Un moment d'égarement

Chapitre 17

Je me réveillais avec une sensation étrange. Comme si quelque chose de véritablement important c'était produit, mais que je n'arrivais pas à mettre la main dessus. Brusquement, je me souvins. De mes parents, de Jason, de son baiser. Il avait passé la nuit à mes côtés. Mon corps se raidit soudain, aux aguets. Sa place était désormais froide. Je tendis l'oreille. Le silence me parut pour la première fois, pesant. Il était partit. J'étais à la fois soulagée de ne pas avoir avoir lui faire face - j'étais dans un état lamentable la veille, je n'oserais plus jamais affronter son regard- et d'un autre côté, sa présence réconfortante me manquait. Je soupirais et me retournais, blottie dans ma couette qui portait encore son parfum. J'écarquillais les yeux de stupeur. Il m'avait laissé un mot. J'approchais la main du deuxième oreiller comme si je pouvais m'y brûler. Après un instant d'hésitation, je récupérais le mot.

Lacey,

Je n'étais pas sur que tu veuilles que je sois là à ton réveil. J'ai dû partir tôt pour l'enregistrement d'une émission. Si tu as besoin de moi, appelle-moi, je garderai mon téléphone à porter de main. Prends soin de toi!

Jay

PS: tu souris quand tu dors.

De l'index, je suivis les lignes fluides de son écriture. Comment arrivait-il à me faire sourire dans un moment pareil?

J'avais envie de l'appeler mais j'avais peur de sa pitié, et puis il travaillait, je n'allais pas le déranger. J'étais parfaitement capable de prendre soin de moi. Enfin la plupart du temps!

J'appelais Mélissa à la rescousse et lui proposait un brunch de star suivit d'une virée shopping. Sa réponse était sans appel. «Adelaïde et moi sommes chez toi dans trente minutes!!!».

*****

A peine installée, Mel me demanda comment allaient mes parents. Face à mes réponses placides, elle n'insista pas et décortiqua méticuleusement son cupcake à la framboise.

- Et toi alors? lui demandais-je en désignant son téléphone qu'elle ne lâchait jamais bien longtemps des yeux.

- Oh ça va.

- J'y crois pas?! Tu rougis! m'exclamais-je avec enthousiasme.

Elle baissa les yeux et se mordilla la lèvre.

- Qu'est ce qui se passe? m'inquiétais-je.

- Je crois que je ne lui plais pas, confessa-t-elle d'une voix de martyre.

J'éclatais de rire face à son inquiétude.

- Mais n'importe quoi! Il est dingue de toi! m'écriais-je assez fort pour faire retourner les deux tables voisines. Désolée, mimais-je.

- C'est vrai? Il t'a parlé de moi? Dis-moi qui sait!

- Du calme. Ne te mets pas dans un état pareil. Bien sur que tu lui plais sinon il ne t'enverrais pas des centaines de messages!

Elle haussa les épaules, peu convaincue. Je soupirais face à sa tristesse.

- Si tu me disais où est le problème?

- Je lui ai envoyé une photo, dit-elle penaude.

- Et alors?

- Il ne m'a pas envoyé de photo de lui!

- Il préfère sans doute garder le mystère un peu plus longtemps, et alors? Je t'assure qu'il est canon, tentais-je de plaisanter.

- Et si je ne lui plaisais pas et qu'il ne veut plus me rencontrer. Il attend peut être un peu avant de ne plus me contacter.

- C'est du grand n'importe quoi là! C'est un mec! Tu crois vraiment qu'il réfléchit autant que ça?

Le visage de mon amie s'éclaira.

- Non, consentit-elle avec un mince sourire.

- Tu vois, tu t'inquiètes pour rien.

Un bourdonnement familier vint appuyer mes dires. Elle se jeta sur son téléphone comme un tigre sur sa proie. Je finis mon café en la regardant textoter à toute vitesse.

- Je te préviens, le jour où vous faites des petits, je veux être la marraine!

- Promis! me sourit-elle aux anges.

*****

Le reste de la journée se déroula sans encombres. Je reçu un message laconique de mes parents, déplorant mon attitude. Je ne reçu aucune nouvelle de Jason. J'avais beau vérifier mon téléphone toutes les cinq minutes, celui-ci restait désespérément muet.

Il devait regretter ce qui c'était passé. Je m'étais ridiculisée.