Chapitre 34

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- GLENN -

J'ai l'impression que ça fait des heures qu'elle dort lorsque le médecin m'annonce que le temps des visites est largement dépassé et qu'on va finir par me flanquer dehors si je ne bouge pas. Je me lève lentement, mes articulations craquant au passage et je m'en vais, bien que mon instinct me hurle de rester.
Lorsque j'arrive à la maison, j'ai le déplaisir de retrouver mon géniteur assit sur le canapé. Avant même d'avoir pu amorcer un mouvement pour le contourner, il se lève d'un coup et se plante devant moi. Mon cœur bat plus fort dans ma poitrine. Est-ce qu'il sait pour l'hôpital et Alix ? La colère suinte par tous les pores de sa peau, la veine de son front semble proche d'exploser. C'est pourtant d'une voix calme (quoique tranchante comme une lame de rasoir) qu'il me demande :
« Qu'est-ce que c'est que cette histoire de viol ?
La tension de mes épaules se relâche un peu et je respire plus facilement. Je mets cependant quelques secondes à répondre, ce qui lui suffit largement pour s'impatienter.
- Alors ? insiste-t-il.
- C'est rien, je lui réponds précipitamment.
- Ne me prend pas pour un con. J'ai perdu un client à cause de cette prétendue agression.
- Elle n'est pas « prétendue ». Une fille a bien failli être violée.
- Oui enfin ça c'est ce qu'elle t'a dit. Toujours est-il que j'ai perdu une partie des bénéfices que nous apportait cette société.
- Elle n'a pas menti, j'étais là. Ils allaient la violer, j'énonce froidement.
- Qu'est-ce que tu en sais ? Elle les avait peut-être allumé. Et puis on peut revenir à nos moutons s'il-te-plaît ? Qu'est-ce qu'on en a à faire que cette gamine ait ou non été agressée ?!
- Non mais tu plaisantes ?!
Mes poings se serrent, mes dents crissent. Puis je reprends :
- Tu réalises ce que tu dis ?! Une fille a été agressée et toi, tout ce qui t'importe, c'est de m'engueuler pour la perte d'un client - mineur, qui plus est - parce que son fils est un salopard de première ?!
- Ça a l'air de te surprendre, fils. Ça ne devrait pas pourtant ; il me semble que tu te contrefiches de ce genre de choses quand tu fomentes tes petits plans - et oui, je sais très bien ce que tu fais stupide gamin. Évidemment que cette fille est moins importante que notre empire. Tout ce que je vois c'est qu'à cause de ses conneries et des tiennes, j'ai perdu pas mal d'argent.
- Mes conneries ? Non mais tu rigoles ?! Depuis quand c'est une connerie d'aider une fille en détresse ?!
- Comme je te l'ai déjà dit plus d'une fois, je me contrefous de ce que tu fais en dehors des cours. Tant que ça ne nuit pas à l'image de notre entreprise et que personne ne se plaint en public, répond-il d'une voix glaciale et menaçante.
- Oh mais si ça peut te rassurer, papa, c'est bien vu d'aider les victimes de tentative de viol. Ta jolie petite image ne prendra aucun coup.
- Ça c'est ce que tu crois. Ça peut aussi être perçu comme une faiblesse. Tu sais, le genre de faiblesse que tu pourrais provoquer en te tapant une jeune fille sans qu'elle soit consentante.
- T'es en train d'insinuer que je suis celui qui a tenté de lui faire du mal et que je couvre mes arrières ?! Non mais je rêve !
- Je m'interroge, c'est tout. Tu as toujours été assez faible, ajoute-t-il en crachant presque ce dernier mot. Tu pourrais très bien avoir cédé à la tentation.
Hors de moi, j'attrape son col et tire dessus, prêt à lui faire ravaler ce mot. Ce tout petit mot qui pourrit tellement ma vie.
Un instant. Quelques toutes petites secondes. C'est tout ce qui lui a fallu pour me faire une clé de bras et me mettre à terre.
- Souviens-toi à qui tu parles, morveux. Et n'ose plus jamais lever la main sur moi, c'est clair ?
Il maintient sans relâche la pression sur mon bras pendant que mon visage reste collé contre le marbre froid.
- J'ai pas entendu. C'est clair, gamin ?
- Limpide.
- Parfait, énonce-t-il en lâchant mon bras. J'imagine qu'il est inutile de te préciser que si tu recommences ce genre d'actions futiles, tu risqueras bien plus qu'une petite discussion père-fils. »
Pas a pas, il s'éloigne de moi, ses chaussures claquant sur le marbre, pendant que je masse rapidement mon bras. Je déteste ce type.

Ma nuit n'est qu'une succession d'instants de somnolence ; inquiet à propos d'Alix, de ce qu'a dit mon père, je n'arrive pas vraiment à me reposer. C'est donc avec une sale tête que je me « réveille » le lendemain matin - oui c'est possible, même avec un visage aussi beau que le mien. Bien qu'ayant un brouillard cotonneux à la place du cerveau, je réussis à me préparer et à avaler quelque chose avant de partir à l'hôpital à 10h, le sac d'Alix sur le dos.

Another breath...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant