Chapitre 26

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Je me levais alors qu'il faisait encore nuit. A moitié endormie, je me préparais mécaniquement pour faire l'ouverture du NewArt. En grommelant, je sondais mon appartement pour trouver les clés du bar -devant mon nez, juste à droite de ma tasse de café. J'ai un mauvais pressentiment pour cette journée. Ce dernier se confirma quand je me cognais le petit orteil contre ma table basse. En soufflant d'exaspération, je quittais mon studio.

Le silence du bar m'énerva. Habituellement, j'adorais arriver avant les premiers clients, cela me permettais de boire mon café tranquille et d'être à peu près réveillée quand ils arrivaient. Aujourd'hui, je me sentais oppressée, seule. Je savais que Jasper ne serait pas là puisqu'il était en dehors de la ville pour un évènement sportif. Earl et Fred n'arrivaient jamais avant dix heures du matin. Il me voudrait patienter jusqu'à ce que les premiers travailleurs se lèvent.

Pour tromper mon ennui, je récupérais mon portable dans mon sac. Jason ne devrait pas tarder à m'envoyer un message pour me souhaiter une bonne journée. Je voulus déverrouiller mon téléphone, et fronçais les sourcils. J'appuyai à nouveau sur le bouton sans plus d'effet. L'écran restait désespérément noir. C'est pas vrai, voila que je n'avais plus de batterie. Je reposais mon téléphone sur le zinc avec rage. J'aurais mieux fait de rester couchée!!!

*****

Quelques heures plus tard, le bar était plus rempli, vraiment plus rempli. Il n'y avait jamais autant de monde à moins que l'on diffuse un match. La clientèle aussi était différente, essentiellement féminine et plus jeune. Plus l'heure passait plus j'étais perplexe. Débordée, j'appelais Vince en renfort, si cela continuait j'allais être obliger de demander aux nouveaux arrivants de partir.

En empilant un maximum de verres sur mon plateau, je traversais la salle pour servir le plus de clients possibles. J'avais l'impression de les entendre chuchoter sur mon passage. Je devenais carrément paranoïaque. Je jetais un coup d'oeil dans mon dos et surpris un groupe de cinq trentenaires me regarder en rigolant. Elles détournèrent le regard comme un seul homme. Deux adolescentes me regardèrent méchamment et j'entendis même un flash se déclencher dans mon dos. J'accélérais le pas et allai me réfugier derrière le bar. Vince n'avait pas intérêt à trainer ou je fermais le bar.

Vince arriva enfin. Il se figea sur le pas de la porte et me regarda, les yeux écarquillés. Après un moment de flottement, il me fit un grand sourire.

-Bonjour! s'exclama-t-il joyeux. Une idée de ce qui se passe? chuchota-t-il lorsqu'il se glissa à mes côtés.

-Aucune mais je n'aime pas ça! lui confiais-je sans lâcher la salle des yeux.

-Pourquoi ils me regardaient tous à la fin?!

-Lacey, voyons! me réprimanda Vince. C'est génial. J'espère que cela va continuer.

Au même moment, un oeuf explosa contre la vitrine. Je levais un sourcil et me tournai vers le patron. Son air joyeux avait pris un coup. La bouche pincée, il examinais la vitrine. Un deuxième oeuf atterrit sur la porte. Quelques rires se firent entendre. Vince fronça les sourcils. il était sur le point de sortir quand Mélissa déboula comme une furie dans le bar.

-Bon sang Lace! Tu ne réponds jamais à ton téléphone? me demanda-t-elle, essoufflée.

-Mais qu'est ce qui se passe? m'inquiétais-je.

-Je n'étais pas folle. Toute la clientèle s'était tue pour écouter mon amie. Celle-ci s'en aperçue. Elle respira un bon coup et s'approcha de moi.

-Ils sont au courant pour toi et Jason, chuchota-t-elle en me montrant son écran de téléphone.

Je fixais l'écran. J'avais l'impression de m'être pris un coup dans l'estomac. Une photo de Jason et moi, main dans la main devant le diner.

Un moment d'égarementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant