Chapitre 5. Une idée en tête

6K 472 59
                                    

Le soir venu, il était temps pour Merida de prendre son service du soir, c'était celui qu'elle aimait le moins, sûrement parce qu'il y avait bien plus d'ivrognes, qu'au cours de la journée. Mais il ne fallait pas nier que parfois, elle faisait de belles rencontres. Il paraît que les hommes sont plus sincères quand ils abusent de bon vin. Elle enfila son tablier blanc par-dessus sa robe bleue qu'elle avait enfilée ce matin, elle ne voudrait pas la tacher, car elle n'a pas les moyens d'avoir une garde-robe aussi luxueuse que la Reine de France. Elle décida de laisser ses boucles rousses détachées, et observa quelques instants son reflet dans le miroir. « Tu devrais te reposer ma pauvre fille, tu as une tête à faire peur! » se dit-elle à elle-même. Mais Merida n'a jamais été du genre à rester en place, non, depuis sa naissance c'est une vraie boule de nerf. Elle descendit les escaliers menant à l'auberge – déjà bruyante – et se dirigea vers ses premiers clients. Elle enchaina plusieurs commandes, tenta d'échapper aux mains baladeuses de ces messieurs, et surtout de maintenir le rythme ! Plus les clients sont contents, plus elle récolte quelques pièces. Une bonne heure venait de s'écouler, quand trois hommes pénétrèrent dans l'auberge, et le silence se fit entendre. Merida se retourna pour découvrir qui provoquait ce trouble, et aperçu trois mousquetaires dans l'encadrement de la porte. Porthos, avec sa carrure imposante, s'exprima et l'agitation reprit de nouveau :

- « Nous ne venons arrêtez personne, veuillez-vous détendre ! »

Merida pencha la tête espérant voir le quatrième mousquetaire arriver, car oui, il en manquait bien un. Malheureusement pour elle, c'était Athos. Les hommes s'avancèrent vers la jolie rousse, Aramis joua les chevaliers galants en retirant son couvre-chef pour la saluer, tandis que Porthos et D'Artagnan avaient un sourire espiègle sur les lèvres. Merida s'approcha d'eux, une carafe de vin dans une main, un plateau dans l'autre.

- « Quel honneur de voir les mousquetaires du Roi sur mon lieu de travail, à croire que vous me poursuivez ! Ce n'est pas le cas, dites-moi? » Demanda-t-elle intrigué par leur visite.

- « Et bien mademoiselle, vous n'avez pas réellement tort à ce sujet, nous sommes bien là pour vous. » Lâcha d'Artagnan.

- « Vous m'en voyez, surprise ? Prenez cette table, suivez-moi. »

Merida les accompagna dans un coin plus calme, de l'auberge ; elle déposa le vin sur la table, et les laissa s'installer. La jolie rousse se demandait ce que les gardes du Roi voulaient lui dire. Était-elle coupable d'avoir tué cet homme ? Il était évident qu'Athos a dû leur dire que c'était elle. Il était intelligent et avait deviné. La jeune femme commençait sérieusement à s'inquiéter, et cela devait se lire sur son visage, vu la réaction de Porthos.

- « C'est d'ordre personnel, nous ne sommes pas en mission, du moins pas pour le Roi. »

La rouquine fronça les sourcils, c'était encore pire que ce qu'elle pensait. Elle s'apprêtait à répondre quand son patron l'interpella, derrière son comptoir.

- « Merida, tes clients te demandent ! »

- « Tu n'as qu'à les servir, ils sont tellement ivres qu'ils ne feront pas la différence ! Je prends une pause, ces messieurs ont besoin de faire affaire, apparemment ! » Cria-t-elle, elle attrapa des timbales et les posèrent sur la table. « Je m'excuse pour ce grossier langage, vivre entourée d'ivrogne ne m'aide pas ».

- « Croyez-moi, vous avez tout d'une femme ! » répondu Aramis, les yeux rivés sur le décolleté de la jeune femme.

D'ailleurs, d'Artagnan ne se gêna pas pour lui donner un coup dans les côtes, tout en ajoutant :

- « On ne parle pas ainsi aux dames, voyons ! »

- « Dis celui qui a courtisé la suivante de la Reine. » Renchérit Porthos.

- « Allons-en au fait, je n'ai pas toute la nuit ! » Répliqua Merida en prenant place autour de la table.

Les trois hommes se regardèrent, ils ne s'attendaient pas à une femme de tel caractère ; d'ailleurs ils ne purent s'empêcher de sourire. Lequel allait enfin cracher le morceau ? Merida posa son regard sur chacun d'eux, puis ce fut d'Artagnan qui prit la parole.

- « Nous avons besoin de savoir, si c'est bien vous, celle qui a sauvé la vie d'Athos, il y a quelques jours, dans cette même rue ? »

- « Et si je répondais oui, quelle serait ma sentence ? » Questionna la jeune femme.

- « Je le répète, nous ne vous voulons aucun mal, nous sommes ici pour Athos. » Répondu d'Artagnan.

- « Athos ? J'ai bien du mal à vous comprendre, pourquoi n'est-il pas avec vous ? A-t-il des ennuis ? »

Les trois hommes sourirent, apparemment ils avaient vu juste, la demoiselle semblait éprise du mousquetaire. Elle lui avait sauvé la vie, puis offert son hospitalité, c'était un signe ?

- « Il est avec le Capitaine de Tréville, mais vaut mieux qu'il ne sache rien de cette visite. Il pourrait nous étriper ! »

Ils éclatèrent de rire, mais qu'avaient donc en tête, ces mousquetaires ? Finalement, Porthos décida de prendre la parole, puisque d'Artagnan tournait autour du pot.

- « Nous pensons que notre ami Athos a un faible pour vous, chère demoiselle. Nous essayons de donner un coup de pouce au destin. Il a besoin d'une femme, la dernière en date l'ayant sérieusement malmené. »

- « Et pourquoi pensez-vous que cela est réciproque ? Je suis une femme libre, je n'ai pas besoin d'un homme. »

- « On ne parle pas d'un homme banal, mais d'un mousquetaire. Il est différent depuis votre rencontre. Soyez honnête avec nous, vous vous souciez bien trop de lui pour ne rien ressentir envers Athos? » Argumenta le plus jeune des trois.

Merida ne savait pas vraiment quoi répondre aux trois hommes, il faut dire que la situation est plutôt étrange. Qui aurait cru que ces « chevaliers » seraient des entremetteurs ? Ils doivent vraiment s'inquiéter pour leur ami, au point d'aller venir à l'encontre d'une jeune femme telle que Merida.

- « Merida, j'ai besoin de toi ! S'il te plait, tu pourrais reprendre ton service ? » Demanda à nouveau le propriétaire des lieux qui commençait à être débordé par les demandes.

- « J'arrive ! » répondit-elle. « Et bien, peut-être que si ... par le plus heureux des hasards, il se trouvait sur mon chemin demain après-midi, je lui accorderais mon attention. Je me balade régulièrement à cheval, non loin du domaine de Beauvillier. »

Sur ces mots, elle se leva, et un sourire de dessina sur ses lèvres. Elle se retourna et reprit la direction des tables remplies d'hommes en manque de vin. Mais avant de s'éloigner, elle ajouta à l'intention des trois mousquetaires :

- « Profitez de cette table, le vin vous est offert par la maison ! » Elle fit un clin d'œil aux gardes du Roi, et s'éclipsa.

- « Au plaisir de vous revoir, Merida ! » Ajouta Aramis son sourire charmeur sur les lèvres.


-----------------------------------------------

- Que pensez-vous de cette nouvelle quête pour nos mousquetaires? 




L'ange gardien des mousquetaires du Roi (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant