13 - Premières armes

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Aulus se rendit donc dans le camp où étaient stationnées ses troupes. Il fut accueilli par un sous-officier qui l'accompagna jusqu'à son campement. Là, l'attendait l'officier en second.

Négligemment adossé contre des engins militaires, un groupe de légionnaires à la mine patibulaire les observaient de loin. Ils se regardèrent avec un petit sourire lorsqu'ils aperçurent Yaël qui descendait du chariot.

La tente était repoussante de saleté. Sous les bredouillements confus de l'officier en second, Yaël se mit aussitôt au travail pour la rendre la plus habitable possible.

Pendant ce temps, installé sur un siège de fortune, Aulus interrogeait son subordonné sur les dernières nouvelles du camp et demandait des éclaircissements sur la fin de son prédécesseur. Les hésitations et les incohérences du légionnaire sur les circonstances du décès de l'officier étaient loin de le rassurer. Néanmoins, épuisé par cette journée harassante et les émotions associées, il ne quitta pas sa tente bien qu'il eut du mal à trouver le sommeil.

La mine défaite, il se leva avant l'aube et s'habilla seul. Il n'osa réveiller Yaël qui, fatigué par un si long voyage, dormait à poings fermés.

Il sortit de sa tente, bizarrement désertée par les deux gardes qui devaient règlementairement en barrer l'entrée. Il serra son épée et ramena sa cape sur ses épaules. Puis, il se dirigea vers un feu de camp où s'étaient rassemblé plusieurs hommes. Se relevant lentement d'un air de défi, les légionnaires le saluèrent distraitement.

« Pourquoi n'y a-t-il personne devant ma tente soldat ? » demanda-t-il au plus gradé.

Visiblement aviné, le légionnaire eut bien du mal à articuler une réponse.

« Où est le sous-officier de garde ? » ordonna-t-il. Les hommes firent signe en direction d'une tente d'où s'échappaient de petits rires visiblement féminins.

Aulus se dirigea vers l'endroit désigné et trouva le sous-officier occupé avec deux esclaves germaines. Repoussant aussitôt la toile après un soupir, il regagna son campement l'œil toujours aux aguets.

Pour sa première affectation, il avait été gâté. Il n'avait que peu de temps pour trouver une solution à cette impasse où l'avait volontairement envoyé Aétius. Nul doute que son impérial cousin avait lui-même supervisé toute cette mascarade. Cependant, en digne descendant des césars, il n'entendait pas être humilié de la sorte.

Plus tard dans la matinée, il rechercha dans le camp les visages familiers de ses anciens compagnons de voyage. Il tomba sur trois d'entre eux qui visiblement, tout comme lui, n'avaient pas du fermer l'œil de la nuit. « Cela va les gars ? » leur lança-t-il de la voix la plus enjouée possible.

« On peut parler vrai, Officier ? » lui demanda le plus âgé.

« Bien entendu, soldat ! »

« Je te le dis comme je le pense, on est tombé dans un sacré bordel ici et pourtant là d'où je viens, j'en ai vu d'autre... »

« Je suis bien d'accord avec toi, et j'ai bien l'intention de refaire de ce camp une vitrine de la civilisation romaine... »

« Y-a du boulot ! » grommela l'homme.

« Bon, venez déjà avec moi tous les trois. J'ai une affectation pour vous. »

Il accompagna les trois hommes près de sa tente et ordonna à deux d'entres eux de monter la garde pendant qu'il envoya le troisième porter un pli en urgence au centurion Vorénus et deux autres à l'état major. Il fit chercher l'officier en second qui lui apporta les livres de comptes du camp. Habitué à la lecture des chiffres, Aulus décela aussitôt les inexactitudes et les manipulations grossières qui confirmaient tout ce qu'il avait déjà constaté.

Le trône divin (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant