chapitre 13

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S’il n’avait pas quitté ce bar, il serait mort à l’heure qu’il est.ils étaient sortis Rafaella et lui par la porte arrière du bar, et avaient attendu, sous la pluie et dans la boue, que les hommes de main de Sergio Belucci veuillent bien descendre pour aller voir ce qui retardait autant leur camarade. Et la chance leur avait souri puisqu’ils avaient tous les deux libéré le véhicule. Malgré sa blessure à l’épaule, il avait pu démarrer, alors que, furieux du décès de leur ami, les gardes-du corps de Belucci leur tiraient dessus.

L’incident du motel était une erreur qui aurait pu lui coûter cher. Il devait se montrer à l’avenir plus prudent et plus rapide que ses poursuivants. Il devait se mettre à l’abri et réfléchir à ce qu’il devait faire. Et il savait exactement où aller.

Le silence du petit habitacle devint menaçant et s’éternisait. D’ordinaire, Gaël aimait le calme et le silence, mais là, il ressentait un malaise grandissant. Il tourna légèrement la tête pour la regarder ; elle avait les yeux fixés sur la route.

-          vous allez bouder longtemps ? marmonna-t-il en accélérant.

Aucune réponse.

-          Ecoutez, je…je suis désolé. Vous entendez ? Je vous présente des excuses. Alors ca va maintenant, arrêtez de faire la tête comme une enfant mal élevée.

-          Vous aimez me trouver des défauts n’est-ce pas ? répliqua-t-elle en le fusillant des yeux. D’abord, je suis égoïste, et maintenant, je suis mal élevée !

-          J’aurais dû vous traiter comme les vrais kidnappeurs traitent les gens qu’ils enlèvent. Ainsi vous resteriez docile comme une image ! je ne sais spas ce qui m’a pris de me comporter aussi bien avec vous…je devrais vous haïr au point de vouloir vous tuer pour ce que votre père m’a fait.

-          Rien n’est encore prouvé.

-          Je n’ai pas besoin de preuves pour savoir ce que j’ai vu, ce que j’ai subi…vous êtes son reflet et je ne sais pas pourquoi je ne vous ai pas encore tuée.

-          Pour la simple et bonne raison que vous n’êtes pas un assassin.

-          Non…je ne suis pas un assassin. Le fait est que…j’aimerais que nous cessions de nous disputer Rafaella. Comportons-nous en adultes, s’il vous plait, et non comme un couple d’ados amoureux qui se chamaillent pour rien.

-          Un couple d’ados amoureux qui se chamaillent pour rien, répéta Rafaella avant d’éclater de rire.

Gaël grinça des dents. Oui. Il aurait dû la tuer. Il aurait dû la faire souffrir et pleurer des larmes de sang. Il aurait dû la maltraiter pour qu’elle le supplie de lui laisser la vie sauve…comme sa femme avait supplié son père qui l’avait tuée. Il aurait dû la détester pour ce qu’elle était…la fille de Sergio Belucci, son portrait craché, son sang, la prunelle de ses yeux. Mais il n’y arrivait pas. Ce n’était pas dans sa nature de faire du mal, et encore moins à une femme.

 « Surtout pas à une femme qui t’embrasses comme elle l’a fait ce matin » dit une voix dans sa tête. Il la fit taire et n’ouvrit plus les lèvres de tout le trajet.

                                                        XXX

Sergio sourit aux paparazzis, répondit aux questions indiscrètes sur l’enlèvement de Rafaella, apprécia les regards enfiévrés que lui lançaient la plupart des femmes, bien qu’il soit déjà en galante compagnie. Autour de lui, des couples dansaient, les femmes étaient parées de leurs plus beaux atours, les hommes parlaient politique et économie, l’orchestre jouait sur l’estrade aménagée à cette intention. Cette soirée se déroulait sans anicroches.

Sergio avait été convié au bal organisé par une riche famille, les Skiller. Après être resté des jours à s’inquiéter pour sa fille, Poppy lui avait conseillé d’accepter cette invitation pour se changer les idées.

Poppy, sublime et provocante rousse de 45 ans, avec un physique sculptural et un visage encore enfantin malgré l’âge. Poppy qui lui tenait compagnie depuis son veuvage. Poppy qui était toujours à sa disposition quand il avait besoin de se distraire un peu. Poppy qui avait d’autres amants mais qui lui réservait toujours son temps et son corps.

Malgré ses talons hauts, elle lui arrivait à peine à l’épaule. Vêtue d’un fourreau de soie bleu ciel qui faisait ressortir la couleur flamboyante de ses cheveux roux ; étincelante avec ses diamants dispersés sur ses poignets, son cou et ses oreilles ; elle observait attentivement de ses yeux noisette les couples présents en commentant sur la robe d’une telle ou la coupe de cheveux d’un tel.

Sergio l’écoutait avec amusement, se fichant royalement des trois quarts de ses phrases. Elle s’en rendit compte et la poussa légèrement.

-          Gio, mon amour, vous ne m’écoutez pas, minauda-t-elle.

-          Pardonnez-moi ma douce, je suis distrais. Permettez que je me retire un moment, j’ai un appel important à passer.

-          Cela ne peut-il attendre amour ?

-          Malheureusement non. Je reviens.

Elle le tira par la cravate pour l’embrasser à pleine bouche devant tous les invités.

-          Toujours se donner en spectacle hein ? chuchota Sergio en s’écartant.

-          Vous me connaissez si bien ! répondit-elle avec un clin d’œil complice.

Sergio s’éloigna en sifflotant. Le hall d’entrée était désert. Il sortit son portable de sa poche et composa le numéro de son plus fidèle chien de chasse.

-          Monsieur Belucci ?

-          Avez-vous fait ce que je vous ai ordonné Blade ?

-          Euh…vous allez sûrement être  mécontent patron…

-          Le travail a-t-il été accompli oui ou non ? coupa Sergio sèchement.

-          Non patron, avoua Blade penaud.

-          Et pourquoi non ? demanda Sergio d’une voix suave qui donna des sueurs froides au garde-du-corps.

-          Parce qu’il m’a échappé patron. Ce…ce salaud a tué Vladimir ce matin lors de l’accident.

-          Quel accident ?

Blade lui narra tous les évènements de la journée jusqu’à la mort de Connor. Sergio observa une minute de silence avant de lâcher, menaçant :

-          Votre incompétence surpasse mes attentes Blade. Je vous faisais confiance.

-          …

-          Vous avez une semaine de sursis Blade. Si vous échouez à votre mission, vous n’aurez nul part où vous cacher. Je vous retrouverai, et je vous défoncerai le trou du cul de balles qui vous ressortiront par les tympans. Je vous ferai pisser le sang par les pores jusqu’à ce que vous en creviez. Ai-je été assez clair ?

-          Oui monsieur, répondit Blade d’une voix blanche.

-          Gio mon amour ! vous avez fini ? venez voir comme tout le monde s’amuse ! cria Poppy en le rejoignant en courant.

Sergio coupa la communication et se tourna vers elle en souriant.

-          Vous ne pouvez pas vous passer de moi ? plaisanta-t-il en posant la main au creux de ses reins.

-          Vous savez bien que non amour. Si nous retournions à la salle de bal ? suggéra-t-elle.

-          Bonne idée.

Le masque du mensongeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant