Chapitre 6

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Le lendemain matin fut difficile. J'avais eu beau tourner toute la nuit, impossible de trouver le sommeil. J'avais finalement sombré au petit matin juste avant que mon maudit voisin ne claque la porte pour aller travailler. Je me levais donc, du mauvais pied, et entrepris de nettoyer à fond mon refuge. Ce qui est pratique quand on vit dans moins de quarante mètres carrés, c'est que le ménage se fait relativement vite même en déplaçant les meubles. Mélissa essaya de me joindre plusieurs fois mais je n'étais vraiment pas d'humeur à discuter. Je ne lui avais pas tout révéler de mon passé et je n'avais pas l'intention de lui en parler un jour. Je me promis de l'appeler dans la soirée et de m'excuser, mais pour le moment j'avais du pain sur la planche. Je fis tourner une machine, partis faire les courses et j'arrosais même ma micro serre sur le mini balcon. Bref, je fuyais mes problèmes comme personne.

J'arrivais au travail en avance, ce qui mit immédiatement Vince de bonne humeur. Il m'annonça qu'il avait viré le commis -hein? - et que par conséquent, nous serions un simple bar le soir, le temps qu'il trouve quelqu'un d'autre.

- Mais...

- Layla continuera de préparer un buffet pour le midi et on va acheter du matos pour faire glacier l'après-midi, me raconta-t-il tout excité. Dès que j'ai un cuistot, on reprendra le service le soir.

- Et pour ma paie?

- Elle ne change pas. En revanche, tu devras peut-être faire plus d'heures l'après-midi, me sourit-il pour faire passer la pilule.

- Pourquoi as-tu viré Marco?

- Je ne l'aimais pas, répondit-il simplement.

Excellente raison. Sans lui faire part de mon ironie, je me mis au travail. J'espérais qu'il n'avait pas prévu un uniforme ridicule pour vendre les glaces, ce serait le bouquet. Je nettoyais les tables et ne remis pas le service pour le soir. Les derniers clients de l'après-midi réglèrent leur note et sortirent. J'en profitais pour tenter de rappeler Mél pendant que le bar était vide. Messagerie. La sonnette m'avertit qu'un client venait de rentrer. Je levais les yeux et restait ébahie.

- Salut, me sourit-il en approchant, guettant ma réaction.

- Salut.

Il s'assit à la même place que la veille, c'est-à-dire, juste en face de moi.

- Je peux avoir une bière?

- Bien sur, lui répondis-je en sortant de ma torpeur.

Ainsi, il était venu plus tôt comme il me l'avait dit. Mon téléphone sonna et je me précipitais pour répondre sous l'oeil amusé de Jason. Je me détournais légèrement pour échapper à son regard scrutateur. J'appréciais sa sollicitude mais je n'étais pas en sucre non plus.

- Lacey! hurla Mélissa à m'en perforer le tympan.

- Bon sang Mél, ça ne va pas de hurler comme ça?!! la maudis-je tout en savourant le rire chaud de Jason.

- Tu ne devineras jamais qui j'ai rencontré aujourd'hui?

- Un ORL?

- Quoi? Non!!! Jason Keegan!

Mon client perdit le sourire mais sembla nettement intéressé par ma conversation, attendant avec impatience ma réponse.

- Ah bon? répondis-je peu sure de moi. Je devais à tout prix éviter d'avoir cette conversation maintenant.

- Quoi, c'est tout? Jason Keegan. Le Jason Keegan. La meilleure série qui n'ait jamais existé...?

- Oui, j'ai compris. Comment ça se fait? Si j'arrivais à la faire parler un peu je pourrais toujours lui demander de me rappeler plus tard, quand le Jason Keegan ne serait plus dans les parages à me regarder comme une bête affamée.

Un moment d'égarementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant