Chapitre 2

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Le matin fut un désastre. Je changeai au moins trois fois de tenue, mon sèche-cheveux avait rendu l'âme, me contraignant à faire un chignon pour ne pas avoir mon débardeur trempé en arrivant au travail. Ce qui pourrait en fait être une bonne source de pourboire. Je dus revenir sur mes pas car j'avais oublié de prendre mon lunch. J'avais la possibilité de manger au restaurant quand je travaillais toute la journée mais j'avais fait une overdose de steack frites. A la place, salade de tomates à la menthe, omelette aux poivrons et pigments, et salade de fruits frais.

J'arrivais à mon poste avec cinq petites minutes de retard, heureusement aucun client en vue. Je bataillais une fois de plus avec cette maudite porte qui s'ouvrit avec fracas. Qui était le crétin qui avait laissé le seau vide juste derrière la porte?! Je penchais nettement pour Denis. Le carillon se fit entendre alors que je déposais mes affaires aux vestiaires.

- Installe-toi Jasper, j'arrive, hurlais-je en revenant sur mes pas.

- Qui est Jasper? me demanda le dieu accoudé au comptoir.

- Oh...bonjour.

- Bonjour, sourit-il.

- Je..euh, je vous sers quelque chose? balbutiais-je. J'avais des hallucinations ou quoi, il ne pouvait pas être là, pas deux jours d'affilés.

- Vous n'avez pas répondu à ma question, insista-t-il moqueur.

- Jasper est notre client le plus matinal, enfin il l'était jusqu'à présent rajoutais-je en le désignant.

- Je suis heureux de l'avoir détrôné dans ce cas. Je prendrais votre formule petit-déjeuner, consentit-il enfin à me répondre.

Je me mordis la lèvre.

- C'est à dire que nous faisons plus les petits-déjeuners, pas assez rentables. Je peux jeter un oeil au frigidaire, voir ce que je peux vous proposer?

- Avec plaisir.

Bon sang, cette voix. J'en avais la chair de poule. Je sprintais jusqu'à la cuisine. Il ne restait pas grand chose que je puisse utiliser sans compromettre le repas du midi. Pourquoi je n'avais pas écouter Vince quand il m'avait parlé du menu. Tant pis, j'avais toujours mon repas à lui proposer, et j'étais la pro des gaufres minute.

- Merci, me récompensa-t-il quand je lui apportais son assiette. Ca à l'air délicieux.

- J'espère que cela vous plaira. Vous désirez autre chose? Je me maudis intérieurement, espérant qu'il ne relève pas le sous-entendu.

- C'est parfait, ne vous inquiétez pas. Je pourrais prendre mes habitudes.

- Oh, vous ne pourrez pas déjeuner ici, la semaine prochaine. Pourquoi je lui parlais de ça, il reviendra probablement jamais. Il leva ses yeux captivants vers moi, attendant manifestement une explication. Euh, je travaille l'après-midi la semaine prochaine, je doute que mon collègue sache faire des petits-déjeuners. Mince, et voilà que je critiquais le fils du patron devant lui.

Son rire discret me fit l'effet d'un uppercut.

- Si vous n'êtes pas la cuisinière, je me passerais de petit-déjeuner. C'est bien dommage d'ailleurs c'est extra. Vous avez eu le temps de faire tout cela en à peine dix minutes?

- Euh non, il ne restait pas grand chose en réserve. C'est mon repas de midi, confessais-je en rougissant.

- Oh, je ne voulais pas voler votre repas...

- Ce n'est rien, le coupais-je, je ne voulais surtout pas qu'il se sente obligé. Je prendrais un plat du jour. Earl et Fred passèrent enfin la porte. Il faut que je file, lui signalais-je en me réfugiant derrière mon comptoir.

Un moment d'égarementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant