La quatrième lettre : Ticket

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Chère Jersey,

Je ne sais pas si tu t'en souvenais de ce souvenir. Je ne crois pas, ou du moins tu n'en as pas fais allusion une seule fois dans tes lettres. Mais si tu devais parler de tous nos souvenirs et en écrire chacun dans une lettre, tu serais encore en train d'en écrire une. Comme tu parlais de certains souvenirs, je crois qu'il est plutôt préférable que je parle de d'autres souvenirs, non ?

Je ne crois pas que c'était un souvenir marquant pour toi puisque que tu ne l'as jamais cité véritablement dans tes lettres. Puis, souvent tu me parlais de tes états d'âmes et non que cela me posait problème mais juste que cela ne me permettait pas de savoir quel souvenir te marquait vraiment le plus hormis ceux que tu m'avais cité. J'aurais aimé avoir ton avis, savoir des pensées pour chacun des moments que l'on a passé ensemble, autant les bons que les mauvais. Ce genre de désir me trottent tout le temps dans la tête, surtout depuis que tu n'es plus de ce monde.

Jersey, tu ne peux pas imaginer à quel point c'est dur de vivre sans toi, d'écrire que « tu n'es plus de ce monde », écrire des « tu es morte » et encore plein d'autres choses dans le genre. Les souvenirs c'est douloureux lorsque la personne avec laquelle on les avait créé n'est plus de ce monde, n'est plus là, qu'elle partie pour un monde meilleur dans le ciel. C'est tellement dur de rester sur la terre ferme quand on sait que la personne qu'on aime le plus au monde n'est plus là et ne sera plus jamais là. Avant, je crois que je tenais parce que tu étais encore là mais maintenant que ce n'est plus là, je ne sais pas si je saurais tenir puis je ne l'ai encore dis à personne.

Jersey, j'espère que tu ne m'en veux pas, mais les garçons ne le savent pas. Les seules personnes qui sont au courant que tu es partie pour le ciel, pour un endroit merveilleux, c'est Samuel –qui est morte aussi dans l'accident-, la famille de celui-ci, Nael, toi et puis moi. Nous sommes les seuls qui sont au courant que ni toi ni Samuel vous êtes encore parmi nous. Je n'ai pas le cœur à le dire aux garçons ou encore à ma petite amie, Harika. Même ma famille n'est pas au courant alors qu'ils t'aimaient tellement, si tu savais.

Ils ont été tellement déçu lorsque je leur ais annoncé que c'était bien finit entre nous, que la presse avait raison ; pour une fois. Même que Théo, mon neveu m'a fait la gueule pendant au moins deux semaines en se plaignait que tu étais meilleure que moi et que tant que je ne me remettais pas avec toi, il ne me parlerait pas. Il a réussit à tenir deux semaines ainsi et c'est beaucoup, sachant que j'ai presque passé une semaine et demie avec lui. Il est encore plus mignon, maintenant tu le verrais, tu fondrais sur place et voudrait sûrement un gosse sur le champ.

Je vais t'avouer quelque chose, Jersey. Lorsque j'ai manqué de te perdre après l'accident et aussi tentative de suicide, j'ai pensé à notre avenir. J'étais sur le point de te demander en mariage et de savoir si tu voulais des enfants, si tu te sentais prête pour cette vie d'adulte. Parce que c'est vrai, on n'était encore un peu comme des adolescents. Assez maladroit en amour, assez gauche dans l'expression de nos sentiments, la peur dans le ventre face au futur et puis, plein d'idées dans la tête mais qui ne passaient pas la barrière des lèvres.

On s'aimait encore comme deux adolescents et j'étais sur le point de te demander si tu ne voulais pas passer au stade d'une idylle d'adulte avec moi lorsque j'ai mis fin à notre couple, à notre relation. Je regrette mon geste à présent et tu n'en as pas la moindre idée d'à quel point les remords et les regrets me rongent de l'intérieur. Nous aurions pu avoir l'éternité mais j'ai tout coupé en trois années. J'ai arrêté à 3 ans de relation alors que toute la vie était à nous et que nous aurions pu aller très loin. Je ne sais même plus pourquoi j'ai rompu avec toi, pourquoi je les ai laissé me convaincre que c'était la meilleure des solutions pour mon image et celle du groupe.

Ils ont réussis à me convaincre alors que tu étais tous à mes yeux. Mais j'étais complètement perdu à ce moment-là. J'étais comme une brebis égaré lors de la période de chasse. On me posait des multitudes de questions sur toi et je répondais que c'était un simple accident alors qu'on au fond de moi, je m'en doutais que c'était bien plus que cela mais je ne t'avais rien dis parce que je n'en ai pas vraiment eu l'occasion, et puis, je n'avais pas envie de me disputer avec toi pour une connerie pareille alors qu'en réalité ça avait son importance. Peut-être que si j'avais parlé avec toi, nous n'en serions pas là aujourd'hui mais à un exact opposé.

Si nous en avions parlé, sûrement que nous serions mariés et nous aurions peut-être déjà un enfant au lieu de se retrouver ainsi, toi morte et moi complètement à la masse et tellement nostalgique que je vais finir par en mourir. Je sais que ce n'est pas très bon de se rappeler de tout cela mais je n'y peux rien. Tu avais débarqué dans ma vie, du jour au lendemain, tu y es restée un an et je t'en ai jarreté du jour au lendemain.

Mais non, j'ai fais le con et j'ai merdé et je ne suis pas rattrapé à temps pour que nous puissions rattraper le temps perdu et pour que nous nous accordons une nouvelle chance. Je n'ai pas été assez rapide et la vie m'a devancé, cette sale garce. J'étais en ville et je te cherchais pour te parler. J'étais chez moi, dans ma maison luxueuse à chercher à savoir où tu habitais à présent alors que tu étais dans la voiture, mourant d'un coup du lapin. J'aurais pu nous rattraper mais je n'ai pas été assez rapide, croyant qu'on avait toute la vie devant nous et ne me doutant pas le moins du monde que tu étais peut-être en train de donner ton dernier souffle de vie.

J'aurais du changer les tickets. Pas un putain de ticket de train, d'avion ou quoi pour venir plus tôt vers toi et arriver avant l'accident ou n'importe quelle autre débilité du genre. J'aurais du changer de ticket à la loterie de la vie. J'aurais pu changer le cours des choses parce que je ne crois pas au destin. Je ne crois pas que tout est écrit à l'avance pour notre vie.

Il y a bien certains facteurs qui donnent plusieurs possibilités à notre futur, qui font que tout changer et donc tout n'est pas nécessairement écrit totalement à l'avance. Tout peut changer et je crois que j'aurais vraiment du changer de ticket à la loterie de la vie. Tout n'est pas que « hasard », « destin », « chemin tracé », « route prédestinée » et autre connerie.

Je crois plutôt que les choses viennent comme elles viennent en fonction de ce qu'on a fait récemment, de ce qu'on envisage de faire ou de ce qu'on a fait dans le passé. N'importe quoi, même un regard ou une pensée, une seconde de sommeil en plus ou une peur qui nous parcourt l'estomac et tout change et tout ce que la vie avait peut-être prévu pour nous change totalement et elle doit tout recommencer à zéro.

C'est peut-être pour ça que la vie déteste les humains, nous sommes tellement imprévisibles, impulsifs et parfois égoïstes, qu'on agit sans penser aux autres ou aux conséquences et ainsi elle doit tout redessiner pour nous. Si ça se trouve, je me goure totalement mais j'y pense souvent, que la vie fonctionne ainsi. Je ne suis pas quelqu'un des plus réfléchis et intelligents mais je me pose des questions, notamment si la vie n'est pas une loterie géante et si elle prend soin de ses petits oisillons d'une façon ou d'une autre, par exemple en mettant telle ou telle personne sur notre route. J'en sais foutrement rien et franchement, je crois autant en ta transformation en une étoile qu'en la loterie géante de la vie. Puis, je crois que je t'ai enfin trouvé, dans le ciel au milieu de toutes ces veilleuses.

-Niall

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Musique ; Change Your Ticket - One Direction


Dear Jersey//n.hOù les histoires vivent. Découvrez maintenant