Gaël ne se rendit compte de la disparition de la carte-mémoire qu’en se déshabillant à son appartement (qui n’était plus surveillé par Belucci, il s’en était assuré). Il était alors retourné à la maison de ses parents pour la chercher…et il ne l’avait pas trouvée. Par contre, il avait découvert sa lampe de chevet brisée, la lettre qu’il avait laissée à Rafaella chiffonnée, et la rose rouge à la poubelle, signes d’une forte colère. Gaël s’imaginait clairement comment elle avait réagi. Une femme comme elle : fougueuse, indépendante, avec un fort caractère ; se voir plaquée sur un bout de papier blanc ? C’était carrément vexant !
Gaël était rentré chez lui, seul, se sentant vaguement coupable vis-à-vis de celle qui l’avait en quelque sorte ressuscité ; mais, promettant de récupérer son bien.
XXX
Le lendemain, Rafaella était assise à table avec son père, déjeunant tous les deux, et prêts à partir chacun à leur travail. Il était à peine 7 heures.
Droite sur son siège, vêtue intégralement de noir avec un pull à col cheminée sans manches par-dessus une jupe longue s’arrêtant à hauteur des chevilles, fendue à mi-cuisse du côté droit, avec des cuissardes en cuir à hauts talons. Ses longs cheveux noirs étaient relevés au-dessus de sa tête en queue de cheval et mettaient en valeur l’ovale de son visage et la profondeur de ses yeux de poupée ombrés de noir.
- J’aurais pensé que Christopher dormirait ici dit alors son père pour briser le silence.
Rafaella arqua un sourcil, comprenant très bien où il voulait en venir.
- Il était fatigué.
- Lui ? ou toi ?
- Pour être franche papa, Christopher ne fait pas partie des projets que j’ai en tête.
- C’est-à-dire ? insista Sergio.
- C’est-à-dire que lui et moi c’est du passé. Nous avons décidé…d’annuler le mariage. C’est bien mieux ainsi.
Son père garda le silence quelques bonnes secondes, les yeux braqués sur elle, tentant de deviner ce qu’elle avait réellement en tête. Rafaella ne détourna pas son regard et soutint le sien sans ciller. Finalement, le verdict tomba :
- Tu devrais consulter un psychologue. Les derniers événements t’ont énormément affectée.
- Je suis très affectée en effet mais je me passerai des services d’un psy ! rétorqua-t-elle sèchement.
- Christopher est un jeune homme beau, cultivé, fidèle, travailleur…c’est quelqu’un de bien !
- Je ne dis pas le contraire. Le fait est que je ne l’aime pas de la manière qu’il le mériterait. Je voudrais que tu respectes ma décision papa. D’accord ?
Sergio ne répondit pas et saisit un raisin dans son assiette à dessert.
- Bien ! poursuivit-elle. Assez parler de moi. Que représente Poppy pour toi ? je la trouve très complice avec toi pour n’être rien d’’utre qu’une amie.
Sergio envoya un autre fruit dans sa bouche sans la quitter ses yeux. Aucune émotion ne se lisait sur son visage.
- Qu’est-ce que tu veux dire par complice ?
- Je veux dire qu’elle est belle, encore jeune, sensuelle…vous êtes amants ? insista-t-elle.
- A ce que je sache, dit-il, je suis encore jeune pour certaines…distractions. Comme tu le sais assurément, l’homme a certains besoins qu’il doit combler.