Chapitre 8. Confessions

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Assis l'un à côté de l'autre, tous les deux accoudés au comptoir ; Merida versa du vin dans chacun des verres. Elle leva son gobelet, et s'exclama :

- « Trinquons à ce repas qui fut fort agréable. Je ne m'imaginais pas vos frères d'armes, aussi bavards. Du moins, vous êtes bien silencieux comparé à eux. »

- « Je suis de nature, réservé. Je n'ai pas toujours été ainsi.» Répondit-il, avant de trinquer avec la jolie rousse.

- « Votre âme semble noircie par un regret ? Ai-je tort ? » Demanda Merida, de façon prudente.

- « Je dirais, un passé difficile à oublier. Mais ne parlons pas de moi, je n'aime pas m'étendre sur le sujet. Parlez-moi de vous, j'ai cru comprendre que vous n'êtes pas originaire de la capitale ? »

Athos avait dévié le sujet, comme l'avait prédit Merida. Il n'était pas encore prêt à se confier à elle, pourtant elle était persuadée qu'un jour, il le ferait. Même si la patience n'est pas le fort de la rouquine, elle semblait convaincue que le mousquetaire finirait par s'ouvrir à elle.

- « Effectivement, je vivais dans le comté du Poitou jusqu'à mes quatorze ans. La vie m'a poussé à venir jusqu'ici, dans la capitale. »

- « Vous avez quitté votre famille? » demanda Athos, surpris.

- « En réalité, c'est plutôt l'inverse. Je n'ai jamais connu ma mère, elle est décédée en me donnant la vie. J'ai grandi entouré de ma grand-mère paternelle et de mon père. Ils ont été très présents pour moi. Lorsque j'avais dix ans, à peine, ma grand-mère est décédée. J'étais la seule fille à la maison, j'aidais mon père comme je le pouvais. »

Merida était émue de parler de cela avec Athos. L'homme posa sur elle, un regard si attendrissant qu'elle en fut surprise.

- « Je comprends mieux d'où vous vient cette force. Vous avez cette façon de gérer chaque situation, sans attendre l'aide de qui que ce soit. » Ajouta-t-il.

- « Je m'en suis toujours sortie toute seule. Mon père m'a appris à chasser, à monter à cheval, à me battre ; de mon côté j'ai appris les choses que toutes les femmes doivent savoir. Il y a une seule chose que je n'ai su faire, guérir mon père. Il y a eu une épidémie de peste dans le village voisin, mon père qui s'y rendait tous les jours l'a attrapé. Il est décédé quelques jours plus tard. Du haut de mes quatorze ans, j'ai pris avec moi ce qui me tenait à cœur, et j'ai chevauché ma monture jusqu'à Paris.»

Les yeux brouillés par les larmes, Merida gardait la tête penchée ; elle ne voulait pas se montrer ainsi à Athos. Celui-ci releva son visage, et disposant ses doigts sous son menton.

- « Je vous prie de m'excuser, je ne voulais pas vous faire pleurer. »

Il essuyant les perles lacrymales qui roulaient sur les joues de la jeune femme. Merida fut troublée par ce geste d'affection que le mousquetaire lui témoignait.

- « Je n'ai jamais parlé de mon passé à quiconque depuis mon arrivée ici. Mais je ne regrette rien, c'était ma destinée, tout comme le fait de vous avoir rencontré. Je suis certaine que ce n'est pas un hasard. D'ailleurs, il semblerait que l'un de vos frères d'armes ne vous ait pas dévoilé l'un de mes secrets.»

- « D'Artagnan ? » C'était le premier nom qui lui venait à l'esprit, puisqu'il n'était pas de Paris – lui non plus. « Lequel détient ce secret ? » demanda-t-il intrigué.

- « J'ai connu Porthos, bien avant qu'il ne soit l'un des vôtres. J'étais très jeune à l'époque, mais je pense qu'il m'a reconnu. Quand je suis arrivée à Paris, je n'avais pas beaucoup d'argent, après plusieurs jours d'errance, votre ami m'a trouvé et m'a proposé de m'héberger à la cour des miracles. Je n'y suis pas resté très longtemps, je n'étais pas faite pour cette vie-là. Mon père m'a toujours enseigné que voler n'apportait aucun mérite. J'ai commencé à chasser, et je vendais les peaux du gibier sur le marché, c'est ainsi que j'ai rencontré monsieur Delacour, le propriétaire de cette auberge. Il m'a offert ce travail, et cette chambre au grenier. »

- « Vous êtes une femme respectable, Merida. Peu de personnes ont ce courage et surtout votre conscience. »

- « Je ne vous ai pas raconté tout ceci pour recevoir vos éloges, monsieur le mousquetaire. J'espère qu'un jour, vous ferez de même avec moi. Si votre passé vous hante, vous devez vous en débarrasser pour aller de l'avant. Parfois le dire à voix haute, aide à chasser ses vieux démons. »

Merida termina son verre de vin et ajouta en rigolant :

- « Désolé, je deviens bien trop philosophe après quelques verres de vin ! »

Athos esquissa un sourire, et termina son verre lui aussi. Il se leva, et s'adressa à Merida.

- « Je ferais mieux de rentrer, il se fait tard. J'espère pouvoir vous parler de mon passé, un jour. Je le ferais, je vous le promets. »

- « C'est déjà un bon début, vous voyez ! »

Merida se leva à son tour et l'accompagna jusqu'à la porte. Ils échangèrent un regard rempli d'émotions mais Athos encore rongé par son passé, baissa les yeux. Il salua une dernière fois Merida et quitta l'auberge. La jeune femme s'adossa contre la porte refermée, elle mourrait d'envie de l'embrasser, mais quelque chose, ou quelqu'un, retenait encore Athos.


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Nouveau chapitre...

- Que pensez-vous de ce tête à tête ?

- Athos finira-t-il par baisser les armes?

- Êtes-vous toucher par l'histoire de Merida?

L'ange gardien des mousquetaires du Roi (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant