22 - Le mariage que tout Rome attendait

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De retour à Rome, les épousailles d'Aulus mirent toute la villa en ébullition. Préparant l'opération de longue date, sa mère souhaitait que tout soit parfait et que le mariage de son fils unique fasse date.

Les invitations avaient été lancées auprès d'une liste impressionnante de sénateurs et d'autres personnages de haut rang. Livia espérait bien profiter de cette occasion pour renforcer les appuis politique de son fils et de sa « gens ».

Aulus s'amusait des ambitions de sa mère. Il ne se sentait toujours pas prêt à se lancer dans une carrière politique qui ne lui vaudrait que de nouveaux ennuis.

Peu avant la cérémonie, il retrouva sa jeune fiancée dont il appréciait déjà l'esprit vif. Cette dernière avait laissé la Domina et sa propre mère s'occuper de tout donnant parfois timidement son avis sur tel ou tel sujet. Elle ne souhaitait pas entrer en conflit avec les deux femmes. D'ailleurs, elle était bien trop occupée à essayer d'attirer l'attention de son futur époux. Ainsi, elle offrit un jour à son jeune promis, un esclave splendide, en tout point semblable à celui qui avait mystérieusement disparu dans les contrées sauvages du nord. Cette apparition fit remonter de douloureux souvenirs dans l'esprit du jeune homme. Il réagit violemment face à la jeune fille qui n'y comprit rien.

« Mais Aulus, je... »

Voyant que sa réaction, inopportune pour un non initié, risquait de provoquer des questions auxquelles il aurait du mal de répondre, Aulus se confondit en excuses auprès de sa fiancée.

Cette dernière, sans chercher à en savoir plus, échangea l'esclave contre un jeune parthe qui sembla tout à fait ravir son futur mari.

« Tant d'attention, Gallia, je ne sais comment te remercier ? »

« En me faisant l'amour Aulus...Pourquoi attendre nos noces ?...Je brûle tant de désir pour toi...et puis cette encombrante virginité me pèse.»

Surpris par l'aplomb de la jeune fille, Aulus ne sut que répondre...Il n'avait pas prévu que le devoir conjugal tant redouté viendrait si tôt.

Appelant le nouveau serviteur de son beau fiancé, Gallia lui murmura des ordres à voix basse. Puis, se rapprochant d'Aulus, elle lui chuchota à l'oreille : « N'ai pas peur...N'ai pas peur.».

Ce dernier se laissant faire entre les mains de l'esclave et de sa jeune fiancée s'abandonna bien vite totalement aux nouveaux plaisirs qui s'offraient à lui.

Le lendemain, la jeune promise, satisfaite de l'issue de sa manœuvre se réveilla toute joyeuse entre les bras finement musclés du jeune homme. Triomphante, elle se leva d'un bond et appelant en silence les domestiques, se dirigea légèrement vêtue dans les appartements de sa futur belle mère. Cette dernière l'embrassa avec un grand sourire : « Ma chère fille, tu es merveilleuse... ». Nul ne doute que l'opération avait été mûrement préparée par les deux femmes qui ne souhaitaient pas avoir de surprise lors de la prochaine nuit de noce.

Aulus se réveilla peu après et chercha sa jeune fiancée. Il appela Baltus qui s'approcha de lui.

« Maître, elle est partie dans les appartements de la domina... » Lui souffla-t-il. Songeant à cette nouvelle preuve de l'habileté tactique de sa mère, Aulus sourit avant d'aller vaquer à ses occupations.

Le jour des noces arriva enfin. A l'issue de l'échange de la formule consacrée : « Où tu seras Gaius, je serais Gaia », une grande fête fut organisée. Elle fut à la hauteur des attentes des deux familles. La Domina s'afféra en tout sens en compagnie de la mère de Gallia.

Aulus vécut tout cela avec un certain détachement. Il lui semblait qu'il n'était qu'une marionnette dans une scène parfaitement orchestrée par des femmes de pouvoir. Seule la vision de son meilleur ami le sortit de sa torpeur : « Micianus, mon ami. ».

« Aulus Marius ...Mon frère... »

« Je te retrouve enfin, te portes-tu bien ? »

« Oui, plus que jamais et ce mariage me porte au comble du bonheur. Pouvais-je rêver d'une meilleure union pour ma petite sœur Gallia seconda... » déclara-t-il en fixant sa jeune sœur qui irradiait de joie dans sa robe pourpre brodée d'or.

« Mon oncle, le consul de Syrie te félicite chaleureusement. Et il te réitère son soutien...Il m'a aussi chargé d'un présent... ».

« Et toi mon cher Micianus, quand vas-tu convoler en juste noce ? Que dirais-tu d'épouser ma jeune sœur Mariana, comme cela nous serions encore plus frère ?»

« Mon ami, bien que cette union me comblerait totalement, je pense que ma mère vise hélas un poisson beaucoup plus gros : la sœur de ton divin cousin mais, chut ! »

« Vraiment ? Quel dommage, elle est horriblement laide et ignorante ! »

« Ce n'est pas qu'un tel mariage me ravit mais, je dois aussi penser à mon avenir. »

La transformation de son compagnon de jeux en un fin politique n'en finissait pas de surprendre Aulus. Il ne le reconnaissait plus. Le corps de son ami s'était un peu allourdi et les traits autrefois assez fins du visage étaient devenus plus marqués. L'esprit vif de son ami, auparavant utilisé pour proférer de bons mots et des propos futiles pour faire rire la galerie, était maintenant totalement au service de son ambition débordante.

La fête, grandiose, se poursuivit jusqu'au bout de la nuit.

Le lendemain, les jeunes mariés reçurent la visite des « clients » et relations d'affaire du Dominus qui défilèrent les uns après les autres pour les féliciter.

Le marchand d'esclave Gératus s'inclina devant les deux époux et fit un discours toujours aussi sirupeux pour leur souhaiter ses bons vœux de bonheur. Il était accompagné d'un jeune adolescent qu'il présenta comme son fils adoptif. Aulus, le reconnut aussitôt, c'était l'enfant dont il avait croisé le regard par le passé. Il avait maintenant endossé la toge virile. La beauté du jeune homme troubla Aulus. Il croisa le regard de son épouse qui n'avait rien manqué de son émoi et qui lui souffla pleine de malice : « Beau gosse, dommage qu'il ne soit pas à vendre.». Complices, les deux jeunes gens pouffèrent de rire comme deux gamins ce qui étonna les personnes présentes.

Le défilé des « clients » s'éternisa. Aulus commençait à s'ennuyer ferme, jusqu'au moment où une entrée sompteuse le sortit de sa torpeur. C'était le riche Batiatus.

« Avant de quitter Rome, jeune Marius, je souhaitais venir te saluer et te féliciter pour ton mariage. Voici un modeste cadeau en souvenir des échanges fructueux que nous avons eu ensemble. J'ai toujours regretté que cela ait pris fin si vite. Mais, j'espère que nous aurons bientôt l'occasion de les renouveller... ».

Devant le discours plein de sous-entendus du Syrien, Aulus se mit curieusement à rougir. Incommodé, il répondit poliment à son invitation et le remercia pour son sompteux cadeau.

L'homme se retira avec une révérence laissant Aulus songeur. Gallia le secoua « Eh, oh, Aulus, ne t'endors pas ! » ce qui fut suivi de nouveaux rires des jeunes épousés.

La cérémonie prit fin pour tous après plusieurs heures éprouvantes.

Le trône divin (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant