Chapitre 27

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Cela faisait maintenant trois jours que j'étais cloitrée chez moi. Vince m'avait accordé des congés. Cela lui permettait de garder la clientèle supplémentaire sans avoir à craindre de débordement. Chaque jour, je me levais, me trainais jusqu'à ma fenêtre, espérant que le flot de curieux ait disparu. Chaque jour, ils étaient un peu plus nombreux. Les pancartes haineuses se multipliaient. Les voisins se plaignaient. Et moi, je restais plantée là.

J'évitais soigneusement les appels de Jason. A vrai dire j'avais quasiment abandonné mon téléphone, ne le rallumant que pour rassurer mes amis. Thomas, Jenny et Mélissa, se relayaient une fois par jour, pour prendre de mes nouvelles. Ils m'apportaient à manger, essayaient de plaisanter mais j'étais incapable de faire bonne figure. Thomas m'informa que Jason l'avait appelé à plusieurs reprises. Même si je refusais d'y penser mon coeur se serra. «Il s'inquiète pour toi. Tu sais, je crois qu'il tient vraiment beaucoup à toi. Tu devrais l'appeler». Je hochais la tête pour lui faire plaisir.

Quand Mélissa arriva ce soir-là avec une soupe de poulet, je lui fis remarquer que je n'étais pas malade. D'un haussement d'épaule, elle m'informa qu'elle avait aussi du cheesecake à la framboise, mais si je n'étais pas malade, elle le garderai pour elle! Pour la première fois depuis des jours, je ris. Pas un rire incontrôlé, dévastateur. Un simple rire mais qui me fit du bien.

-Ca va? m'interrogea-t-elle, prudemment.

-Oui.

-Tu n'as pas appeler Jason?

-Tu ne vas pas t'y mettre aussi?! ronchonnais-je.

-Disons qu'il peut se montrer buté.

Je l'interrogeais du regard.

-Il nous appelle tous les jours pour savoir comment tu vas. Il t'appelle aussi, mais tu refuses de lui répondre. Est-ce que tu as lu ses messages, au moins ?

-Tu sais comment ils ont su que l'on était là-bas? changeais-je de sujet.

Ils étaient devenus mes monstres. Des êtres sans scrupules, armés d'un appareil photo et détruisant tout ce qu'ils voulaient. Le visage de Mélissa se ferma.

-Si tu veux avoir des réponses, appelle-le. Il souffre aussi! déclara-t-elle d'un ton dur.

Sans un regard en arrière, elle claqua la porte. Elle avait raison bien sur, je me conduisait comme une idiote. Je voulais juste que les choses se tassent et pour cela, je devais rester loin de Jason. Je n'avais pas la force d'affronter les hordes de journalistes.

*****

Des coups sourds me firent sursauter.

-Lacey, ouvre! Je n'ai pas fait 300 km pour parler à une porte!

Jasper?

-Mais qu'est ce qu'il faisait ici? Tel un zombie, je me levais pour lui ouvrir. Son visage était rouge et la veine dans son cou menaçait de lâcher.

-Qu'est ce que tu fais là? Et ta compétition?!

-Moi qu'est ce que je fais là? Et toi? Tu en as pas marre de fuir?

Je rougis violemment et baissais les yeux.

-Ah non, essaye pas de me faire pitié! cria-t-il. Tu as voulu de mettre en couple malgré nos avertissements, tu assumes, merde! Il t'aime! Il arrête pas de m'appeler! Je me suis trompé, ok? C'est un type bien! Les autres, tu les emmerdes!

J'en restais sans voix. Jasper était toujours calme et pondéré. C'est la première fois qu'il parlait autant.

-Il m'aime? demandais-je d'une voix mal assurée.

Il se tapa le front, désespéré.

-Bien sur qu'il t'aime! Il m'a payé mon voyage retour en première classe pour que je viennes de raisonner! Il veut venir te voir, mais s'il fait ça, il va empirer les choses. Tu le sais, il le sait, tout le monde le sait. Alors réponds à ton foutu téléphone quand il sonne! beugla-t-il.

-Jasper, calmes-toi...

-Je me calmes si je veux!

-Ok, je vais l'appeler, d'accord? Maintenant assis-toi et racontes-moi ton voyage.

J'écoutais Jasper d'une oreille attentive en essayant de repousser sa confession. Il m'aimait. Il ne pouvait pas venir, mais il tenait à moi. Dès que Jasper se fut calmé, je le tirais vers la sortie pour appeler Jason.

-Lacey! répondit-il dès la première sonnerie.

J'entendis des gens crier autour.

-Je tombes mal...constatais-je timidement.

Je me mis à danser d'un pied sur l'autre.

-Non, jamais ma puce. Nous étions au milieu d'une scène.

-Oh...

-Ce n'est pas grave. Comment vas-tu? Je t'en supplie, dis-moi que ça va.

-Oui, oui, ça va. Ne t'inquiètes pas. Je suis désolée, de ne pas t'avoir répondu plus tôt.

-Tu n'y est pour rien, c'est moi qui t'ai entrainée là-dedans. J'aurais dû attendre! se lamenta-t-il. J'aurais dû menacer d'enfoncer ta porte plus tôt aussi, rigola-t-il nerveusement.

-Quoi?

-Oh, Jasper ne t'a rien dit, répondit-il embarrassé.

-Jasper aurait du me dire quoi exactement? m'inquiétais-je.

-J'avais décidé de te donner jusqu'à demain sinon...

-Sinon? insistais-je.

Il soupira.

-Sinon, j'enfonçais ta porte et t'emmenais avec moi, jusqu'à ce que tu acceptes de m'écouter.

-Je vois, souriais-je dans mon téléphone.

-Tu souris, devina-t-il, le ton soulagé.

-Oui, avouais-je en souriant de plus belle.

-Tu me manques.

-Toi aussi.

-Est ce que je pourrais venir te voir? Enfin quand tout se sera calmer?

Bon sang, qu'est ce qu'il était adorable quand il se montrait hésitant.

-Oui, j'aimerais beaucoup. Tu crois que ça va se calmer, alors?

-Ca se calme toujours. Fais-moi confiance.

Je raccrochais sans savoir si je me sentais mieux ou pire. J'étais contente de l'entendre mais cela me fit regretter encore plus son absence. Sans lui, j'avais l'impression d'être une coquille vite. Je me mis à prier pour qu'un nouveau scandale vienne choquer Hollywood.  

Un moment d'égarementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant