Chapitre 11

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Le chant des oiseaux me fit émerger de ma torpeur. En souriant, je m'étirais. Je n'avais pas passé une nuit aussi confortable depuis...depuis jamais en fait. J'avais l'impression d'être dans un cocon, j'étais bien loin de mon clic-clac habituel qui me tuais le dos.

Je tendis l'oreille et entendis Jason s'activer en cuisine. Je pris sur moi et quittais mon paradis d'oreillers. Je suivis la douce odeur du café fumant et ouvris les yeux de stupeur en pénétrant dans la cuisine.

Le plan de travail était englouti sous un amont de nourriture.

Une montagne de pancakes dégoulinait de sirop d'érable, il y avait plus de fruits que dans mon supermarché, j'avisais une omelette d'une taille hors norme et une salade de légumes. Mes yeux furent attirés par l'homme qui se tenait derrière cette barricade de nourriture. Visiblement fier de lui, il me regardait un brin amusé.

- Tu comptes manger tout cela ? m'exclamais-je interloquée.

Il renversa la tête en arrière et rit aux éclats.

- Je compte bien t'en laisser un peu, tout de même.

J'examinais plus attentivement la table. Il y avait de quoi nourrir une dizaine de personnes. Suivant mon regard, il s'installa à table.

- Tu crois que j'entretiens ces muscles, comment ? me demanda-t-il en pliant le bras pour faire jaillir son biceps.

Je secouai la tête, refusant d'imaginer ce à quoi je pensais. Il n'était alors aucunement question de nourriture, mais plutôt mourir que de lui avouer. Sans un mot, je m'assis en face de lui. J'essayais d'avoir l'air digne malgré mon rougissement soudain qui ne passa pas inaperçu. Il eut la politesse de ne pas le relever et me tendit une assiette en tremblant. Ce vaurien essayait tant bien que mal de contenir un fou rire.

Je l'ignorai royalement et choisi avec attention mon petit-déjeuner. Du coin de l'œil, je le regardai dévorer une quantité ahurissante de nourriture. Je me jetai sur la salade avant qu'il ne l'engloutisse totalement. Il ne plaisantait pas quand il disait beaucoup manger.

J'insistai pour faire la vaisselle. Après tout, je n'allais pas me prélasser pendant deux jours et lui laisser faire toutes les corvées. De mauvaise grâce, il accepta de me « céder » l'évier et profita que j'ai les mains chargées... pour m'embêter. Je me concentrai sur les assiettes pour ne pas les casser pendant qu'il testait mon équilibre. Il glissa l'index sous la ceinture de mon short et me tira en arrière, je luttai pour conserver ma place en souriant. Loin d'abandonner, il remonta sa main vers mes côtes et je me mordis la lèvre pour ne pas rire. En me trémoussant, je tentai vainement de me débarrasser de lui.

- Stop ! éclatais-je de rire. Je rends les armes, ajoutais-je en levant mes mains pleines de mousse au dessus de ma tête.

D'un pas menaçant, il s'approcha progressivement de moi. Je reculai jusqu'à buter contre le meuble de cuisine.

- Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire de toi ? gronda-t-il la voix rauque.

Je me rendis compte que je retenais mon souffle quand des points noirs apparurent à la périphérie de mon œil. D'un geste si brusque que je ne le vis pas bouger, il me souleva de terre et me jeta sur son épaule en rigolant. Il se mit en marche et je me cramponnai à son T-shirt pour maintenir mon équilibre précaire.

Il descendit les marches du perron et se dirigea vers l'arrière du chalet. J'écarquillais les yeux et lui martelait le dos. Il n'osera quand même pas ! Son rire démoniaque mit ma confiance à l'épreuve. Dans un mouvement ample, il me jeta sur le tas de feuilles mortes. Je me réceptionnai comme je pus et lui lançai mon regard « tu vas regretter d'être vivant » ce qui le fait hurler de rire. Clairement, je devais retravailler mes jeux de regard. Face à sa bonne humeur, je ne pus garder mon sérieux et je rigolais à mon tour. Il m'offrit sa main et m'aida à me relever.

Un moment d'égarementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant