Chapitre 11

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  Niall et moi restâmes pratiquement deux heures assis sur ces chaises peu confortables à parler de tout et de rien, en observant le ciel qui commençait petit à petit à se couvrir, le soleil laissant place à de gros nuages noirs et à une pluie violente. Maintenant qu'il pleuvait, j'avais d'autant plus envie d'aller chercher Louis et de le mettre ici, dans mes bras, à l'abris. 

Mais je ne pouvais pas.
Alors quand mon ami décida qu'il était temps pour lui de rejoindre sa bien-aimée, je m'enfermais à nouveau dans ma chambre et, allongé sur le lit, je réfléchissais à ce que je pouvais faire de plus. Ayant pris mon carnet, j'écrivis rapidement qu'Hardwin employait des humains afin de diriger sa ville et le posait ensuite à mes côtés.

  Soudain, plus présente et plus forte que jamais, ma soif revint, créant de sévères brûlures dans ma gorge, comme si cette dernière n'avait pas été hydratée depuis plusieurs jours. Ce qui est d'ailleurs le cas, puisque je n'ai pas bu depuis deux journées maintenant, ce qui provoque un affaiblissement assez conséquent dans l'entièreté de mon corps.
Le sang que je bois est à la fois ma nourriture, ma boisson, ma force et ma vitalité. Si, dans la journée qui arrive, je ne prends pas ma dose de liquide carmin habituelle, mon côté vampirique prendra le dessus et son seul objectif, sa seule quête, sera son hémoglobine vitale. C'est dans ces moments-là qu'un vampire est le plus dangereux, parce qu'il se fiche de la personne qui se trouve en face de lui, il l'attaquera et le videra de son sang.
Je n'irais évidemment pas jusqu'à finir dans cet état. Ce serait beaucoup trop dangereux pour Louis. Même si je n'ai pas eu le temps de le goûter, j'ai toujours son odeur encrée dans le nez et dans la tête, je ne pourrais jamais l'oublier. Si j'entrais dans cet état de transe, je pourrais lui faire du mal, comme par exemple le faire mien sans que je ne sois véritablement conscient et, de plus, cela pourrait être douloureux pour lui, et c'est inenvisageable. Je veux que les seules choses que ressente mon petit Elfe quand je ferais de lui mon calice et mon compagnon pour toujours, soient du plaisir et la finition du lien déjà existant entre nous.
Alors oui, demain, je vais écouter Niall et je me servirais de cette poche de liquide rouge qui me nargue dans la cuisine, mais ça ne sera certainement pas par plaisir.
Le seul que je veux est Louis. Lui et seulement lui. 

  Fermant les yeux, j'essayais de faire le vide dans mes pensées, ne gardant que les souvenirs de mon Elfes préféré. Lorsque j'y parvins, je ressentis de la peur, un amour inconditionnel et quelque chose comme... du regret ? Oui, c'est absolument ça.
Ces sentiments ne sont pas les miens, mais ceux de Louis. Voilà une autre capacité des vampires : à partir du moment où j'ai trouvé mon calice, à partir du moment ou il m'a accepté comme compagnon, j'ai pu sentir, après une longue concentration, tout ce qu'il pouvait ressentir. Evidemment, ce sera beaucoup plus facile lorsque nous nous unirons, je n'aurais plus besoin d'être allongé, décontracté et concentré, mais c'était déjà un début : cela me permettait de savoir quand Louis était en danger.
Et justement, pourquoi ressentait-il de la peur ? De l'amour, du regret, je peux à peu près comprendre d'où cela vient et encore, je ne suis pas sûr d'avoir raison, mais pourquoi de la peur ?
Est-ce à cause de toute cette histoire, du fait qu'il ne puisse pas encore être à moi ? Est-ce qu'il a peur de l'orage violent qui fait rage dehors ? Non, il est un Elfe, la créature qui vit en communion avec la nature, ce temps doit plus le fasciner qu'autre chose ...
Alors qu'est-ce que c'est ?
Est-il en danger ? A-t-il besoin de moi ?
Ses sentiments s'effacèrent de mon esprit au fur et à mesure où la concentration quittait mon corps, ce qui m'énerva. À ce moment précis, j'aurais beaucoup aimé pouvoir lire les pensées de mon Petit Elfe. Ainsi, j'aurais pu le comprendre et ne pas m'inquiéter autant... Bon, ce n'est pas totalement vrai, puisque, quoi qu'il se passe, je m'inquiéterai toujours pour lui.
Mais ce n'est pas le sujet.
S'il était en train de lui arriver quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais. Mais en même temps si je me risque à aller le voir et qu'au final, il n'a rien, j'aurais certes gagné un moment de plus avec mon amour, mais je pourrais très bien me faire prendre par les hommes d'Hardwin...
Soupirant d'énervement, je me relevais, sortais de la chambre, longeais le couloir principal d'un pas pressé et ouvris la porte de la maison d'un geste brusque.
Tant pis pour les conséquences, je devais le voir.
Glissant entre les grosses gouttes d'eau et faisant tout de même attention à ce qui m'entourait, je gagnais très vite le couloir de pierre qui me menait à mon calice. Lorsque je fus devant la porte, je toquais trois fois et forçais les verrous. Quand enfin je pus pousser la lourde plaque de bois massif, une masse châtain me sauta dans les bras.
L'odeur délicieuse de mon compagnon me gagna le nez et j'entourais immédiatement mes bras autour de son corps tout frêle.

A New VampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant