Chapitre 21

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  Sa demande me laissa littéralement sur le cul.

Je pouvais lire dans ses yeux à quel point il aimait sa fille, à quel point il voulait qu'elle aille bien, qu'elle soit protégée, mais justement, pourquoi avoir choisit de la laisser à des étrangers ?
Il ne me connaissait pas, il connaissait encore moins Louis, il ne pouvait pas savoir si sa petite Charlee serait bel et bien en sécurité, si nous serions capable de s'en occuper durant toute la période du procès. Moi-même je n'en étais pas certain.
Je m'étais déjà occupé d'enfants, mais d'un âge beaucoup plus avancé, je n'avais pas eu besoin de préparer des biberons, de changer des couches...
Oh mon dieu, comment changes-t-on une couche ? Est-ce que Louis le sait ? 

   - Ecoutez, je sais pertinemment que ma demande peut paraître absurde, mais je suis un père aimant et inquiet. Un père aimant et inquiet qui ressent le devoir de rétablir la vérité. Vous trouverez ça peut-être tout à fait égoïste, mais si je viens témoigner à ce procès, c'est aussi pour moi, pour mon bien personnel. Il a tué des collègues, des personnes desquelles j'étais très proche, et qui, pour, certaines, étaient de très bons amis. Moi aussi il m'a fait souffrir. Et ma présence requiert celle de ma fille et je sais que vous et votre compagnon en prendrez soin. Alors, je vous en conjure, acceptez. Vous êtes ma dernière chance... m'implora-t-il.

Ses yeux brillants m'indiquèrent qu'il était sur le point de pleurer.
Une partie de moi m'imposait la pensée que c'était une très mauvaise idée, que cette petite ne nous connaissait absolument pas, et qu'elle pourrait être perdu sans le repère qu'était son père. Elle pourrait rechigner pour manger, pleurer et même refuser de dormir...
La partie la plus sage de mon être, m'obligea à poser mon regard sur la petite : elle avait toujours ses petits yeux braqués sur moi et son sourire s'agrandissait dès que je faisais le moindre mouvement. Elle ne paraissait pas sauvage, comme pouvait l'être certains enfants, et j'étais persuadé que sa présence ferait du bien à Louis. Et puis, pour s'en occuper, ma mère serait là pour me donner des conseils, ainsi que Flora...

   - Très bien, c'est d'accord, je vais garder votre fille et la mettre dans un lieu sûr avec mon compagnon, le temps du procès. Quand vous voudrez la voir, il suffira de me le demander et les rencontres se feront ici. Seul mon père, ma mère et moi avons accès à cette pièce, vous ne craindrez rien ici. lui dis-je.

Il souffla un grand coup et ferma les yeux, un grand sourire prenant place sur ces lèvres : il était rassuré, et toute la pression qu'il avait accumulé venait de s'évaporer à ma simple réponse.
Je venais de lui retirer un lourd poids qui encombrait sa conscience.
Il se leva, prenant soin de caler confortablement sa fille contre sa hanche. Celle-ci, à peine dérangée par ce brusque changement de position, se contenta de poser sa tête tout contre son père et de fermer les yeux : elle se trouvait pourtant dans un environnement totalement inconnu, mais elle était très calme.

   - Je vous remercie du fond du coeur monsieur Styles, vous venez de grandement alléger mon coeur et mon esprit. Je vais pouvoir dormir tranquillement tout en sachant mon enfant en sécurité ! dit l'homme tout en me tendant sa main afin que je la serre dans la mienne, ce que je fis.

Sa poigne était dure, digne de l'homme fort et honnête qu'il paraissait être.
Quand il eu terminé de me remercier, il poussa, sans mon accord, la petite vers mon torse. Sur le coup, ne comprenant pas ce qu'il voulait, je le regardais d'un air interrogateur. Comme réponse, il ne fit que me sourire et poser le bébé contre moi.
Comme par réflexe, je passais mes bras autour de ce tout petit corps si léger, en prenant bien soin de maintenir sa tête contre moi, comme j'avais vu le faire monsieur Fisher un peu plus tôt.
C'était assez étrange de sentir une petite respiration contre mon cou, c'était étrange, mais aussi terriblement apaisant. Charlee n'avait pas esquissé ne serait-ce qu'un petit mouvement lors de ce changement de bras, et elle continuait de dormir paisiblement, comme si de rien n'était. D'avoir ce petit être, là, contre moi, me donnait envie de braver toutes les tempêtes possibles et inimaginables afin que sa vie soit des plus belle. Elle n'était pourtant pas ma chaire, ni mon sang, mais je ressentais l'envie de la protéger, le besoin de la protéger.
Cette petite me faisait penser à Louis : lui non plus ne possèdait pas les moyens pour se défendre seul, et même s'il ne le dirait jamais à voix haute, il se reposait entièrement sur moi pour sa sécurité.
Mais il n'y avait pas que ça, Charlee allait grandir, elle voudra alors découvrir le monde, tout comme Louis, qui, enfermé pendant quinze ans a été privé de tout cela. Même si elle est encore un bébé, et que Louis est mon compagnon, mon futur calice, leur situation est semblable. Et je ne veux pas que Louis souffre, alors il en est de même pour cette petite fille.

A New VampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant