierté de son père, son unique famille.
Ce dernier l’avait élevée seule suite à la mort de sa femme. Elle avait alors sept ans. Il lui avait inculqué des principes, lui avait forgé un tempérament de feu, l’avait incitée à s’abreuver du goût du beau, du goût du risque. Elle n’avait peur de rien ni de personne. Les obstacles qui se présentaient sur sa route la ravissaient puisqu’elle aimait relever les défis.
Durant ses 26 années d’existence, un certain nombre d’hommes avaient traversé sa vie. Riches, beaux, talentueux, forts, acteurs, hommes d’affaires, mannequins, sportifs…mais ceux qui étaient restés le plus longtemps à ses côtés étaient Max, son premier amour, qui avait malheureusement péri à 18 ans au volant de sa voiture ; William, un acteur mignon, qui avait dû choisir entre elle et sa carrière, Rocky, chanteur d’un groupe de rock, qui avait mis un brin d’amusement et d’originalité dans sa vie, et enfin Christopher. Le doux, le gentil Christopher, qui rendait ses envies plus sages. Trop sages.
A dire vrai, elle le trouvait un peu…mou. Tant d’égards, de gentillesse, comme si elle était une poupée de porcelaine…cela commençait à l’agacer. Christopher était un homme très prudent. Il avait peur de la nouveauté, peur du risque…elle, elle voulait vivre quelque chose d’excitant. Même lorsqu’ils faisaient l’amour, il faisait tout à la va-vite, lui toujours au-dessus, et elle en-dessous. Il prenait son plaisir et elle, elle restait sur sa faim. Elle savait ce qu’elle voulait. Elle voulait un homme passionné, qui n’ait pas peur de la malmener au lit, qui lui dise avec exactitude ce qu’il voulait, audacieux et aimant. Pas d’un homme qui hésitait quant à la partie de son anatomie à caresser, qui avait peur de lui dire ses quatre vérités, ou qui aimait trop qu’on le prenne en photo et qu’on boive ses paroles comme si elles étaient l’eau de vie !