Chapitre 28

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  J'avais pu partager mes doutes avec Niall, et, bien qu'il avait essayé au mieux de me rassurer, je pouvais sentir combien il était stressé. Lui aussi avait peur de ce qu'il pouvait arriver. Lui aussi avait quelqu'un à protéger. Il m'avait avoué que la nuit précédente, Flora l'avait supplié de faire d'elle son calice, mais qu'il avait refusé. Evidemment ce n'était pas un refus définitif, loin de là, mais elle était beaucoup trop bouleversée pour cela. Il y avait de cela, mais il m'avait également laissé entendre qu'il ne l'avait pas fait pour moi, enfin plutôt, à cause de moi –bien qu'il ne l'ai pas formulé de cette manière évidemment. Si Niall avait fait de Flora son calice, il aurait dû rester collé à elle durant trois jours. Seulement, durant ces trois journées, il n'aurait pas été dans la possibilité de m'aider, et, apparemment, cela lui était impensable.

Je me sentais terriblement mal. Ce garçon, un ami fidèle, avait repoussé la formation du lien avec sa compagne parce qu'il tenait assez à Louis et à moi pour nous aider. Je me sentais mal, mais également terriblement chanceux de pouvoir compter sur lui. Je lui rendrais la pareille quand je le pourrais, parole de Styles.

  Les deux heures et demie durant lesquelles j'avais décidé d'aller me balader étaient désormais passées, et j'étais heureux d'avoir discuté avec Niall. D'ailleurs, ce dernier m'avait demandé si pour cette dernière journée, Flora pouvait retourner dans l'appartement sécurisé, avec Louis, et j'avais bien entendu accepté. Nous avions donc conduit la jeune fille jusqu'à mon compagnon, qui fut extrêmement content de me voir. Il est vrai qu'il était rare que je parte avant que Louis ne se réveille. J'imagine que mon absence lui avait semblé bizarre. J'avais pris quelques minutes pour lui expliquer le pourquoi du comment, parce que je me voyait mal lui mentir, mais le petit air paniqué que je pus lire dans ses yeux ne me plu pas. Alors je l'avais serré longuement dans mes bras, et je l'avais embrassé, plus motivé que jamais à voir cette pourriture de Paul Hardwin être réduit en miettes.

  Neuf heures et trente et une minute. Tout le monde était installé dans la salle. Hardwin était sur le banc des accusés. Niall et moi nous étions cachés jusque là, afin que cette enflure ne puisse pas nous voir. Mon père m'avait avertis que les derniers témoins à être entendus seraient conduits dans une salle d'attente afin que la vision de Hardwin ou de ses petits toutous ne les influence pas.

Neuf heures et trente deux minutes, la porte s'est refermée. J'avais pourtant essayé d'entendre ce qu'il se disait à travers, mais le résultat ne fut pas concluant. L'avenir de mon compagnon était en train de se jouer, et je ne pouvais rien y faire. Niall était aussi tendu que moi. Me retenant de commencer à tourner en rond, je m'asseyais par terre en tailleur, et ne bougeait plus. Depuis ma rencontre avec Louis, je m'étais comporté comme un humain, oubliant presque parfois de me nourrir. Mais je ne l'étais pas. Je savais pertinemment qu'en ce moment même, là, assis et immobile comme je l'étais, la pâleur surnaturelle de ma peau ressortait. En me concentrant, toutes mes capacités, que j'avais préféré enfouir au plus profond de moi afin de ne pas faire fuir Louis, me revinrent. Ainsi, mon champ de vision s'agrandit, je pus percevoir la moindre petite odeur, le tissu de mon pantalon me parut encore plus doux, et surtout, mon ouïe s'affina. Sans que je ne puisse le contrôler, mes canines pointèrent le bout de leur nez, mais je ne m'en occupait pas : il y avait beaucoup plus important. J'étais passé en mode « attaque », me fixant sur mon objectif, et seulement celui-ci : anéantir Hardwin. Cela était rare qu'un vampire ne se fit seulement sur ses capacités et non sur sa conscience et sa réflexion, mais l'heure était grave : il s'agissait de mon compagnon.

Je pus sentir Niall s'asseoir à mes côtés avant de soupirer. Pour lui c'était plus simple, étant chargé de ma sécurité, il avait été formé pour réagir dans des situations d'urgence, c'était inné chez lui, il n'avait pas besoin de patience et de concentration...

A New VampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant