chapitre 19

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Les yeux de Gaël remontèrent lentement le long des jambes bronzées, épousèrent le derrière moulé dans un short blanc, caressèrent les épaules nues qui dépassaient  du débardeur bleu…cela faisait maintenant trois jours qu’il ne l’avait pas touchée, pourtant, ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Cette femme était pure tentation ! Et cette longue tignasse noire dans laquelle il avait envie de noyer son visage, ou encore, qu’il voulait tirer comme les rênes d’un cheval sauvage…

Gaël détourna les yeux puis les reporta sur elle. Elle allait et venait dans la cuisine, tranquille, fredonnant tout bas…assis à la table, Lespinasse se mit à repenser à ce cauchemar qui l’avait rendu nerveux. Il n’était pas du genre à interpréter des rêves, mais celui-là avait été si réel, si vivant, qu’il ne pouvait pas ne pas en tenir compte. Belucci était certes prêt à tout pour sauvegarder sa réputation et sa liberté, mais, jusqu’où serait-il prêt à aller pour ne pas finir en prison ? Serait-il capable de tuer son unique fille qu’il chérissait tant ? Ce nouveau cauchemar l’affectait plus que celui de Vanessa. Pourquoi ? il hésitait encore quant au nom qu’il devait donner à ce sentiment qui l’envahissait petit à petit. Ce qu’il pouvait affirmer par contre était qu’il ne laisserait personne faire du mal à Rafaella. Encore moins son père !

Lorsqu’elle déposa une assiette de pâtes devant lui, il la remercia d’un sourire. Elle s’assit en face de lui et commença à manger.

-          Rafaella… écoute, ca fait trois jours que l’on se parle à peine et…ce n’est pas sain de cohabiter dans de telles circonstances dit Gaël en la regardant droit dans les yeux.

-          Je suis d’accord.

-          Quoi ? tu…tu es d’accord avec ce que je dis ? balbutia-t-il surpris.

-          Oui. Si nous voulons mener notre projet à terme, il faut qu’une bonne ambiance règne entre nous répondit Rafaella. Alors ? quand passe-t-on à l’action ?

-          Euh…

-          Pourquoi cette hésitation ?

-          C’est parce que je n’aurais pas cru que tu accepterais aussi vite expliqua-t-il en la regardant par en-dessous.

-          J’en ai assez de me battre avec toi. Je vais apprendre à tempérer mes accès de colère et voilà. Alors ? par quoi on commence ?

-          …par une petite question. Saurais-tu par hasard si ton père possède un coffre-fort chez lui ou toute autre chose susceptible de cacher quelque chose d’important, de valeur ?

-          A ma connaissance, il n’y a aucun coffre à la maison. Mais lorsqu’il m’a acheté mon premier bijou, il l’a gardé pour moi de peur que je ne le perde ou qu’on me le vole.

-          Et où l’a-t-il gardé ? dans sa chambre ? à son bureau ?

-          Non…je me rappelle qu’il a disparu un instant dans la bibliothèque qui fait aussi office de bureau.

-          Tu ne l’as pas suivi ?

-          Non.

Gaël disparut dans la pièce voisine puis revint avec une plume et une feuille de papier. Il écarta l’assiette de Rafaella et les posa devant elle.

-          tu peux tracer les plans de la maison ?

-          bien sûr.

Lorsqu’une dizaine de minutes après, elle lui tendit son croquis, Gaël ne put retenir un sifflement admiratif.

-          Et ben dis donc ! c’est très bon tout ca !

-          J’ai pris des cours de dessin dès l’âge de douze ans fit savoir Rafaella avec un sourire de fierté.

-          C’est bien…alors, on a le hall d’entrée, l’escalier en spirale qui mène à l’étage, là on a le salon, puis la salle de fêtes, et là c’est quoi ?

-          La cuisine, et à gauche, tu trouves la salle à manger.

-          Ok. Et on passe par cet escalier pour atteindre la bibliothèque.

-          Exact.

-          Et tu es sûre que ton père a sa petite cachette à l’intérieur ? demanda-t-il incertain.

-          J’en suis sûre. Je ne sais pas où précisément si c’est en arrière du portrait de ma mère ou parmi les rayonnages, mais je suis persuadée que c’est là-dedans. D’après toi, il cache quelque chose qui pourrait nous être utile ?

Gaël garda le silence, se souvenant d’une caméra qui enregistrait tout alors que ce malade de Belucci zigouillait sa femme.

-          Gaël ? l’appela Rafaella. Ca va ?

-          Oui. Tout ca bien. Tout va très bien la rassura-t-il…Rafaella, je ne veux pas que tu viennes avec moi lorsque j’irai là-bas.

-          Quoi ?

-          Tu resteras ici.

-          Non. Je veux participer. Je veux y aller !

-          Par mesure de sécurité, il est préférable que tu ne m’accompagnes pas.

-          Ah ? et tu penses à ma sécurité en voulant me laisser seule ici ? s’écria-t-elle.

-          Tu ne seras pas seule. Mon chef viendra te surveiller.

-          Reynolds ? pff! C’est justement ce que je trouve peu prudent. D’ailleurs, je n’ai pas besoin de baby-sitter ! je veux faire partie de l’aventure ! s’entêta-t-elle.

-          Non ! tu te rends comptes si ton père est l'a ?

-          Alors nous l’affronterons ensemble ! avança-t-elle.

-          Alors nous mourrons tous les deux. Ne sois pas stupide Rafaella !

-          Et toi ne me prends pas pour une imbécile. Je viendrai avec toi ! déclara-t-elle en le défiant du regard.

-          Ne comprends-tu  donc pas que si je fais ca c’est pour te protéger ? explosa-t-il.

Rafaella sursauta, surprise par le ton furibard qu’il employait. Gaël vint s’accroupir a ses pieds et lui saisit la tête à deux mains.

- J’ai déjà perdu des personnes chères a mon cœur…je ne voudrais pas t’ajouter a cette liste…je ne veux pas te perdre Rafaella.

Le masque du mensongeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant