Un moment d'égarement

Chapitre 32

La lumière du soleil me réveilla. Je m'étirais et constatais que Jason était déjà debout. J'ouvris un œil avec difficulté et regardais l'heure. Il ne se levait jamais aussi tôt les jours où il ne travaillait pas.

En soupirant, je me traînais jusqu'à la salle de bain et pris mon temps sous la douche. Nous avions peu dormi et j'avais l'esprit encore embrumé. Je laissais l'eau chaude détendre mes muscles et réveiller mon esprit. Une fois ma conscience à peu près réanimée, je sortis de la douche, nouais mes cheveux mouillés en une natte et enfilais une des chemises de Jay. Je humais son odeur et me dépêchais d'aller le retrouver. Je salivais d'avance de mon câlin et café matinal.

Un bruit de dispute me fit tendre l'oreille. Je descendis doucement les escaliers, prenant garde à ne pas faire de bruit.

-Je m'en fiche! Trouvez-moi comment c'est possible!!! gronda Jay. Je me demandais qui avait pu le mettre dans cet état.

Je longeais le couloir et pénétrais dans le salon. Il me tournais le dos, le téléphone vissé à l'oreille.

-Jerry, je veux la réponse maintenant! aboya-t-il avant de se retourner.

Il se tut en m'apercevant. Sa rage émanait de tout son corps. Ses poings fermés, ses muscles tremblant, sa mâchoire serrée, son regard était d'un noir profond et intense.

-Très bien, répondit-il sévèrement en raccrochant.

-Qu'est ce qui se passe? m'inquiétais-je sans oser bouger.

-Rien, répondit-il froidement.

-C'est ce que tu m'as dis hier déjà.

-Parce qu'il se passe rien, merde!

Il sortit en claquant la porte et je restais tétanisée. Il n'avait jamais élevé la voix auparavant. J'entendis ses pas furieux résonner dans le couloir puis une autre porte claquer. Je sursautais et sortis de ma léthargie. La porte vitrée s'ouvrit sur Jerry, la mine tout aussi sombre. Il m'adressa un hochement de tête et allais quitter la pièce quand il se retourna vers moi.

-Vous allez bien? demanda-t-il d'une voix enrouée comme s'il n'avait pas l'habitude de parler.

-Ou...oui, oui, ça va , répondis-je faiblement.

-Quels sont vos projets pour aujourd'hui?

Il m'adressait la parole deux fois de suite. Quelque chose ne tournait décidément pas rond.

-Je ne sais pas encore.

-Vous devriez profiter de la piscine. Un peu de repos et de soleil vous ferrez du bien.

Je le regardais partir ahurie. J'étais encore endormie, je ne voyais pas d'autre explication. Je cherchais Jason dans la maison et du me rendre à l'évidence, il avait pris une de ses voitures pour se rendre je ne sais où. A la place, j'avais trouvé trois nouveaux gardes du corps qui rodaient dans les environs et semblaient obéir à Jerry. 

Je n'avais aucune idée de quand Jason rentrerait et ils étaient tous liés par un mystérieux pacte silencieux. Impossible de leur faire cracher la moindre information. Dépitée, j'étais montée enfiler mon maillot et me prélassais maintenant sur la terrasse. J'avais essayé à maintes reprises d'appeler Jason, mais cela sonnait toujours occupé.

*****

Un claquement de portière m'informa de son retour. Il était parti depuis plus de deux heures. Je me redressais, m'attendant à ce qu'il me rejoigne sur la terrasse. Je fronçais les sourcils et suivis les voix. Jason était en grande conversation avec Jerry. Il tourna la tête vers moi et demanda à ses hommes de sortir. Seul Jerry resta, un peu à l'écart.

-Est-ce que c'est réglé? m'avançais-je prudemment, son expression indéchiffrable ne présageait rien de bon.

-Ça le sera bientôt, déclara-t-il d'une voix dure. Je veux que tu prennes tes affaires et que tu partes!

-Quoi? demandais-je surprise.

-Tu m'as entendu. Casse-toi, répondit-il exaspéré.

-Que se passe-t-il? criais-je à mon tour.

-Il se passe que tu me saoules. Qu'est ce que tu comprends pas? J'en ai marre de toi, je t'ai assez vu, maintenant barre-toi! beugla-t-il en me montrant la porte.

-Tu mens, dis-je au bord des larmes.

Il éclata de rire et s'installa dans le canapé, comme un roi devant sa cour. Il me fixa méchamment et posa ses coudes sur ses genoux. Il me regardait comme s'il parlait à une idiote.

-Non mais tu crois quoi franchement?! C'était sympa, dit-il dans un haussement d'épaule, mais cela a assez duré. Tu es mignonne, tu es un bon coup mais je vais pas m'embarquer avec une petite barmaid alors que je peux avoir toutes les femmes que je veux! dit-il avec un rictus victorieux.

-Mais... je retenais difficilement mes larmes.

-Quoi? Tu y a cru c'est ça? Pfft, rigola-t-il. Chérie, je suis acteur, je peux faire croire n'importe quoi à n'importe qui. Ce petit scandale m'a permis de tripler mon salaire et de négocier un nouveau contrat. Il lissa le pan de sa chemise. Alors, je te remercie, mais sois gentille et fiche-moi la paix maintenant. Ok? Il se leva sans un regard en arrière. Jerry, tu t'assures qu'elle parte?

Son ton suffisant me faisait l'effet d'un poignard. Je hoquetais, incapable de reprendre mon souffle. A l'aveuglette, je me dirigeais vers la porte et me mis à courir. Ce n'était pas possible! J'allais me réveiller!