Chapitre 9

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  Durant un été quand j'étais petit, je devais avoir quoi... Peut-être huit ou dix ans, mon père m'avait demandé de venir le rejoindre dans son bureau. Sur le moment, j'avais eu très peur. J'avais eu peur parce que jusqu'à ce jour-là, le bureau était une pièce interdite. Je n'avais jamais eu le droit d'y entrer.

Alors je m'étais imaginé le pire, je pensais que mon papa ne voulait plus de moi parce que j'avais oublié de nettoyer la caisse du petit chaton que m'avait donné ma grand-mère et j'en étais terrorisé.

J'avais été vraiment soulagé lorsque j'appris qu'il voulait simplement me donner le seul et unique exemplaire de notre Code Pénal, afin que je l'apprenne. Si je me souviens bien, j'ai passé une année entière à lire et relire chaque phrase de chaque article afin d'arriver à m'en souvenir parfaitement. J'avais longtemps boudé mes parents de m'avoir fait ça.
Mais aujourd'hui, je les remerciais. Je les remerciais parce que grâce à cela, j'allais pouvoir constituer un très bon dossier.

J'allais alors jusqu'à ma valise, pris un vieux carnet de note que j'avais toujours laissé dedans, espérant qu'un jour, je puisse m'en servir.
Ce jour est arrivé.
J'ai toujours aimé ce carnet. Il est très beau avec ces mélanges de bordeaux, de marrons et sa reliure couleur or. Si je me souviens bien, j'avais sauté dans les bras de ma grand-mère lorsqu'elle me l'avait offert, alors que je n'étais encore qu'un adolescent et je lui avais promis d'en faire bon usage. Alors y inscrire toutes les preuves que j'avais contre Paul Hardwin afin que je puisse vivre heureux avec mon calice, me semblait être le meilleur des usages.

  Je soulevais donc la couverture et, sur la première page encore blanche de toute encre, j'écrivais en gros, à l'aide d'un feutre noir que j'avais toujours sur moi : "Code Pénal - Article 1".
J'étais fier de moi. Je détenais là un élément que personne ne pourrais contredire et j'en étais tellement heureux !
C'était une preuve grâce à laquelle je pourrais faire sortir Louis de sa prison. Maintenant, il fallait que j'en trouve d'autres tout aussi irréfutables. 

   - Hum... Peut-être l'article 4 : "Tout Préfet coupable d'esclavagisme se verra déchu de ses fonctions politiques et recevra une punition à la hauteur de ses actes" ?

"C'est parfait !" me dis-je à moi-même avant de le noter dans le petit carnet.
Il me faudrait également un témoin. Et un bon. Quelqu'un qui accepterait de parler tout en ayant vécut les sévices d'Hardwin...
Pour des raisons évidentes, ça ne pourra pas être Louis : il est enfermé et se serait beaucoup trop dangereux pour lui de le faire sortir juste pour un témoignage. Surtout avec les larbins aussi malade que Paul lui-même qui pourrait vouloir se venger...
Non, il me faut quelqu'un qui a vécut des choses horribles, mais qui ne soit pas assez important pour moi pour qu'il se fasse tuer.

   - Niall ! hurlais-je soudain.

J'avais trouvé.
Le petit blond arriva en courant et ouvrit ma porte de chambre à la volé.

   - Harry, que vous arrive-t-il ?
   - Dans quel état se trouve Flora ? lui demandais-je.

Il fronça les sourcils.

   - Et bien, elle va mieux. Je pense qu'on devrait la garder ici encore deux jours, le temps qu'Hardwin pense qu'elle s'est échappée et puis elle pourra la ramener chez elle.
   - Tu penses que je peux aller lui parler ?
   - Oui, bien sûr elle est dans la cuisine.

Je lui dis un simple merci avant de partir en direction de la pièce citée.
Je trouvais l'adolescente dos à moi, assise sur une chaise face à la seule fenêtre non condamnée par des planches en bois.

   - Quand j'étais petite, j'ai souvent entendu parler des vampires. Ma maman me bordait en me racontant des histoires sur vous. Il y avait toujours un buveur de sang qui ne supportait pas la lumière du soleil. Mais ce n'était qu'un conte n'est-ce pas ?

A New VampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant