- ALIX -
Lorsque je me réveille, je fais l'erreur d'ouvrir mes paupières précipitamment. En un instant, ma rétine est brûlée par toute la lumière que la pièce dégage. J'ai juste le temps de voir du blanc tout autour de moi. Ça doit être parce que la pièce est peinte de cette couleur que je me suis retrouvée aveuglée par la lumière reflétée.
Puis je réfléchis. Dans ma tête, je répertorie tous les lieux peints en blanc que je connais. Et c'est en remuant légèrement que je sais où je suis. En effet, la montée de douleur est fulgurante et je ne peux m'empêcher de verser quelques larmes.
Et en additionnant les facteurs "douleur" et "blanc" je comprends rapidement que je suis à l'infirmerie.
Tout me revient alors en mémoire. Marchal. Les coups. La douleur. La souffrance pure. Glenn qui s'en va et qui revient après ce qui m'a paru des heures. L'évanouissement libérateur. J'essaye de me rappeler de ce qu'il s'est passé après mais je ne n'y parviens pas. Néanmoins, vu l'endroit dans lequel je suis, je peux en conclure que quelqu'un m'a transporté ici après m'avoir trouvée.
Je réessaye d'ouvrir les yeux mais progressivement cette fois.
Je suis bien dans l'infirmerie.
Je me redresse lentement, très lentement, vu que chaque mouvement que je fais provoque une douleur atroce qui se répand dans tout mon corps.
Une fois assise, j'ai le plaisir de constater que je suis seule et que mes affaires sont posées sur une chaise à côté de moi.
Je tends le bras et ma manche se tire pendant que je fais un mouvement pour attraper mon portable - oui, j'ai enfin réussi à en avoir un ; je l'ai acheté ce week-end. Je constate qu'il est couvert de bleus. Je n'ose même pas imaginer l'état - sûrement pitoyable - dans lequel est le reste de mon corps. Merde. Je ne vais probablement pas pouvoir travailler pendant quelques jours. Il va falloir que je prévienne le patron. J'attrape mon téléphone - un charmant petit modèle noir à clapet - et je découvre qu'il est deux heures moins le quart.
Je suis restée inconsciente sacrément longtemps.
Je vois ensuite que j'ai reçu plusieurs messages de Lila.
De Lila - 9h39 : Alors ? J'ai raté beaucoup de choses ce matin ?
De Lila - 11h27 : Alix, tout va bien ? Tu ne m'as pas répondu.
De Lila - 12h54 : Alix ? Réponds moi s'il-te-plaît. Je commence à m'inquiéter.
De Lila - 13h36 : Putain Lili, tu m'inquiète là ! Par pitié, dis-moi qu'il t'es rien arrivé après ce qu'il s'est passé hier !
De Lila - 13h43 : Je te préviens, je viens de débarquer au lycée. Alors maintenant, tu me dis où tu es et que ça saute !
Je commence à taper une réponse avant de me souvenir que je ne peux pas faire ça. J'ai envie de lui répondre. Vraiment envie. Mais je ne peux pas.
Alors, à contrecœur, je repose mon téléphone et je me rallonge.
Je ne peux rien faire d'autre que ça pour le moment.- GLENN -
À 14h, je n'ai toujours pas de nouvelles de Garcia donc j'imagine qu'elle ne s'est pas encore réveillée. Et qu'elle n'est pas morte vu qu'on a pas eu droit à un camion de pompier ou de flics dans le coin.
Seul changement par rapport à ce matin ; la punk est en cours d'anglais avec nous. Elle est entrée, un air paniqué scotché sur sa sale tronche de tagada pink, et a regardé partout dans la salle avant d'aller s'asseoir, visiblement troublée.
Je sais très bien qui elle cherche. Mais c'est pas pour autant que je vais lui dire où est Alix.
C'est pas mon problème après tout. Elle a qu'à se démerder.
Je vois ensuite arriver les deux gros cons qui n'ont pas été foutu d'arrêter de frapper Garcia alors qu'elle était inconsciente et dans un sale état. Ils ont chacun un énorme cocard sur la tronche et comme à chaque fois qu'ils entrent dans une salle de classe depuis ce matin, j'éprouve un malin plaisir à me dire que c'est moi qui ai fait ça. Je les fixe pendant qu'ils vont s'asseoir. Ils n'osent plus relever la tête et croiser mon regard depuis que leur oeil a gouté à mon poing. Et c'est une bonne chose pour eux, croyez moi. On ne s'en sort pas impunément quand on me défie, qu'on désobéit à mes ordres ou qu'on touche à mes affaires. Et ils n'ont pas fini d'en entendre parler.
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Another breath...
Teen FictionUne année au lycée ? Tout ce qu'il y a de plus banal pour la plupart d'entre nous. Malheureusement pour Alix Garcia, jeune boursière dans un lycée de riches, ce ne sera plus son cas dès lors qu'elle croisera la route de Glenn Marchal. En effet, celu...