- ALIX -
Hier soir mon père est venu à l'hôpital. Il avait l'air complètement hagard mais pourtant, rien n'indiquait qu'il avait bu. Il s'est contenté de me fixer pendant une demi-heure sans ouvrir la bouche. Je ne savais même pas s'il me voyait moi ou ma mère... Un peu des deux probablement...
Et puis quand il s'est décidé à parler, il a simplement lâché :
" Je ne veux pas perdre une autre personne qui m'est chère. Donc, s'il-te-plaît, à l'avenir, fais attention. "
J'ignore encore à qui il s'adressait en disant ça. La seule chose que je sais, c'est que pour la première fois depuis longtemps, il n'avait pas l'air désespéré quand il m'a prit dans ses bras. Juste soulagé de me savoir en vie. Pour la première fois depuis mes dix ans, il avait l'air d'un père qui voulait protéger sa fille.
Sans que je m'en rende compte, une larme solitaire avait alors glissé le long de ma joue et était venue s'écraser sur son épaule. Car si demain sera un jour différent et que mon père redeviendra comme d'habitude, aujourd'hui, il a enfin réussi à surmonter quelques heures l'une de nos deux morts pour me dire qu'il s'inquiète et me serrer dans ses bras sans hurler à s'en détruire les cordes vocales. Ça ne signifie peut-être pas grand chose mais c'est déjà un début. Peut-être qu'un jour il arrivera à surmonter tout ça.
Lorsqu'il est partit, il ne s'est pas retourné vers moi, il ne m'a pas dit au revoir. Ça ne m'a pourtant pas empêché de lui faire un signe de la main avant de m'allonger dans une autre position pour chercher à m'endormir avant le dîner - J'espère sincèrement que ce qu'on dit sur la bouffe d'hôpital est faux et qu'elle reste mangeable d'ailleurs.- GLENN -
Le lendemain matin, en me rendant en cours, je me fais soudainement happer à l'intérieur des toilettes pour filles alors que je marchais tranquillement. En un quart de secondes, une odeur de toilette - mais si, vous savez, les odeurs que dégagent tous les toilettes de bâtiments scolaires ; l'odeur infâme qui les caractérise si bien - de déodorant, de parfums en tout genre et de maquillage empli mes narines et me file la nausée. Je m'apprête à me retourner pour incendier la personne qui m'a entraîné dans cet enfer puant quand celle-ci me coupe :
"Pourquoi est-ce qu'Alix est à l'hôpital ?
Je reconnais sans peine la voix de Punkette et lorsqu'enfin elle me laisse me tourner face à elle je lui rétorque :
- Bonjour à toi aussi le malabar.
- Rép-
- Tututut. Si t'es pas jolie, sois au moins polie. (*) Ça ne coûte rien de répondre aux salutations des gens.
- Je t'emmerde Marchal. Je n'ai pas à être polie avec toi. Pas après ce que tu m'as fait.
- Je ne t'ai même pas touché.
- Tu sais très bien ce que je veux dire. Mais je ne suis pas là pour ça. Explique moi immédiatement ce qu'elle fait à l'hôpital.
- Ça ne te regarde pas à ce que je sache. Il me semble que vous ne traînez plus ensemble, non ?
- Et alors ? C'est pas parce qu'elle veut plus me voir que je n'ai pas le droit de m'inquièter pour elle.
- Voilà qui n'est pas très logique petit chewing-gum.
Elle semble blasée quand elle répond en ne faisant même pas attention à mon insulte :
- Écoute Marchal, j'ai le droit de me soucier des personnes que je veux. Et je suis sûre que ta logique est encore moins logique que la mienne. Après tout, tu t'amuses à harceler des gens comme moi qui ne t'ont rien fait à la base. Alors ce n'est certainement pas à toi de faire ce genre de commentaire. Maintenant peux-tu s'il-te-plaît répondre à ma question ?
Pour une fois, je ne trouve rien à répliquer à ça. Je me contente donc de la fixer longuement avant de lui expliquer :
- Elle est à l'hôpital parce qu'elle est tombée dans les escaliers. Et comme elle est restée inconsciente quelques instants, on l'a transporté là-bas pour vérifier qu'elle n'a pas de commotion cérébrale et la garder en observation cette nuit.
- Elle est tombée ? rétorque sarcastiquement le bonbon punk en croisant les bras au niveau de sa poitrine.
- Et bien oui pourquoi ? je mens effrontément.
- J'imagine que c'est la version officielle des choses et que tu ne voudras pas en démordre, hein ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- C'est ça, fais l'innocent, marmonne-t-elle. Quelque chose me dit que ça échappe à ton contrôle pas vrai ? reprend-elle plus fort. Je suis sûre que pour une fois tu n'y es pour rien dans sa chute. Sinon le troupeau de pouffes que j'ai croisé lorsque l'accident a probablement eu lieu n'aurait pas paru si effrayé et aurait probablement arrêté de répéter qu'elles étaient foutu à cause d'une malheureuse boursière qui leur a manqué de respect. Tu les a menacé, c'est ça ?
- Mais enfin qu'est-ce que tu racontes ? je continue en feignant l'innocence bien que je sois sincèrement étonné de voir à quel point sa réflexion peut être juste.
- Ah super, maintenant tu ne ressemble plus au chat potté mais à l'Âne en train de l'imiter.
- Je rêve ou tu viens vraiment de me comparer à cette sale bestiole dans Shreck ?!
- Oups, ça m'a échappé.
Je la pousse sans ménagement contre le mur et plaque mes mains de chaque côté de son visage. Puis je m'approche de son oreille et je lui murmure :
- Écoute moi bien espèce de pot de peinture rose ambulant. Si jamais tu t'avises de me manquer encore une fois de respect, ce n'est pas dans des escaliers que Garcia va tomber mais du dernier étage. Alors maintenant, tu fermes ta grande gueule et tu me laisses aller en cours bien gentimment.
Quand je m'éloigne, elle semble plus pâle et hoche distraitement la tête. Je m'en vais donc sans me retourner et sur le pas de la porte, je l'entends murmurer :
- C'est dingue à quel point les apparences peuvent être trompeuses."
Et je quitte les toilettes.
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Another breath...
Teen FictionUne année au lycée ? Tout ce qu'il y a de plus banal pour la plupart d'entre nous. Malheureusement pour Alix Garcia, jeune boursière dans un lycée de riches, ce ne sera plus son cas dès lors qu'elle croisera la route de Glenn Marchal. En effet, celu...