Chapitre 14

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- GLENN -

Je la regarde sortir nerveusement des vestiaires. Le prof ne l'a donc pas renvoyé... Pourtant, elle a l'air d'être en piteux état à cause d'hier. Décidément, je ne comprendrais jamais ce genre de prof qui te fait participer à son cours alors même que t'as l'air de souffrir le martyr.
Bah, tant mieux, ce sera plus drôle comme ça.
Elle serre quelque chose autour de son cou - probablement un collier - et jette des regards anxieux autour d'elle. Elle ignore ce qui l'attend mais elle sent qu'il y a quelque chose de pas net. C'est fascinant de voir à quel point l'instinct peut être utile dans des situations dangereuses.
Elle m'aperçoit et je lui fais un petit coucou. Elle fronce alors encore plus les sourcils qu'ils ne l'étaient déjà et je constate que son corps se tend. T'as raison d'avoir peur ma p'tite. C'est loin d'être fini.

Le prof siffle et nous nous regroupons autour de lui. Il nous explique alors qu'aujourd'hui, on sera répartis au hasard dans une équipe et qu'on affrontera les autres. Notre très cher enseignant nous fait donc piocher des petits papiers numérotés et nous constituons les équipes. Et devinez un peu avec qui je me retrouve...

- ALIX -

C'est un cauchemar. Pitié dites-moi que je vais me réveiller.
Pourquoi diable faut-il que je me retrouve avec LUI ? Est-ce que je suis maudite ?
Et ce connard, pendant ce temps là me sourit tranquillement, comme si de rien n'était.
Il s'avance doucement vers moi et inconsciemment, je recule.
"Bah alors Alix, lance Glenn, on a soudainement peur de moi ? Enfin tu adoptes un comportement rationnel."
Je ne réplique rien - même si ce n'est pas l'envie qui m'en manque -et me contente de le fixer jusqu'à ce que le prof nous dise de commencer à jouer.
On me désigne alors pour faire parti du bloc... Vous savez, le truc des grandes perches à l'avant qui essayent de bloquer les attaques en sautant le plus haut possible et en tendant les bras... Et je n'ai rien à faire à ce poste. Je veux dire ; vous avez vu ma taille ? J'ai beau sauter aussi haut que je peux, j'ai quand même du mal à faire passer plus que la moitié de mes avant bras au-dessus du filet.  En gros, c'est complètement inutile.
Donc c'est qu'ils doivent avoir une idée derrière la tête. Mais quoi ? M'humilier en comptant sur le fait que je ne rattrape pas le ballon ? Me reprocher la victoire des autres ? M'obliger à sortir du terrain parce que je sers à rien dessus ?
Alors que je suis en train de m'interroger, le coup de sifflet retentit et le match commence. Très vite, je peux constater que Glenn est plutôt bon ; il vient de marquer deux points d'affilée en l'espace de deux minutes. Nos adversaires quant à eux semblent déconcertés. C'est maintenant au tour de mon bourreau d'être au service. Il me regarde un instant et j'ai le temps d'apercevoir son sourire de "sale enfoiré qui s'apprête à faire une connerie". Je me détourne et je l'entends servir un véritable boulet de canon - enfin, c'est ce que l'énorme "bang" qu'a fait la balle me fait penser - qui va sûrement détruire les avant-bras de la personne qui va le réceptionner.
Un bruit retentit ; le ballon a visiblement touché quelqu'un. Une seconde plus tard vient la douleur. C'est moi qui ai été touché à l'arrière de la tête. La vache. Ça fait mal. Je m'aperçois alors que, par réflexe, je me suis accroupie quand j'ai reçue le choc. Je me relève donc et j'essaye de passer la main tout doucement à l'endroit où ce foutu ballon m'a frappé à cause de ce connard. J'effleure à peine l'endroit qu'une douleur se diffuse dans toute ma boîte crânienne. J'aurais sûrement une bosse de la taille d'un oeuf demain. Et pendant ce temps là, Marchal se fait charrier par les autres membres de l'équipe et nos adversaires et tous sont morts de rire.
Le prof, quant à lui, ne dit rien et regarde ailleurs. J'ignore s'il n'a juste pas vu la scène ou s'il se contente de faire semblant de n'avoir rien vu.
Toujours est-il que lorsqu'enfin il tourne sa tête vers nous, il se contente de nous faire signe de reprendre le match. À contre-coeur, je m'exécute et me remets en place.
Nos adversaires récupèrent donc le service. Et en dix minutes, je me reçois plusieurs smash violents dans les bras. Et aux mêmes endroits.
Génial. En plus de me refaire tabasser - mais avec un ballon cette fois-, voilà que les bleus que j'ai eu hier vont devenir noirs après une stupide séance de sport. Je n'ose même pas imaginer la souffrance que je vais éprouver demain.
Les revoilà, à essayer de smasher. Je saute le plus haut possible et j'ai le plaisir... De me prendre un ballon en pleine gueule. Alors que mon visage ne dépasse même pas le filet. Cet enfoiré d'attaquant a fait exprès de viser plus bas.
Je tombe à la renverse et m'écrase lamentablement sur le sol. Je reste quelques secondes dos au sol, complètement sonnée puis je sens un liquide couler sur mon visage. Je porte donc ma main à mon nez et je constate que celui-ci pisse le sang. Comme si la lèvre d'hier ne suffisait pas...
Notre très cher enseignant accourt vers moi et me demande si je vais bien et ce qu'il s'est passé.
Si je vais bien ? J'ai envie de vous hurler à la tronche que non, ça ne va pas. Mais vous vous en fichez non ? Sale hypocrite.
Alors je hoche doucement la tête et, sous le regard d'avertissement de Marchal, je me contente de dire que "Mon camarade ici présent à une sacrée puissance d'attaque et que j'aurais dû sauter un peu plus tard pour contrer avec mes bras plutôt qu'avec ma tête."
Et le plus dur, c'est que je dois débiter cette phrase avec un sourire pour rendre ça crédible. Ça me dégoûte. J'ai envie de gerber. Mais le pire, c'est que le prof hoche la tête, satisfait de ma réponse.

Another breath...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant