chapitre 8

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Assis sur le sable, Gaël regardait l’horizon d’un air indécis. L’eau de mer allait et venait sur le sable sous forme d’écume. Le ciel s’assombrissait peu à peu, signe qu’il allait pleuvoir.

Les bras entourant ses jambes qu’il avait repliées contre son torse ; le commissaire Lespinasse ne pouvait s’empêcher de se sentir mal dans sa peau. Il avait envie de hurler. Sa vie prenait une direction qu’il tenait à éviter mais qui le harcelait sans cesse. Lui qui mettait en prison les hors la loi, avait changé de camp. Sa vie était vraiment merdique, songea-t-il. Qui aurait pu dire qu’il se retrouverait là, à mentir à son chef, et à se cacher pour mieux pouvoir se venger d’un homme plus influent que lui ? Gaël renifla et sécha ses joues qui s’étaient mouillées sous l’assaut de ses larmes. Merde alors ! Voilà qu’il pleurait. La dernière fois qu’il avait fait ca, c’était lors de l’enterrement de sa femme.

Il soupira et porta son regard vers la maison. Il ne put s’empêcher d’éprouver  des remords vis-à-vis de Rafella. Pauvre gamine ! Elle avait été dorlotée et chouchoutée par un père qu’elle plaçait sur un piédestal, croyant qu’il était un saint, alors qu’il était en réalité un misérable hypocrite et assassin. Cela devait être dur pour elle d’imaginer son cher papa en criminel. Mais le fait est qu’il en était un. Fourbe, rusé, et dangereux.

Gaël se leva alors que la pluie se mettait à tomber, et que la clarté du ciel avait fait place à l’obscurité. Les éclairs zébraient les nuages sombres et le tonnerre se mit à gronder, rendant menaçant l’aspect de la mer qui, quelques secondes plus tôt était paisible. En courant, Lespinasse regagna la maison. Dès qu’il y entra, il se rendit dans la chambre et téléphona à son chef.

-          Gaël ? Mon garçon, quel plaisir de t’entendre ! s’écria Reynolds. Comment te portes-tu ?

-          Cela fait plaisir de vous entendre aussi  chef. Et je me porte à merveille. Comment vont les gars ? Ils ne font pas trop de bêtises ?

-          Mais non, ils se conduisent bien. Au fait Gaël, tu ne devineras jamais qui est passé nous dire coucou.

-          Qui donc ?

-          Sergio Belucci en personne ! et le signor s’est montré d’une arrogance !

-          Que voulait-il ? s’informa Gaël avec un sourire en coin.

-          Il voulait savoir pourquoi sa fille ne lui a pas encore été ramenée. D’après lui, nous ne faisons pas ce pour quoi on nous paye.

-          Voyez-vous ca ! fit Gaël en s’asseyant sur le lit. Et qu’à-t-il dit d’autre ?

-          Rien de bien important, à part qu’il nous passe des ordres comme si nous étions des domestiques. Tu n’imagines pas combien il se prend pour Dieu !

-          Oh, mais je l’imagine. Je l’imagine même très bien, dit-il alors que son regard se posait sur le corps nu de sa captive endormie.

-          Gaël ?

-          Chef ?

-          Tu sais que je t’aime comme mon propre fils et ceci dès le premier jour où tu es entré à l’académie de police ; alors, si tu t’étais fourré dans de sales draps, est-ce que tu me le dirais ?

-          Où voulez-vous en venir Reynolds ? soupira gaël en se massant la tempe. Vous n’avez pas confiance en moi ?

-          Bien sur que oui mon garçon. Et c’est parce que j’ai confiance en toi que je n’aimerais pas avoir à le regretter…celui qui a enlevé cette fille a pénétré dans l’église sans être vu…et il n’a pas laissé d’empreintes, conclut lentement le vieil homme.

Le masque du mensongeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant