Chapitre 12

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- GLENN -

Je vois Punkette ressortir de l'infirmerie en courant, des larmes lui ratatinant le visage. Déjà qu'il est pas aidé par la Nature et avec tout ce rose qui l'entoure. C'est presque un crime d'y ajouter encore de la laideur.
J'entre alors à mon tour dans ce lieu qui possède la merveilleuse particularité de sentir le désinfectant à plus d'un kilomètre à la ronde et je m'approche à pas de loup du seul lit occupé.
Et pendant un instant, je m'arrête.
   J'espèrais la voir pleurer mais je crois que je suis arrivé trop tard. C'est à se demander comment elle a fait en l'espace des quelques secondes qu'a mis Priguant pour s'éloigner et moi pour arriver. Elle se contente juste de regarder dans le vide, les yeux et les joues légèrement rouges -elle a dû les frotter - et une trace de larme à peine visible sous l'œil droit.
C'est assez étrange de la voir comme ça, presque sans vie et calme.
"Marchal, je sais que t'es là. Je te vois et je t'ai entendu entrer." retentit soudain sa voix.
Je sursaute légèrement. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle se rende compte que j'étais là.
"Oui, je sais, je rétorque néanmoins en faisant semblant que mon but premier n'était pas de me cacher.
- À d'autres, dit-elle en regardant toujours le vide. Tu savais que les sursauts ça s'entendait aussi ? Non, parce que tu sais, la respiration se coupe pendant quelques secondes. Et ça s'entend quand la pièce est silencieuse.
Je ne dis rien. Elle m'a eu sur ce coup là.
- Alors, tu viens admirer ton œuvre ?
- Pff, je souffle. Toujours à tout rapporter à toi. Ma vie ne t'est pas dédiée à ce que je sache. Je suis là pour avoir un pansement.
- À d'autres, répète-t-elle. Et moi je suis là pour me taper l'infirmière.
Je la regarde bizarrement. Est-ce qu'elle vient juste de faire de l'humour, là ? Pincez moi, je crois que je suis en train de rêver. Un boursier avec de l'humour. Entre ça et le fait que sa pote ait un cerveau, je crois que j'aurais décidément tout vu aujourd'hui.
- Bon Glenn, si tu n'as rien de plus à ajouter et que tu as fini de faire le poisson hors de l'eau, j'apprécierais grandement que tu sortes. Moins je vois ta tronche, mieux je me porte.
Cette fille m'énerve. Si elle croit pouvoir dire ce genre de chose dans sa situation, elle se fourre le doigt dans l'œil. En plus, je déteste qu'on me donne des ordres. Alors, rien que pour continuer à la faire chier, je prends les affaires posées sur la chaise à côté d'elle, puis je les fourre au pied de son lit et je m'asseois à la place qu'elles occupaient.
En un clin-d'œil, elle a relevé la tête et ses yeux s'animent peu à peu, luisants de colère.
Gris orage. Ils sont gris orage. Comme ceux qui éclatent en plein été et qui me terrifiaient quand j'étais gamin. J'aurais presque envie de reculer face à tant d'intensité.
- Pour la dernière fois, Glenn, dit-elle d'une voix menaçante, va-t'en. Il me semble que tu en as assez fait pour aujourd'hui, entre ce matin et cet après-midi, tu ne crois pas ?
Je sais qu'elle a raison. Même moi j'admets qu'aujourd'hui elle a sacrément morflé et qu'elle ne mérite pas plus. Mais ça ne m'empêche pas de lui répondre, ne serait-ce que par pur esprit de contradiction :
- Bah alors Garcia, c'est comme ça que tu parles à ton sauveur ?
Elle me lance un regard mi-éberlué, mi-perturbé. Elle doit me prendre pour un dingue.
- Mon sauveur ? reprend-elle. T'es vraiment sûr de ça ? Non parce que je ne me souviens pas avoir déjà eu connaissance du fait qu'un sauveur persécute des gens.
- Ben ouais, ton sauveur. C'est moi qui t'ais ramené ici.
- Bravo. Toutes mes félicitations Marchal. Tu veux une médaille peut-être ? C'est vrai que t'en mérite largement une pour avoir sauvé une jeune fille après l'avoir faite tabasser presque à mort.
Je m'apprêtais à lui rétorquer quelque chose du style qu'elle l'avait bien cherché mais je me retiens. Elle n'a pas tort non plus là-dessus. Elle aurait pu en crever...
Il faut vraiment que j'apprenne à faire un peu plus attention à mes pions, à l'avenir.
- Ne t'inquiète donc pas. Je ne les laisserai pas te briser aussi facilement. Tu es à moi. Et je vais m'arranger pour que tu tiennes longtemps, mon petit jouet.
Elle me lance alors un regard indéchiffrable. Un mélange entre de la lassitude, de la résignation et de la colère de tout à l'heure. Tout à fait perturbant.
- S'il-te-plaît, sors maintenant, dit-elle. S'il-te-plaît. Je ne te demande que ça.
Alors, parce que j'estime que pour aujourd'hui, je suis allé assez loin et que je l'ai suffisamment fait souffrir, je me lève et je sors. Cependant, je ne peux m'empêcher de m'arrêter sur le pas de la porte et de lui lancer un "À demain, Garcia." avec un sourire sadique.

- ALIX -

Je ne le comprends pas.
Pourquoi est-ce qu'il est venu ? Pour remuer le couteau dans la plaie ? Mon coeur saigne assez comme ça, non ? Pas besoin de venir pour en rajouter une couche. Je suis déjà assez blessée pour aujourd'hui, pas vrai ? Faut croire que ça ne suffit pas. Mais pourquoi se vanter ? Pourquoi continuer alors que son silence de toute à l'heure prouve qu'il pense aussi que j'ai assez dégusté ?
Je ne le comprends pas.
Je ne comprends pas comment il peut se réjouir de ce qu'il m'arrive.
Je ne comprends pas pourquoi il tient à ce point à me détruire.
Oui, je l'ai humilié. Mais ce n'était qu'une assiette de pâtes, nom de dieu ! Pas de quoi faire tabasser quelqu'un.
J'aurais pu en crever, merde. Et le pire c'est que je crois que ça a échappé à son contrôle. J'ai bien vu sa tête avant de m'évanouir et le fait qu'il m'ait "sauvée" ne peut que confirmer ça.
Ça promet.

Après avoir quitté l'infirmerie et être rentrée chez moi - au prix d'efforts redoutables - je prends mon portable et je constate que Lila ne m'a pas renvoyé de message...
En même temps avec ce que je lui ai balancé dans la tronche, je peux comprendre.
Rien que d'y penser, des larmes me montent aux yeux.
Comment est-ce qu'elle a pu me croire ?
Je crois que quelque part, c'est ça qui me fait le plus mal.
Même si je suis bonne actrice, elle est sensée croire en moi, son amie. Pas en ma pseudo colère.
Elle doit vraiment être au fond du gouffre. Et merde Marchal, qu'est-ce que tu m'as fait faire ? Pourquoi m'obliger à faire plus de mal à quelqu'un qui est déjà à terre ?
M'isoler complètement.
C'est ça qu'il veut, probablement. C'est loin d'être original mais la combinaison harcèlement/isolement est bien une des choses qui peut détruire quelqu'un.
J'ai peur.
Si aujourd'hui n'était qu'un début alors qu'est-ce que ce sera demain ?
Pour la première fois de ma vie, je n'ai pas envie de me forcer à aller au lycée demain.
Pour la première fois de ma vie, je n'arrive pas à me leurrer en disant que ça ira mieux demain.
Pour la première fois de ma vie, je serais vraiment seule contre tous au lycée.
C'est sur ces terribles pensées que je m'endors le soir, le corps meurtri.

N.d.a : Salut les gens.
J'ai deux-trois trucs à vous dire.
D'abord, je suis désolée pour le retard de post. Comme vous le savez si vous avez lu ma dernière note, j'étais en bac blanc cette semaine. Donc j'ai mis un peu de temps à écrire ce chapitre.
Ensuite, et c'est le point le plus important, j'ai vu que j'avais dépassé les 1000 vues samedi dernier. Honnêtement, merci beaucoup beaucoup beaucoup. Ça me fait super plaisir que vous lisiez ce que j'écris et que vous laissiez des votes, des commentaires, etc. Ça me motive vraiment et si j'ai écris autant de chapitres alors qu'il m'arrive souvent d'interrompre mes histoires parce que la flemme, c'est bien grâce à vous.
Enfin, j'en profite aussi pour vous dire merci pour vos votes dans les concours, ça me fait aussi super plaisir.
Donc voilà. Merci. J'espère que ça continueras à vous plaire.
À la prochaine,
Latte

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