Avant la treizième lettre

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Niall fronça les sourcils. Il ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. Son estomac grognait. Il commençait à retrouver l'appétit. Il avait l'impression que la thérapie des lettres commençait enfin à fonctionner alors qu'il avait commencé à perdre espoir. Il n'en revenait simplement pas. Il n'arrivait pas à y croire et il posa sa main sur son ventre, là où devrait se situer approximativement son estomac. Il écarquilla les yeux alors que l'organe du système digestif grogna encore.

Il faut aussi avouer que l'odeur de poulet rôti qui émanait depuis la cuisine au rez-de-chaussée aidait beaucoup son appétit à se créer. Il leva les yeux au ciel et laissa un mince « merci » échappé de ses lèvres. Il était destiné à la jeune brunette, qui depuis son étoile veillait sur lui, veillait à ce qu'il reprenne la main sur lui-même, veille à ce qu'il ne sombre ; du moins il en était persuadé qu'elle le faisait, elle le lui avait promit quand même.

Niall ouvrit la porte de sa chambre, reniflant l'odeur qui avait envahit tout l'étage. Il referma la porte derrière lui parce qu'il sentait déjà qu'il ne saurait point dormir s'il avait une odeur de poulet rôtit dans sa chambre. Il avait déjà une fois essayé ; il avait oublié de fermer la porte en descendant à la hâte les escaliers ; et il n'avait pas envie de réessayer une nouvelle fois. Il avait besoin de dormir et cela se voyait sur les traits de son visage. Il arriva au pied des escaliers et avança, traversant le salon, la couloir où se trouvait la porte d'entrée, traversant ensuite la salle à manger pour enfin arriver jusqu'à la cuisine ; sûrement sa pièce favorite dans la maison avec la salle à manger et sa chambre.

Niall s'accouda au chambranle de la porte. Il regardait sa mère à la tâche de la cuisine, comme toujours. Il ne savait pas où se trouvait son père et cela l'importait peu aussi. Ce n'était pas qu'il s'en foutait mais ce qui l'intéressait le plus était le poulet qui rôtissait dans le four, sous ses yeux. Sa maman passait quelques fois devant et il pestait dans sa barbe quand elle lui cachait la vue qu'il avait sur la viande du repas de ce soir mais cela ne durait jamais bien longtemps. Il fixait la viande et ne remarqua même pas que sa mère avait enfin remarqué sa présence et était en train de le regarder en levant les yeux au ciel et en ayant un sourire sur les lèvres ; enfin de compte il n'avait pas tant changé que cela. Il était encore un peu, toujours le même.

Niall releva et croisa le regard de sa maman qui avait encore son grand sourire sur les lèvres. Il souriait bêtement aussi, sachant déjà ce à quoi pensait celle qui l'avait mit au monde ; « Toujours ce même et énorme gros bouffeur ». Le blondinet n'était pas vraiment prêt de changer sur ce niveau-là, même s'il avait eu quelques problèmes culinaires de l'annonce de la mort de Jersey jusqu'à présent. Sa maman lui fit un signe de tête et il se dirigea vers la salon, prenant place sur le canapé avec la dame sur ses talons. Il tapota doucement la place sur sa gauche où elle prit place rapidement croisant ses jambes et tournant ensuite le regard vers son fils, perdant ainsi son sourire. L'irlandais fronça les sourcils ne comprenant pas le changement de réaction de sa mère.

-Ca va ? Demanda-t-il, inquiet d'un tel changement de réaction.

-N'oublie jamais qu'il y a une lumière dans chaque personne. Tout le monde peut voler. Déploie tes ailes pour englober tout l'univers, parce que toi aussi tu en es capable. Il n'y a pas que Jersey dans la vie. Je sais que tu as mal, mais tu peux aussi briller et peut-être même plus qu'elle alors, continue de sourire et relève la tête. Je sais que c'est dur, elle faisait un peu partie de la famille, malgré tout, mais ne baisse pas les bras. Ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu. Tu peux briller et voler mieux qu'elle, plus fortement qu'elle. Jersey est peut-être dans le ciel, mais ce n'est pas pour autant que tu es mort, que tu es dans le ciel toi aussi même si elle est partie avec ton cœur, répondit-elle, des étoiles dans les yeux et la voix tremblante.

Niall écarquilla les yeux, il ne s'y attendait. Il ne s'attendait pas à ce que sa mère lui dise de pareils mots. Il avait oublié à quel point les mots des mères étaient sûrement les meilleurs mots de la Terre. Il avait oublié à quel point les mamans étaient sûrement les meilleures personnes pour réconforter leurs enfants, que ce soit un garçon ou une fille. Il avait oublié, du moins il s'était égaré de la vérité, d'à quel point sa mère était merveilleuse, douce, gentille et qu'elle trouvait ; elle aussi, comme Jersey ; les bons mots pour le réconforter.

Niall avait presque oublié ce que c'était que d'avoir une mère dans toute cette situation de peine, de deuil, de mort, de chagrin, de rupture, de lien cassé, d'ange, d'étoiles, de lune, de « résurrection », de regrets, de remords, de nuages, de pluie, d'orage, de haine, de colère, de perte de confiance en soi, de manque, de renaissance. Il avait presque oublié ce que c'était que la famille. Il cligna plusieurs fois des paupières et prit sa mère dans ses bras, il en avait besoin. Il avait presque oublié ce que c'était que la vie.

« So, don't you ever say you're giving up?
No, there's no looking back
Cause we are all meant to fly
Spread your wings, across the universe
It's your time to, it's your time to shine
There's a light inside all of us
Soon, you'll find that it's your time to fly
It's your time to fly »

***

Musique ; Avril Lavigne - Fly (for Special Olympics)


Dear Jersey//n.hOù les histoires vivent. Découvrez maintenant