Chapitre 1

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Jacë

J'entrai dans un pitoyable bar situé dans un quartier assez paumé où j'étais apparu après m'être encore une fois battu avec Nölan. Je jetai un regard circulaire dans la pièce seulement pour apercevoir des adolescents en train de se soûler pour oublier ou s'amuser.

Je bousculai quelques personnes qui me barraient le chemin et certains d'entre eux me dévisagèrent, mais je les ignorai. Je dégageai violemment un adolescent d'un tabouret et m'y assis. Je commandai un shooter de vodka, puis le bus cul sec. J'en recommandai plusieurs autres et les enfilaient en pensant à elle.

Allison.

Je l'avais tué.

Quel gâchis quand même, pensai-je.

Tout d'un coup, j'entendis plusieurs verres tomber sur le sol derrière moi, mais personne n'y prêta attention jusqu'à temps que j'attende une voix familière.

-Je suis désolée, bégaya une fille aux prunelles vertes, je vais tout payer.

Mes sourcils se froncèrent et je me relevai avec rapidité du siège où j'étais assis. Un sourire sadique naquit sur mes lèvres, mais je m'empressai de le retirer quand mon regard croisa celui de la jolie brune.

Elle porta sa main à sa bouche, surprise, puis paya sans tarder les verres remplis d'alcool qu'elle avait brisé avant de se précipiter vers moi. Ses bras s'enroulèrent autour de mon cou et sa tête se posa contre mon épaule.

-Olivier ? Ô mon dieu, j'arrive pas à y croire ! On vous cherchait partout Allison, Cameron et toi ! La police a même lancé une enquête mais l'a fermée après que quelqu'un ait effacé tous les indices.

Une chance que j'ai pensé à demander à Lücas de s'en charger, pensai-je.

Je mis mon sourire le plus hypocrite et resserrai mes bras autour d'elle.

-Je suis désolé, j'aurais dû t'appeler !

-T'étais où Oli ? On était supposé allé au cinéma et tu m'as planté là, puis t'es disparu me laissant aucun message tout comme les autres !

-Je t'expliquerai tout, mais est-ce qu'on peut aller dehors ? C'est trop bruyant ici.

Sentiment humain, ridicule, pensai-je.

Léonie hocha la tête en guise de réponse et elle m'empoigna la main pour me tirer à l'extérieur. Elle me plaqua au mur de béton derrière moi et m'embrassa avec empressement. 

Des scènes où Nölan et Allison s'embrassèrent se bousculèrent dans ma tête et je repoussai avec violence Léonie. Je lui lançai un regard plein de mépris et de dégoût et elle recula de quelques pas avant de me fixer dans les yeux.

-J'arrête de jouer, je suis pas Olivier, grognai-je entre mes dents.

Je m'avançai rapidement vers elle en faisant exprès de la rendre folle avec mes changements d'humeurs. Un éclair de peur traversa ses orbes vertes et elle se retourna pour se mettre à courir.

-Mais chérie ! Attends-moi, c'est pas ce que je voulais dire.

-Va-t'en ! hurla-t-elle d'une voix étranglée.

-Oui, non, peut-être ? Qui le sait ?

J'entendis ses sanglots résonner entre les murs de béton. On entendait les bruits de ses talons claquer sur le sol.

Je vais finir mon travail, j'ai tué toute la famille d'Allison, ses amis et elle-même, manque plus que Léonie, pensai-je.

-Ça sert à rien de courir !

Je savais tôt ou tard que cette fille allait pitoyablement tomber au sol et... voilà. Un cri de douleur sortit d'entre ses lèvres et j'étais désormais à une dizaine de mètres d'elle. J'entendis ses supplications et je criai :

-Pourquoi tu me supplies déjà ? Tu sais même pas si je vais te tuer et de toute façon, ça sert à rien !

J'étais maintenant à côté d'elle. Difficilement, Léonie se recula vers le mur de béton. Elle ramena ses jambes à sa poitrine et son mascara avait coulé sur ses joues. Ses yeux étaient rouges et remplis d'eau, ses lèvres tremblaient et elle tenait son téléphone entre ses ongles manucurés.

Brutalement, je le lui pris des mains et sortis son téléphone du mode veille. L'heure et son fond d'écran apparu dans une faible lumière et un sourire se dessina sur mes lèvres.

Je collai mon dos au mur et me laissai glisser. Je sentis le corps de l'adolescente se tendre quand je la frôlai et je me mis à bien observer le fond d'écran.

-Cette fille était une salope. Sérieusement, elle était à moi et mon putain de frère me l'a volé et elle l'a laissé faire, hurlai-je, fou de rage.

-Allison n'est et ne sera jamais un objet.

-Oh tu veux dire n'était pas un objet, murmurai-je avec un affreux rictus.

J'entendis sa respiration se bloquer dans sa gorge et elle ne rajouta rien. Je passai un bras autour de ses épaules et elle ne bougeait pas d'un pouce. Tout ce que j'entendais était sa respiration saccadée.

-Ouais, d'un couteau dans la poitrine. Mais qui aurait pu faire une chose aussi affreuse ? demandai-je feignant l'ignorance.

-Elle me l'avait dit. Je ne l'ai pas cru.

-Qui ? dis-je, ennuyé.

-Jasmine, elle m'avait dit qu'elle soupçonnait qu'Olivier était le Prince des Ténèbres et je ne l'ai pas écouté.

-Oh, dommage, tu aurais dû l'écouter parce que ça causera ta mort.

Sans un mot de plus, je glissai mes mains autour de sa gorge et serrai. Elle se mit à suffoquer et elle essaya de se dégager en me frappant au torse sans succès. Ses yeux se mirent à se fermer peu à peu. Juste avant, elle murmura :

-Je te pardonne. Oli, je te pardonne.

Je roulai des yeux.

Est-ce que cette conne sait qu'Olivier est mort au moins ? J'aurai dû lui dire pour la faire pleurer davantage.

Je me relevai en enlevant la poussière de mon pantalon et regardai de chaque côte de la ruelle avec un petit sourire satisfait avant de dire :

-Voilà ma définition de bonheur.

Princesse des Morts [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant